Demandé par le Président Bouteflika, le rapport final sur le plan national de lutte contre le cancer sera fin prêt, vers la fin octobre, date à laquelle il devrait être remis au chef de l'Etat. C'est ce qu'a déclaré, hier, à l'APS le professeur Messaoud Zitouni, chargé par le Président Bouteflika du suivi et de l'évaluation du Plan national de lutte contre le cancer. Ce plan national de lutte contre la maladie, la plus ravageuse du 21ème siècle, porte sur une série de propositions et des recommandations de spécialistes, prenant en considération tous les aspects de la lutte contre cette maladie. Le Premier ministre Abdelmalek Sellal a déjà reçu une copie du rapport préliminaire, élaboré en juin dernier. C'est à l'initiative du président que ce plan national a été mis en chantier, et notamment face à une inquiétante propagation de cette maladie, en Algérie depuis quelques années. De fait, le président de la République a déclaré le cancer comme «problème de santé majeur», et des mesures d'urgences ont été prises. C'est le Pr Zitouni qui a été désigné pour diriger les travaux pour la mise en place d'un Plan national de lutte contre le cancer. Des spécialistes des différents secteurs, concernés par le traitement et la lutte contre le cancer, ont participé à la confection de ce rapport. La mise en place d'une stratégie nationale de lutte contre le cancer sera, ainsi, déterminée par les conclusions de ce rapport. D'autant que la maladie évolue, dangereusement, à la hausse, en Algérie. Selon le Pr. Kamel Bouzid, président de la Société algérienne d'oncologie médicale (SAOM), le nombre de personnes atteintes de cancer, en Algérie, évoluera, au même rythme, que celui des pays avancés durant les cinq prochaines années. Le Pr. Bouzid, chef de service au Centre spécialisé dans la lutte contre le cancer «Pierre et Marie Curie» (CHU Mustapha Bacha), estime que l'Algérie «connaît le même rythme de prolifération du cancer que les pays occidentaux'', en raison du vieillissement de sa population. En France, elle est de 300 cas pour 100.000 habitants et de 400 cas pour le même nombre aux Etats-Unis. Il en conclut ainsi que sur la base d'indicateurs sur la moyenne d'âges des Algériens qui est passée de 45 ans, durant les premières années de l'indépendance, à 76 ans, ces dernières années, le vieillissement expose une grande partie de la population algérienne à cette maladie. Des prévisions lucides, même si elles sont inquiétantes. Les cas de cancer ont augmenté, ces dernières années, de manière dramatique, passant de 80 cas pour 100.000 habitants en 1993 à 120 cas durant les années 2000. Selon un bilan de l'Institut national de la Santé publique (INSP), la moyenne d'âges des personnes atteintes est de 52 ans. 40.000 NOUVEAUX CAS CHAQUE ANNEE Le nombre de nouveaux cas de cancer est de 40.000 par an, soit plus de 20.000 cas chez la femme et plus de 19.000 chez l'homme, indique l'INSP. Chez les hommes, ce sont les types de cancer du poumon, de la vessie et de l'appareil digestif, le cancer colorectal et de la prostate, qui sont les plus répandus, soit un taux de 52,5%. Pour la femme, c'est l'appareil génital (sein, utérus, col) suivi du cancer colorectal, soit un taux de 68% du total des cancers, chez cette catégorie. En outre, les cancers du colon, du poumon et de l'utérus restent les types les plus répandus, en Algérie, avec un taux de 50%, touchant la moyenne d'âges de 59 ans pour l'homme et 51 ans pour la femme, à l'exception du cancer du sein qui touche, également, les femmes à partir de 40 ans. Pour le Pr Zitouni, l'Algérie dispose de moyens «importants» pour une meilleure prise en charge des cancéreux. «Si l'Algérie parvient à dépasser certaines entraves bureaucratiques, elle pourra améliorer la prise en charge du cancer, à court terme», a-t-il estimé. Dans son rapport final qui sera transmis au Président Bouteflika, il a indiqué avoir présenté une série de propositions portant sur la réduction du délai des résultats des examens et l'importance de parvenir à un «consensus médical» sur le choix des molécules destinées au traitement en chimiothérapie. Selon le Pr. Kamel Bouzid, le problème de la radiothérapie, entrant dans les traitements du cancer sera réglé en 2014, après l'acquisition par les centres spécialisés du matériel médical nécessaire. Le ministère de la Santé a programmé l'importation de 57 appareils de radiothérapie qui seront distribués aux centres de lutte contre le cancer, à travers le pays dont 15 sont en cours de montage, outre le réaménagement de certains services. Concernant les centres de lutte contre le cancer où les appareils de radiothérapie sont en cours de montage, le ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière a affirmé que le Centre de Constantine a bénéficié, récemment, de cette opération.