En dépit des efforts de la communauté internationale, et plus particulièrement de l'ONU et la Ligue arabe qui ont désigné un second médiateur pour résoudre politiquement la crise syrienne, les pays occidentaux persistent à chahuter et empêcher la fin des violences dans ce pays où plus de 27.000 Syriens sont morts. La déclaration, mardi, de l'ambassadeur français en Syrie sur le fait que la France envisage de soutenir militairement l'opposition syrienne jette une ombre sur la volonté cachée de Paris de saper les efforts du SG de l'ONU et son médiateur pour la Syrie de redonner une chance à la paix et arrêter l'effusion de sang dans ce pays. L'ambassadeur de France en Syrie, Eric Chevallier, avait en effet indiqué que "nous travaillons avec l'opposition pour les aider à se structurer, et j'ai instruction du président de la République pour parler avec l'ensemble des composantes de l'opposition, y compris, et nous sommes le premier pays à le faire de façon aussi structurée, avec les groupes armés". Mieux, il a assuré que sur la fourniture d'armes à la rébellion que c'était "un sujet qui est traité très sérieusement". "C'est un sujet que nous regardons et que nous discutons très étroitement" mais "c'est une décision très compliquée à prendre", a-t-il dit. Ces déclarations interviennent après la fin de la tournée de M. Lakhdar Brahmi dans les pays de la région, notamment à Damas où il s'était entretenu avec le président Bachar Al-Assad et des membres de l'opposition armée. Au Caire, le médiateur de l'ONU et de la Ligue arabe avait également rencontré le SG de la Ligue et discuté avec les ambassadeurs du groupe de contact (Turquie, Egypte, Iran et Arabie Saoudite). Les propos de l'ambassadeur français confirment les accusations de la Russie sur le fait que la déclaration de Genève a été sabordée par les pays occidentaux, soucieux, selon Moscou, seulement du départ de Bachar du pouvoir et non pas la mise en place d'un plan politique global pour l'après-Assad. Lakhdar Brahimi, qui a par ailleurs visité les camps de réfugiés syriens en Jordanie et en Turquie, rencontrera lundi prochain les ambassadeurs des 15 pays membres du Conseil de sécurité de l'ONU pour rendre compte de ses entretiens à Damas. "Nous nous sommes mis d'accord pour le rencontrer le 24 au matin et nous aurons des consultations informelles avec lui", a déclaré à la presse l'ambassadeur allemand à l'ONU, M.Wittig, dont le pays préside le Conseil en septembre. En Syrie, le président Bachar Al-Assad, qui a rencontré hier à Damas le chef de la diplomatie iranienne Ali Akbar Salehi, a affirmé que son pays était visé par une guerre contre "l'axe de résistance" anti-israélien. "La bataille qui se déroule actuellement ne vise pas seulement la Syrie mais tout l'axe de résistance" anti-israélien, a affirmé M. Assad. De son côté, le ministre iranien, qui a rencontré également son homologue syrien Walid Mouallem, a souligné que l'objectif de sa visite était de "consulter" les dirigeants syriens sur la crise, avant de préciser que son règlement se ferait "uniquement à l'intérieur de la famille syrienne avec la participation et la coordination de toutes les institutions internationales et régionales". M. Salehi, abordant la réunion du groupe de contact du Caire, a indiqué que son pays avait proposé l'envoi en Syrie d'observateurs des quatre pays pour tenter d'aider à mettre fin aux violences malgré l'échec de missions similaires sous l'égide de la Ligue arabe, cet hiver, puis de l'ONU. Il avait également "appelé à un arrêt simultané des violences par les parties en présence, à un règlement pacifique sans intervention étrangère et à un arrêt de l'aide financière et militaire à l'opposition syrienne". Pour autant, le Conseil national syrien (CNS), principale coalition de l'opposition, a exprimé, mercredi, ses "réserves" sur la participation de l'Iran au "groupe de contact" quadripartite sur la Syrie. Le chef du CNS, Abdel Basset Sayda, a indiqué avoir "exprimé ses réserves sur la participation de l'Iran au groupe de contact" au chef de la diplomatie qatarie, Hamad Ben Jassem Al Thani, qu'il a rencontré mardi à Doha. De son côté, le SG de la Ligue arabe Nabil Al-Arabi a déclaré, hier, comprendre la préoccupation de Moscou pour l'avenir de la Syrie, mais a relevé des contradictions dans cette position. 'Je respecte la position de la Russie sur la crise syrienne, et je dirais qu'elle a deux préoccupations quant à l'évolution ultérieure de la situation en Syrie'', a-t-il répondu à une question d'un journaliste russe lors d'une conférence de presse au Caire. 'La Russie estime que seul le peuple syrien peut décider d'un changement de régime dans son pays. Mais le peuple syrien a déjà dit son mot, et les Syriens souhaitent des changements'', a affirmé le secrétaire général. Pour M. Al-Arabi, une telle approche de la Russie "renferme certaines contradictions". Par ailleurs, les affrontements continuaient dans les principales villes, devenues de véritables champs de bataille, alors que la situation humanitaire s'est dangereusement dégradée, avec la rareté des denrées alimentaires, des milliers de déplacés et des centres de santé sans médicaments et qui n'arrivent plus à soigner les blessés.