L'ancien chef de la diplomatie algérienne et ex-envoyé spécial de l'ONU, dans de nombreux conflits à travers le monde, M. Lakhdar Brahimi, serait fortement pressenti pour reprendre le travail effectué par Kofi Annan, pour le règlement de la crise syrienne. Moins d'une semaine après la démission de Annan, chargé par le SG de l'ONU Ban Ki-Moon et la Ligue arabe, de trouver une solution politique à la crise syrienne qui s'est militarisée, le nom de Lakhdar Brahmi est, une nouvelle fois, évoqué pour reprendre son bâton de pèlerin et aller négocier une si difficile paix au pays du Cham. Selon des diplomates, c'est M. Ban Ki-Moon, lui-même, qui aurait suggéré le nom de l'ex-chef de la diplomatie algérienne pour succéder à M. Annan, et poursuivre les efforts de l'ONU, afin de trouver une solution négociée au dossier syrien. «C'est le choix du secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, et sa nomination sera annoncée s'il ne décide pas à renoncer» entre temps à ce poste, a indiqué un diplomate à l'ONU. M. Annan, qui avait été nommé en février, quitte officiellement son poste à la fin août. A New York où il réside actuellement, Lakhdar Brahimi, a appelé hier le Conseil de sécurité des Nations unies à s'unir. «Le Conseil de sécurité de l'ONU et les Etats de la région doivent s'unir pour permettre une transition politique dès que possible», a t-il souligné dans un communiqué commun du groupe des «Elders» (anciens), qui réunit des personnalités oeuvrant au règlement des conflits dans le monde. «Des millions de Syriens réclament la paix à grands cris. Les grandes puissances ne peuvent plus rester divisées et ignorer ainsi cette demande pressante», a-t-il ajouté. «Les Syriens doivent s'unir, en tant que nation, pour trouver une solution. C'est la seule manière de garantir que tous les Syriens pourront vivre ensemble en paix, dans une société fondée non pas sur la peur des représailles mais sur la tolérance», écrit encore M. Brahimi, dans cette tribune des «Elders». Le diplomate algérien, qui a pris sa retraite officielle en 2005, fait partie du groupe des «Elders», qui réunit des personnalités oeuvrant au règlement des conflits dans le monde, tout comme l'ancien président américain Jimmy Carter, l'archevêque Desmond Tutu ou l'ancien président finlandais et Nobel de la paix Martti Ahtisaari. Il devrait, selon toute vraisemblance, être annoncé comme médiateur international, dans le conflit syrien, dans les tout prochains jours. M. Brahmi s'est particulièrement illustré dans la crise libanaise où il a facilité la réconciliation entre les différentes factions libanaises, puis dans différentes crises internationales comme envoyé personnel du SG de l'ONU. La probable arrivée de Lakhdar Brahimi dans le dossier syrien pourrait, d'autre part, s'accompagner d'une révision du plan de paix de Kofi Annan. Selon un diplomate à New York, l'ONU et le Conseil pourraient être amenés à réviser le plan de paix en six points de Kofi Annan. »Pour le moment c'est tout ce que nous avons, a-t-il dit, mais cela ne veut pas dire qu'il ne puisse pas être réexaminé. Il y a des éléments qui sont, désormais superflus, il pourrait y avoir une nouvelle version avec une nouvelle appellation». Toujours sur le front 'diplomatique'', les participants à une conférence à Téhéran qui a regroupé les représentants de 13 pays proches de la Syrie, ont appelé à l'ouverture d'un «dialogue national» entre l'opposition et le gouvernement syrien. COMBATS VIOLENTS A ALEP Sur le Front, les combats restent particulièrement violents à Alep où l'armée syrienne utilise désormais son aviation pour bombarder les positions urbaines de l'opposition. Les combats sont particulièrement intenses à Salaheddine que les troupes armées du régime n'ont pas totalement libéré, même si l'opposition a commencé à l'évacuer. La rébellion a affirmé hier vendredi s'être réorganisée pour tenter de reprendre ce quartier emblématique à Alep mais l'armée resserrait son étau en bombardant d'autres quartiers insurgés. «Nous continuons à nous battre dans des secteurs de Salaheddine car nous n'abandonnerons pas ce quartier», a dit Houssam Abou Mohammad, commandant de la brigade Dera Ashahba de l'Armée syrienne libre. Dans le même temps, l'armée pilonnait Salaheddine et plusieurs autres quartiers rebelles, dont Sahour et Hanano, a indiqué l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). Et, comme tous les vendredis depuis le début de la révolte, en mars 2011, l'opposition a appelé à des manifestations à la sortie des mosquées après la prière du vendredi. Plusieurs personnes, dont un étudiant, ont été tuées par balles lors de ces manifestations à Alep. Le mot d'ordre adopté vendredi lors de ces manifestations était: «Donnez-nous des armes anti-aériennes», pour faire face à la puissance des bombardements aériens des forces gouvernementales. Un appel à moitié entendu par la Grande-Bretagne qui a annoncé, hier, une aide de 6,3 millions d'euros à la rébellion sous forme de matériels de communication et de défense. Cette aide a été décidée directement par le patron du Foreign Office, qui s'est dit en contact permanent avec l'opposition, mais a démenti l'envoi d'armes à cette dernière.