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La faillite de l'équipe algérienne
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 31 - 01 - 2013

L'élimination de notre équipe nationale au premier tour de la CAN -2013, ceci amène à poser la question : Peut-on parler de la faillite du football algérien ou de l'échec du professionnalisme en Algérie ? Cette question mérite d'être posée, pourquoi ? Parce que cette élimination amère s'avère un coup dur pour le football algérien, alors que d'importants moyens ont été mobilisés par l'Etat, à pouvoir faire l'évènement dans cette CAN-2013 , notamment au point d'espérer une qualification au moins aux demi-finales.
Ceci appelle évidemment à un renouveau de la réflexion critique constructive qui revêt un caractère capital pour l'avenir du développement de notre football national .Et c'est là que s'inscrit notre modeste contribution que nous considérons un cri du cœur tant elle se veut aborder un sujet hautement sensible notamment, le football qui est le cœur de la vie de la société et aussi le centre nerveux de la jeunesse, un support clé de civilisation et de progrès. Mais force est de constater aujourd'hui, la pratique du football professionnel n'a pu être appréhendée dans son vrai contexte notamment sans avoir donné lieu à une assise d'une vraie réforme, c'est la raison primordiale qui permet d'expliciter l'échec du professionnalisme en Algérie et par voie de conséquence la faillite du football algérien. Et par conséquent l'ensemble des clubs sportifs professionnels se trouve aujourd'hui au cœur d'une brûlante crise multiforme et pose, trois problématiques importantes et complexes. En tout premier lieu, son application qui est restée jusque-là dans la forme et confuse dans le modèle dit sport amateur dont notamment l'esprit et la culture du bénévolat persistant. En second lieu, le financement des clubs sportifs professionnels qui est au centre de cette crise agitant fortement et mis ces derniers dans une instabilité chronique face à une gestion incohérente avec pour résultat les dérives du laisser- faire et la violence dans nos stades. Alors que leurs ressources financières s'avèrent importantes et provenant principalement des collectivités locales, sponsors, des transferts de joueurs, droits de retransmission TV, spectacle, publicité et divers apports qu'ils reçoivent de l'Etat, de la FAF, des bailleurs de fonds... A pouvoir faire beaucoup de choses pour réussir le professionnalisme en Algérie et assurer leur autofinancement, leur indépendance financière et par voie de conséquence à mieux encore ancrer leur développement professionnel et produire de grands joueurs à notre équipe nationale. En troisième lieu, leur rôle est moins ouvert et moins intégré comme étant à la fois acteurs sportifs et chefs d'entreprise privilégiant les marchés de l'économie et de la finance. Mais en réalité, tout porte à croire aujourd'hui que, l'on s'éloigne des objectifs du professionnalisme notamment lorsque l'on évoque les problèmes des clubs sportifs professionnels on privilégie des aides et subventions, un mode de financement devenu l'une des solutions par excellence sans approches de développement qui reposent sur les conditions et les critères du professionnalisme. C'est dire nos clubs assurent juste un championnat notamment football et fric, malgré ce mode en question est demeuré inefficace et n'a pas réussi à développer la professionnalisation des clubs, ni à générer de la croissance dans l'économie des clubs, plus important encore peu de joueurs locaux ont pu émerger en équipe nationale et enfin, la majorité des joueurs ne répondent pas aux critères de la performance. Il est aujourd'hui fondamental d'œuvrer à imposer des règles de saine gestion, car l'aspect relatif à la gestion et à l'usage de l'argent public destiné à ces derniers impose leur rentabilité, leur contrôle rigoureux et la publication des comptes sociaux (bilan et compte de résultat) dans deux journaux au moins à grand tirage pour une gestion saine des finances et une bonne économie du sport qui s'avère incontournable dans le processus des réformes économiques de notre pays.
Car la construction d'un pays développé s'apparente sur l'émergence de l'économie, des sciences et des valeurs humaines qui feront sans doute le génie de notre développement sportif nécessaire et indispensable.
Rappelons dans ce contexte, très peu de clubs professionnels ont pu émerger en conformité du nouveau contexte juridico économique et sportif qui relèvent désormais du droit privé (code du commerce et code civil). Ils sont considérés comme étant des sociétés commerciales ayant la personnalité juridique du statut de personnalité morale soumises aux dispositions du code de commerce et se fondent sur la séparation entre le droit de propriété- droit de gestion (management)- droit d'administration (conseil d'administration) - droit de contrôle légal(commissariat aux comptes).Par conséquent, ils deviennent un sujet commercial, fiscal, parafiscal et financièrement autonomes. Alors que, Jusqu'à aujourd'hui, les clubs sportifs professionnels restent dans la bataille du championnat notamment, continuent à fonctionner selon l'ancien modèle dit sport amateur conçu à la charge et aux seuls moyens de l'Etat. Cela aux dépens des objectifs du professionnalisme qui est une question par laquelle évolue le développement du football au niveau international, voire des activités économiques et commerciales garantissant la pérennité et la viabilité financière des clubs sportifs professionnels. Effectivement, le professionnalisme est un acte d'investissement et un instrument pour fructifier les finances pour donner l'assise d'ouverture économique afin de rendre nos clubs sportifs performants et rentables. Alors sont-ils vraiment prêts pour la relance du professionnalisme près cette amère élimination sans avoir marqué au moins un but ?
En effet quand on parle professionnalisme on doit nécessairement faire référence aux grandes nations du football, à l'économie et au droit des sociétés, ce qui n'est malheureusement pas le cas dans le fonctionnement actuel de nos clubs. Alors que l'argent du sport n'est pas encore orienté ou utilisé dans un esprit d'entreprise, voire avec une culture économique .Là il faut le dire, le financement ne peut continuer à être perçu ou assimilé à une fonction de caisse afin de ne pas entraver les fondements du professionnalisme. Sinon, c'est comme arroser du sable. Il y a généralement six grandes sources de financement d'exploitation et d'investissement qui s'offrent à nos clubs dans ce nouveau contexte afin de développer un climat des affaires et une assise de commercialité dans le processus de leur professionnalisation.
1 /Ouverture du capital social aux collectivités locales, investisseurs, actionnariat populaire…
2/ S'ouvrir aux banques commerciales pour l'accès aux crédits d'exploitation, crédits leasing…
3/ S'ouvrir à la bourse des valeurs (emprunts obligataires, cession de titres.)
4/ Concrétiser des prises de participations croisées entre les clubs riches et moins riches
5/ S'ouvrir au monde de l'entreprise pour concrétiser des partenariats d'affaires, contrats de publicité.
6/ Etablir des rapports avec les acteurs économiques en organisant des rendez vous économiques (partenariat, investissement, OPA…)
Et c'est donc bien là, que la problématique de l'acte de diriger, gérer et de contrôler qui pose un sérieux problème pour l'insertion et la professionnalisation des clubs sportifs. Faute d'hommes à valeur grand H (énergie, intelligence, compétence managériale, intégrité et forte personnalité). Le professionnalisme ne vaudra que par ces derniers remplissant ces critères d'excellence. Sachant que d'importants moyens logistiques et d'infrastructures qui ont été mis à la disposition de nos clubs sportifs sont demeurés non rentabilisés. Tous ces apports financiers et physiques n'ont pas pu espérer pour autant produire de grands joueurs au moment où notre équipe nationale est composée dans sa majorité de joueurs évoluant à l'étranger. Nous rappellent le souvenir du bon vieux temps et la grande époque des années 1960/1970/1980notamment une très belle page de l'histoire du football national riche en performance à l'exemple: de l'équipe FLN, des clubs locaux à l'instar MCA- CRB- USMA- NAHD -, JSK ESS-MCO- ASMO- JSMT-MCS-ASO- USMBA- MOC. où ils avaient marqué de leur empreinte la formation à travers leurs propres écoles et la production de grands joueurs dans l'histoire de l'équipe FLN et l'équipe nationale entres autres: LALMAS- ABROUK- KALEM- NASSOU TAHAR- HADFI- AMIROUCHE- ASSAD- SERIDI- ATOUI- FREHA- BELOUMI ZENIR SALHI-FEDLAOUI ZAIRI-FEKNOUS- BELKAIM- MADJER-BETROUNI-BOUBEKEUR- MEKHLOUFI- AMARA-ZOUBA- KERMALI- les frères SOUKHANE- MAOUCHE BENTIFOUR- KERMALI-ZITOUNI-SAHLI-MEKIOUI-OUDJANI-ARAB-KOUICI et la liste est longue. Ces clubs ont constitué un véritable pôle d'excellence de l'équipe nationale où elle s'est qualifiée deux fois consécutives à la coupe du monde et remportée une fois la coupe d'Afrique, la médaille d'or aux jeux méditerranéens et plusieurs fois qualifiée à la phase finale avec peu de moyens et d'avantages pécuniaires ou autres comparativement à aujourd'hui.
En effet, de nos jours qu'il y ait des résultats ou pas on essaye pour chaque saison sportive d'obtenir davantage d'argent, d'appartements, de voitures luxueuses, prises en charge (voyages, soins spécialisés…) cadeaux de valeurs etc. Alors qu'autrefois tous les grands joueurs et athlètes de performance pensaient seulement à l'intérêt du sport, aux couleurs du club, la ville, et enfin, à l'intérêt suprême du pays au sens large du terme.
QUELLE SITUATION TIRONS-NOUS AUJOURD'HUI ?
Premier constat : les clubs sportifs professionnels, n'ont pas pu mener un travail en profondeur, notamment ils se sont mis à l'heure du professionnalisme sans s'y être d'abord outillés en management et plus particulièrement en méthodes de gestion, de contrôle interne et de consulting. Deuxième constat : L'évolution des trois années d'application du professionnalisme a mis les clubs en situation d'instabilité et de crise financière chronique face une gestion incohérente. Troisième constat : ils ne sont toujours pas assainis totalement au plan patrimoine et comptable, et structurés en sociétés commerciales en vue de saisir la dynamique nouvelle juridico économique entièrement tournée vers une économie d'entreprise qui implique l'initiative entrepreneuriale pour pérenniser et rendre rentable nos clubs sportifs professionnels. Quatrième constat : la même composante qui était dans les clubs amateurs continue de gérer les sociétés commerciales avec l'esprit et la culture du bénévolat ,et les parrainages des entreprises publiques.
Cinquième constat : nos clubs demeurent marqués par l'absence de transparence dans la gestion et de déficit de communication notamment, ils restent peu ouverts aux acteurs économiques, la presse et à la société civile en bon pouvoir socio-économique. Et aucun club apparemment n'est encore porteur à ce jour d'un quelconque projet économique ou commercial, voire la concrétisation d'un partenariat porteur de perspectives de développement. Sans cela, ils auront du mal à assurer leur professionnalisation et leur pérennité. Sixième constat : leur nouveau statut juridique de société par action qui demeure marqué par un vide organisationnel (structures et compétences managériales) et d'une politique de gestion financière comme étant derrière de beaucoup de problèmes qui empêchent notre sport-roi à se développer et s'émerger parmi les grandes nations.
En attendant, à plus de dynamisme économique, ce mode de financement en question doit se traduire nécessairement à l'avenir par des titres participatifs qui seront détenus par l'Etat sur les clubs sportifs professionnels. L'heure serait donc, de restaurer les finances du sport à l'ère de la nouvelle économie notamment, comment valoriser les finances et gérer rationnellement ces clubs sportifs à l'heure du défi du professionnalisme où la valeur patrimoniale et le capital social de chaque club doivent représenter la juste valeur économique afin de mieux protéger et rémunérer les actionnaires ou les investisseurs. Il va sans dire, tout financement (subventions ou sponsors) consenti par l'Etat ou une entreprise publique doit devenir rentable notamment dépenser dans l'esprit et la culture d'entreprise. Il est question de donner un ancrage solide à la financiarisation de l'économie, une source de création de valeurs ajoutée qui s'ajoute au PIB du pays (produit intérieur brut). Visant à préserver non seulement les actionnaires et les investisseurs, mais aussi les intérêts du contribuable.
Cela, passe inévitablement par la mise en place d'une gestion financière et comptable des clubs sportifs professionnels notamment, la tenue obligatoire d'une comptabilité financière aux normes internationales dites IAS (international accouting standards) - IFRS (international Financial reporting standards) et intégrée dans l'organisation interne de chaque club c'est très important. Est devenue indispensable car, elle est l'outil principal de la gestion de toute société pour mieux préserver leurs intérêts économiques, financiers et protéger leurs actifs dans une économie de marché, d'éviter une gestion de l'à peu près, d'instaurer la rigueur, la transparence et le contrôle des finances pour lutter contre toutes formes de mauvaise gestion et de malversations à savoir d'où vient l'argent ? Où va l'argent? Et enfin, développer leur management.
Pour cela, la nécessité de normaliser la gestion comptable des clubs par l'élaboration d'un plan comptable spécifique ou sectoriel qui permet justement de concevoir et de développer des règles et méthodes saines de gestion des clubs.
A cela s'ajoute pour les besoins d'une gestion intégrée et performante, la nécessaire intégration des techniques budgétaires, un système dans lequel le contrôle de gestion interne, la transparence et les coûts de l'activité sportive et l'activité économique s'imposent avec force.
En fait, le groupe SONATRACH s'est engagé à racheter la totalité (100%) des actions constituant le capital social de quatre clubs sportifs professionnels (MCA, MCO, CSC, JSS) l'idée certes est bonne et entre dans une logique de la pratique du droit des affaires. Seulement on est curieux de savoir (transparence oblige) si SH qui est une société à capitaux publics marchands avait mis en avant un projet de l'offre publique d'achat (OPA). Et ce même si généralement les sociétés qui souhaitent lancer une OPA doivent être cotées en bourse des valeurs. L'option du rachat100% suppose que le capital social est fermé excluant quasiment tout autre actionnaire ou investisseur. Nous estimons qu'avec une prise de participation inférieure à 100% peut contribuer à donner l'assise de l'ouverture économique dans notre pays fondamentalement dans une économie de marché. Et enfin, au regard de ses multiples activités et filiales stratégiques on souhaite aussi savoir si ces sociétés sportives soumises au droit des sociétés peuvent-elles bénéficier du statut de filiale et affiliées à la société- mère qui est SONATRACH ou simplement s'agit-il d'un actionnariat amical et de solidarité ? Et qui ne peuvent entrer dans le périmètre de la consolidation du bilan financier et comptable du groupe SH ?


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