Les municipales du 29 novembre prochain sont particulières à plus d'un titre : elles se dérouleront sous le nouveau régime électoral du nouveau code communal et auront pour protagonistes un nombre impression de partis en lice. 46 formations politiques ont participé aux législatives du 10 mai dernier. En comptant celles qui n'observeront pas comme il y a six mois le boycott, elles seront près d'une soixantaine à se lancer pour les municipales du 29 novembre. Leur nombre impressionnant n'est pas sans rappeler celui, moindre (une quarantaine), qui caractérisait la carte électorale au lendemain de l'ouverture démocratique post-octobre 1988 et du début du pluralisme partisan après la Constitution de février 1989. Il s'explique cette fois par la mise à jour opérée par les services du ministère de l'Intérieur d'agréer toutes celles en création et en attente d'autorisation de militer légalement et librement. Depuis le 16 août dernier, sept nouveaux partis politiques «dont les dossiers remplissent les conditions légales» ont été autorisés à tenir leurs congrès constitutifs, a indiqué le ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales. Pour la plupart, il s'agit pour l'instant de sigles auxquels s'identifient des chefs dont l'audience ne dépasse pas le cercle restreint de leurs militants. Leurs congrès constitutifs ainsi que leur façon d'entrer en campagne, pour les mieux structurés et les mieux préparés d'entre eux, seront pour cette raison certainement suivis autant que les mots d'ordre et les slogans par lesquels ils iront à la rencontre des électeurs. En attendant que d'autres groupes partisans fassent leur apparition - le département de Daho Ould Kablia a indiqué que de nouveaux dossiers d'agrément sont à l'étude -, la principale attraction parmi ces nouveaux venus au champ politique et électoral national est sans aucun doute celle incarnée par la formation du dissident du MSP et ex-ministre des Travaux publics. Amar Ghoul, outre le fait qu'il se targue d'être porteur d'un nouveau discours et d'une nouvelle conception de faire de la politique en Algérie, exprime l'ambition de ratisser large et sans distinction de clivages politiques et idéologiques. Son action la plus récente a été de déclarer que les portes de son parti, le Tajmou' Amel Jazair (TAJ), sont ouvertes aux dissidents des autres partis dont ceux du FFS, du RND, d'El Islah et du Front national algérien (FNA). Pour quel objectif ? M. Ghoul, dont la culture politique est à démontrer mais qui se voit déjà dans le manteau turc d'un Tayyip Recep Erdogan, ne jure que par «le bien collectif», la «démocratie dans les valeurs du pays et de la société » et par un œcuménisme dont le moins qu'on puisse dire est qu'il dérouterait toutes les théories politiques qu'on enseigne dans les universités. En attendant que ses rêves de rassembleur se réalisent, M. Ghoul est suivi aujourd'hui par d'anciens militants du MSP qui se sont sentis exclus sous la direction de M. Soltani, le leader du parti hérité de Mahfoud Nahnah dont il convient aujourd'hui d'évaluer l'héritage qu'il a laissé à ses disciples. Il est surtout admiré par des groupes qui ne se recrutent pas uniquement dans les rangs des islamistes bon teint mais aussi dans tous ceux qui, fascinés par le parcours fulgurant de cet enfant d'Aïn Defla, rêvent d'une ascension sociale aussi riche que rapide. Quel score va-t-il réaliser ? Voilà une question à laquelle il est bien difficile de répondre dans un paysage politique où ce sont les partis déjà bien ancrés, même s'ils souffrent du syndrome de dissidence, ont plus de chance dans les élections de proximité comme celles des locales.