Avant l'ouverture du procès du présumé meurtrier d'Ahmed Kerroumi, militant du MDS et membre de la CNCD (Coordination nationale pour le changement et la démocratie), deux ONG ont rendu public un communiqué où elles exigent la tenue d'un procès équitable et répondant aux standards internationaux. En effet, Amnesty International qui s'exprime, pour la première fois, sur ce dossier, met en garde les autorités judiciaires algériennes dans des termes ne souffrant aucune ambiguïté. Ainsi, lit-on dans communiqué signé par Philip Luther, directeur du Programme Afrique du Nord et Moyen-Orient : «La justice ne serait pas rendue en condamnant - possiblement à mort- un homme qui clame son innocence, depuis le début, alors que de très nombreux doutes pèsent sur le sérieux de l'enquête». De son côté, Wilder Tayler, secrétaire général de la Commission internationale des juristes, abonde dans le même sens. Il écrit : «les autorités algériennes doivent respecter et garantir le droit de Mohamed Belbouri d'être entendu, équitablement, devant un tribunal indépendant et impartial, conformément aux normes internationales d'équité». Auparavant, il signale «elles doivent veiller à ce que toutes les informations faisant état de torture ou de mauvais traitements, dans cette affaire, fassent l'objet d'investigations poussées et impartiales, et que toute déclaration, possiblement obtenue par ces moyens, ne soit pas retenue, à titre de preuve.» De son côté, le MDS a initié une pétition intitulée «Vérité et Justice sur l'assassinat d'Ahmed Kerroumi», pétition envoyée à toutes les institutions de l'Etat concernées, de près ou de loin, par cette affaire, à commencer par la présidence de la République. D'autres organisations internationales s'intéressent à cette affaire, depuis le premier jour de son éclatement. Certaines, pour des raisons qui leur sont propres, doivent dépêcher des observateurs anonymes pour suivre le déroulement de ce procès. Signalons que, dès le départ, l'assassinat de Kerroumi a pris une tournure internationale puisque Frank De La Rue, l'envoyé spécial de l'ONU sur la Liberté d'expression, a saisi le gouvernement algérien, à la fin du mois d'avril 2011, pour exiger que toute la lumière soit faite sur ce meurtre. A. Kerroumi et ses camarades de la CNCD avaient rencontré, quelques jours auparavant, ce diplomate onusien, en visite à Oran, en compagnie de son équipe. Quant au père du présumé coupable, il a mis à profit les 30 mois de détention préventive de son fils pour alerter l'opinion nationale et internationale sur ce qu'il juge comme «dépassement» dans l'enquête. La page Facebook qu'il avait créée, à cet effet, a connu un certain succès.