Si l'auteur de l'étranger a eu le malheur de mourir avant le 11 décembre 1960, cela ne doit pas nous faire oublier qu'il est né en Algérie, que la majorité de ses écrits parlent de son pays natal. Qu'est ce qui fait de lui un français, comme le prétendent ces intellectuels qui ne se posent pas les questions élémentaires d'identité, comme : où est-il né ? Quelle est sa première adresse, quelle est sa deuxième adresse... Nous savons que ce n'est pas le fait d'écrire en français.Est-ce le fait de n'avoir pas épousé les thèses du F.L.N ou celle de ne pas répondre aux conditions du code de la nationalité. Encore une ambiguïté entretenue, entre le FLN d'avant 62 et le FLN d'après. Le changement dans le code de la nationalité devrait nous inviter à revendiquer la nationalité algérienne d'Albert Camus à titre posthume, au lieu de s'inquiéter d'un lance boulet qu'aucun rempart n'est prêt à accueillir. La mort accidentelle de l'écrivain, cette mort prématurée ne lui a pas permis de vivre décembre, il est mort en janvier. Le fait d'être mort avant décembre 60, de n'avoir pas vécu cette manif qui a prouvé au monde et particulièrement au G.P.R.A (je rappelle que c'est le président du gouvernement provisoire qui a exigé l'arrêt des manif.) et à la France coloniale que les novembristes ont passé le flambeau, et que ce n'est aucune autre autorité que celle du peuple qui s'est manifestée ces jours de décembre. En tant qu'intellectuel, il ne pouvait que désapprouver toute autorité y compris celle du F.L.N mais il ne pouvait désavouer tout le peuple de décembre. Pour ceux qui dénaturent l'histoire en nommant notre guerre de libération «guerre d'Algérie» Camus est un étranger. Il est plus juste de dire que c'est un algérien qui n'était pas un révolutionnaire et beaucoup d'algériens ne l'étaient pas. Il était loin d'être un harki et même les harkis restent algériens. Il y a une confusion entre ceux qui veulent le dénaturaliser et ceux qui lui reprochent à juste titre (historiquement parlant) son attitude ambiguë envers la révolution. On ne sortira pas du faux débat sur Camus que certains «nostalgérie» utilisent contre la juste décision des Novembristes pour refaire l'histoire. Je rappelle que le premier à avoir suggéré la désalgérianisation de Camus a été Taleb Ibrahimi, en 1967 à la Salle des Actes c'est pour dire que l'islamisme ravageur a des racines qui ne trompent pas.