La position algérienne privilégiant le règlement politique de la crise malienne par la voie du dialogue entre toutes les parties concernées a reçu le soutien du président mauritanien Mohamed Ould Abdelaziz qui a estimé que l'intervention militaire à laquelle la France et la CEDEAO poussent ne peut qu'«ajouter de l'huile au brasier sahélien». Il a exclu en conséquence la participation de son pays à une opération de cette sorte. Plus inattendu encore a été le ralliement du souverain marocain Mohamed VI à la thèse algérienne qui a fait savoir lui aussi qu'il considère «qu'une attaque militaire au nord du Mali aggravera encore plus la crise». Les partisans de l'intervention militaire n'y renoncent pas néanmoins et font le forcing pour qu'elle soit décidée. A la manœuvre à la tête du camp des interventionnistes l'on retrouve la France et la Côte d'Ivoire dont le président Ouattara s'est totalement aligné sur la position de Paris et la démarche avec insistance auprès de ses pairs africains. La réunion à Niamey au Niger des «pays du champ» a confirmé la persistance des divergences d'approche sur la question malienne et que les interventionnistes sont décidés à passer outre les objections et mises en garde dont a fait l'objet leur projet. Ils y sont encouragés par le soutien que la France leur apporte et sa promesse de fournir à leur intervention la logistique multiforme nécessaire. Internationalement Paris s'agite beaucoup pour rallier d'autres puissances extra-africaines à l'option de l'intervention militaire qu'elle présente comme étant «inéluctable» et «inévitable» pour «assurer la stabilité du Mali et étendre la souveraineté du gouvernement au nord du pays». François Hollande et son ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius poussent donc à la roue en faveur de l'intervention militaire au Mali. Alors même que le principe de celle-ci ne fait pas unanimité entre les Etats concernés de la région et que nombreux sont les observateurs étrangers connaisseurs de la réalité sahélienne et avisés des tenants de la crise malienne qui avertissent sur les conséquences désastreuses qui peuvent découler d'une telle initiative. Ceux qui suivent la crise malienne pour le compte de l'ONG «International Crisis Group (ICG)» installée à Bruxelles préviennent que l'intervention projetée à l'instigation de la France ferait du Mali «un nouveau front de la guerre contre la terreur aux dépens des revendications politiques exprimées depuis des décennies au Nord et au risque de rendre illusoire toute possibilité de nouvelle cohabitation pacifique des différentes communautés de ces régions». L'Algérie n'avance pas autre chose pour justifier son refus de cautionner ou de participer à l'aventure militaire au Nord-Mali que ce que contre quoi ICG met en garde l'opinion et la communauté internationales. Il est à espérer que François Hollande n'en est pas à vouloir sa «guerre» comme s'est acharné à avoir la sienne en Libye son prédécesseur Nicolas Sarkozy. De ce qu'il décidera, l'on saura si la Françafrique, cette conception néocoloniale du rapport de Paris au continent africain, a cessé d'être ou si elle perdure sous le vernis des déclarations de bonnes intentions que François Hollande a exprimées en direction des Africains pendant sa campagne électorale.