L'Allemagne vient de prononcer l'interdiction de la circoncision des enfants garçons. Les communautés juive et musulmane sont en alerte. Un jugement du tribunal de Cologne, en Allemagne, vient d'interdire la pratique de la circoncision et la considère comme une atteinte à l'intégrité physique des personnes. Si la communauté musulmane d'Allemagne a été discrète sur cette question, la communauté juive, elle, a réagi très énergiquement à cette interdiction. Ainsi, au nom de la Conférence des rabbins d'Europe, le rabbin de Moscou (Russie) a estimé que «cette interdiction mettrait en cause l'existence de la communauté juive en Europe» et ajoute que «c'est la plus grande attaque contre la vie juive depuis l'holocauste durant la deuxième guerre mondiale». Par ailleurs les rabbins d'Allemagne se sont rapprochés des imams musulmans pour initier une action contre cette nouvelle loi. Pour l'heure, le gouvernement d'Angela Merkel résiste et ne répond pas aux protestataires. Le hiatus dans l'argumentation des rabbins est qu'ils associent la circoncision, exclusivement, à un acte religieux faisant partie de la foi juive et musulmane. En clair, ils estiment que cette interdiction remet en cause la liberté religieuse et de croyance garantie par la Constitution allemande. Sachant que la circoncision est antérieure, et de loin, à l'apparition du judaïsme et de l'islam, les rabbins et imams qui se sont constitués partie civile contre ce jugement, risquent de mal plaider leur cause devant le tribunal qui verrait une réaction, strictement, communautaire. Par ailleurs, il faut rappeler qu'un grand nombre de chrétiens pratiquent la circoncision. L'aspect sanitaire n'est pas dans l'argumentaire des plaignants, alors que la médecine estime que la circoncision évite un grand nombre de maladies vénériennes (le prépuce étant reconnu comme un possible foyer d'infection). Face à cette levée de boucliers des rabbins et imams, les hôpitaux où la circoncision est, largement, pratiquée sont dans l'expectative. Le gouvernement allemand est, lui, coincé, entre la pression des communautés juive et musulmane et ses propres législateurs qui estiment l'acte de circoncire comme une « agression physique » sur l'enfant. D'ailleurs, le rabbin de Dortmund, Avichai Appel, a déclaré qu'une rencontre est programmée la semaine prochaine à Stuttgart et qui réunirait la Conférence épiscopale catholique, l'Organisation islamique turque (DITIB) et le Conseil central des musulmans d'Allemagne. Cet affrontement entre les communautés religieuses et l'Etat laïque est du pain béni pour les partis politiques racistes et néonazis. Rappelons que durant les années 30 et jusqu'à la fin de la Deuxième Guerre mondiale, l'identification des juifs d'Allemagne se faisait, en cas de doute, par la circoncision.