L'énergie renouvelable a des défenseurs en Algérie mais ont-ils un modèle économique ? Non, répond catégoriquement B. Mahdi, dans cette analyse. Dans toutes les interventions des experts en énergie et des politiques chargés de ce domaine, les énergies renouvelables semblent être la solution miracle et la panacée pour touts les problèmes en Algérie. Pourtant, il ya une constante dans tous ces discours : aucun traître chiffre sur la rentabilité économique n'est donné. Personne n'avance même en ordre de grandeur le prix de revient de cette énergie ou le business model de cette politique. Or, si l'on suit bien le transit énergétique vanté par les chantres des énergies renouvelables, ilest forcé d'admettre qu'il ne se passe pas tout à fait comme prévu dans les pays qui l'ont initié, et avec des modèles économiques autrement plus réalistes. ETAT ACTUEL DU TRANSIT ENERGETIQUE EN EUROPE Le plan d'énergies renouvelablesEuropéen était d'arriver à une part de 20% de ces énergies dans la consommation totale de l'union à l'horizon 2020. Pour cela des politiques nationales de subvention des énergies renouvelables ont été établies basées sur le rachat d'électricité aux producteurs à des prix préférentiels, le surcoût étant partagé par tous les autres usagés. Dans ce schéma de production distribuée, il était laisséle soin aux particuliers et aux petites structures d'investir et de se rémunérer par la suite sur le rachat garanti par les distributeurs d'électricité. Le but était qu'aprèsla massificationde la production des équipements, leurs prix allait baisser et par là, le prix de rachat et le surcoût imposé aux consommateurs. Mais cela, c'était avant la crise qui est venue chambouler bien de certitudes. Le premier coup de boutoir est venu de Chine. Devant l'effet d'aubaine des prix d'achat garantis, il ya eu un réel engouement des particuliers pour le photovoltaïque (PV)qui a surtout profité aux firmes chinoises qui ont divisé les prix par deux. Pratiquement, touts les producteurs Européens de PV ont dû mettre la clé sous la porte. Les Européens ont fini par réagir et mettre de fortes taxes à l'importation des équipements PV chinois et ont surtout réduit les prix de rachat d'électricité aux particuliers. Et ce n'est pas tout. Pour assurer la rentabilité des producteurs et leurs permettre d'évaluer correctement l'amortissement de leurs investissement, les Etats se sont engagés à donner la priorité à l'électricité produite par les renouvelables dans les réseaux. Cela se comprend, la production étant par essence intermittente, il est important que l'électricité produite par le PV ou l'éolien soit totalement évacuée lorsqu'elle est disponible. Cette exigence a conduit les sociétésclassiques productrices d'électricité à partir de centrales (utilities) à plusieurs reprises à vendre l'électricité à des prix négatifs. Ne pouvant pour des raisons techniques arrêter leurs centrales, elles ont été obligées de payer les réseaux pour qu'ils leurs évacuent l'électricité produite. Confronté à ce problème qui arrive de plus en plus souvent, les utilities européensont commencé à réduirleur capacité de production. Ainsi, elles ont déjà fermé une puissance de 40 GW (c'est quatre fois la production Algérienne !) et d'ici 2017, c'est 120 GW qui vont être fermées encore. Et ce sont les centrales à gaz qui sont fermées en premier caril est pratiquement impossible de fermer les centrales nucléaires. Celles-ci produisent à bas coût, ont besoin de plus de temps pour être rentabilisées et sont difficiles à redémarrer. D'un autre coté, devant la révolution des gaz de schistes en Amérique du nord et la baisse drastique des prix, les américains se sont mis à remplacer leurs anciennes centrales à charbon par des centrales à gaz et le charbon ainsi dégagé arrive en Europe à des prix défiant toute concurrence. Les Allemands sont ainsi en train d'installer des centrales à charbon malgré la pollution,chose difficile à croiredans un pays où les écologistes ont réussi à fermer les centrales nucléaires. Les utilities se sont plaints aux autorités de régulation car ils sont dans l'obligation de maintenir des capacités pour une production de base et les jours de forte consommation et ne peuvent le faire avec des centrales qui tournent à perte le reste du temps. Les pouvoirs publiques sont sommés de réviser leurs politiques de renouvelables ne serait-ce que pour des raisons strictement de sécurité énergétique nationale. LES RENOUVELABLES NE SONT PAS L'ELDORADO ESCOMPTE Devant les énormes déficits budgétaires suite aux crises des dettes souveraines, les politiques d'austérité ont fini par assommer les contribuables par les taxes nouvelles. Ces derniers ne comprennent plus l'amputation de leurs pouvoir d'achat par le surcoût dû aux renouvelables (évalué à 10% en France et 18% en Allemagne par exemple). Les Européens sont entrain de repenser leur stratégie industrielle. Ils avaient pensé utiliser les industries vertes comme un élément de compétitivité et de protectionnisme face aux émergents mais les prix bas des gaz de schiste aux US et le charbon en Allemagne viennent de montrer qu'il est possible de regagner en compétitivité grâce à l'énergie fossile.En temps de crise, le discours des écolos porte beaucoup moins : L'écologie c'est bien, la croissance c'est mieux Devant cette évolution de la scène énergétique mondiale, quelle est la politique Algérienne ? Elle est toujours de produire à partir de zéro une capacité de 20 GW de renouvelables aux frais exclusifs de l'Etat et de le vendre au dixième du prix de revient. Elle est aussi officiellement d'exporter et de vendre 10 GW supplémentaires aux Européens. Comment cette électricité sera transportée et pour quels clients ? On ne le sait toujours pas. On voit mal les Européens fermer des centrales chez eux et acheter de l'électricité àl'Algériecompromettant ainsi un peu plus leur sécurité énergétique. Il est évident qu'avec un modèle économique pareil, il n'est pas possible d'aller très loin. Au lieu de faire des plans sur la comète, l'Algérie devrait beaucoup plus se préoccuper des fermetures des centrales à gaz en Europe car se sont autant de clients de son gaz qui disparaissent. Dans un monde en perpétuel mouvement où la réactivité aux changements extérieurs fait que des pays se développent et d'autres végètent, il parait que le mot d'ordre de la prochaine campagneprésidentielle est la stabilité. On remarquera que la mort, clinique ou réelle, est définie comme étant un état de stabilité permanent