Le wali d'Oran a mis l'accent sur deux constats «déplorables» : le nombre trop élevé des marchés publics déclarés infructueux et l'absence de suivi après réception de l'équipement. Après une trêve d'un peu plus d'une semaine pour des raisons d'agenda en rapport avec une mission du chef de l'exécutif à la capitale, le cycle des briefings quotidiens a repris mardi. La réunion d'avant-hier a été marquée par des mises au point, qui ont tourné au réquisitoire contre certains membres du staff de l'exécutif, certaines réponses «inopportunes» ayant mis Boudiaf Abdelmalek hors de lui. «C'est inimaginable et intolérable le nombre de marchés infructueux. Ceci est devenu la marque déposée d'Oran. C'est trop facile de dire ça y est, on a lancé l'étude''. Nous savons tous ce qu'il en est de nos études. On fait le plus souvent dans l'adaptation, le copier/coller. Il y a peu ou jamais de recherche, de créativité Dorénavant, il faut limiter les bureaux d'études par un délai fixe, par un intervalle temporel de A à B. Fini les études qui prennent une éternité ! Il faut mettre des garde-fous pour une étude adéquate et bien définie dans le temps», insistera le wali, en tapant des coups de poing sur le pupitre. Il faut noter que la réalisation des projets d'utilité publique dans la wilaya d'Oran est confrontée à un magma de contraintes, dont la plupart sont plus le résultat d'une gestion malhabile que le fait de vrais problèmes. Et aucun secteur ne fait exception à cette triste réalité. Nombre de projets traînent en raison de l'incident récurent de l'infructuosité, qui n'est pas toujours forcément involontaire. Souvent, il y a la préméditation à de sombres desseins derrière, a révélé le chef de l'exécutif à demi-mot. Le mode d'attribution des marchés n'est pas non plus toujours sain. Force est de constater, qu'à l'échelle locale comme nationale, le phénomène d'infructuosité frappe beaucoup plus le secteur du bâtiment, des travaux publics et de l'hydraulique (BTPH). Du point de vue réglementaire, le code des marchés publics exige, comme condition primordiale, qu'un marché public ne puisse être attribué que lorsqu'il recueille deux soumissions au minimum. Dans une grande partie des cas, un seul soumissionnaire manifeste son intérêt et son offre est souvent en deçà du seuil requis. Dans ce cas, l'appel d'offres est automatiquement déclaré infructueux. De multiples raisons, toutefois, sont à l'origine du non-aboutissement des appels d'offres. D'autre part, il y a également le fait que de nombreuses offres soient éliminées eu égard aux délais de réalisation assez prolongés que les entreprises proposent, et d'autres entreprises s'abstiennent tout simplement de soumissionner sachant que les moyens dont elles disposent ne leur permettent pas de finaliser dans les délais arrêtés. L'instabilité des prix des matériaux de construction, elle aussi, contribue largement à l'échec des appels d'offres concernant la réalisation d'équipements publics et les projets du bâtiment. Ce qui pousse fréquemment les maîtres d'ouvrages à procéder à la révision des évaluations réalisées initialement. «Il faut que les maîtres de l'ouvrage s'approprient leurs projets. Il est inconcevable que le projet, une fois livré, soit livré à lui-même. Où sont le suivi, la prise en charge postérieure ? Dès que l'équipement est réceptionné, c'est le début de la dégradation. Nous avons remarqué que des projets qui ont coûté des milliards de l'argent de l'Etat, ou plutôt du peuple, se sont dégradés dans l'année qui a suivi leur inauguration», a regretté le wali sur un ton coléreux.