Plaidant pour une stratégie claire de mise en place d'un tissu- de sous-traitants au profit des grands groupes industriels, le président du Conseil national consultatif de la PME, Zaïm Bensaci, a révélé, hier sur les ondes de la radio algérienne, que la sous-traitance des services permettait aux entreprises étrangères d'engranger quelque 14 milliards de dollars : «Les bureaux d'études étrangers se font un argent fou. Il y a 14 milliards de dollars qui partent dans le cadre des services. Pourquoi ne pas mettre en place des bureaux d'études algériens qui sous-traiteraient ou s'associeraient avec les grands groupes ?», s'est-il emporté en regrettant l'énorme retard accusé par le manque de vision des pouvoirs publics et leur discrimination entre secteurs public et privé: «Alors que les entreprises publiques bénéficiaient de rééchelonnements multiples, le privé a été laissé en marge et devait lutter contre un environnement hostile.» Résultat de cette myopie politique: outre les préjudices cités plus haut, seules 300 entreprises, toute en mécanique et travaillant avec la SNVI, constituent aujourd'hui le tissu de sous-traitants en Algérie : «Il faut aujourd'hui définir une stratégie et arrêter des objectifs pour consolider le petit réseau de sous-traitants existant et investir d'autres segments», a indiqué Zaïm Bensaci. L'invité de la chaîne trois a indiqué qu'en ce domaine, Sonatrach et Sonelgaz sont les seules à avoir quelque peu avancé puisqu'elles ont déjà mis en place une cellule pour définir les pièces à sous-traiter : «Il reste à se réunir avec tous les acteurs concernés pour s'entendre sur les montants et les pièces.» Interrogé sur la création, annoncée par le Gouvernement, de deux millions de PME/PMI à l'horizon 2015, Zaïm Bensaci a estimé que cela était faisable à condition de mettre en place une véritable stratégie et de sortir du flou qui continue d'entourer le secteur économique, notamment en faisant appel aux jeunes universitaires porteurs de projets. Sur le processus de mise à niveau des entreprises, le président du CNC de la PME a encore une fois exprimé son scepticisme et appelé à sa révision : «On aurait pu faire mieux en termes de qualité parce qu'il ne s'agit pas du nombre d'entreprises mises à niveau mais de leur qualité.» Zaïm Bensaci a également rejoint Réda Hamiani, du FCE, sur le poids de la bureaucratie et la difficulté de mettre en œuvre sur le terrain les décisions politiques : «Des mesures louables sont prises mais dès qu'il s'agit de leur application, elles deviennent presque obsolètes.»