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2014, l'année où la dépense publique frôlera les 100 milliards de dollars
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 24 - 12 - 2013

Dans quelques jours, le Président Bouteflika accomplira le rituel de la signature de la loi de finances pour 2014. Le cap symbolique des 100 milliards de dollars de dépenses annuelles est prêt d'être franchi alors que le FMI a, une nouvelle fois, mis en garde contre la «vulnérabilité».
Couper la «corde de la rente» en 20 ans avait suggéré le Think-Tank Nabni lors de la Tripartite en octobre dernier. On en est loin. La pause de la croissance des dépenses du budget a connu une pause en 2013 mais elle reprend de plus belle dans la loi de finances 2014. Le montant des dépenses budgétaires connait une croissance à deux chiffres avec des prévisions de 7600 milliards de dinars dans la LF 2014 ! Même avec un dinar dévalué, on n'est pas loin des 100 milliards de dollars de dépenses publiques, en hausse de 11,3% par rapport à 2013. Une croissance 3 fois plus rapide que celle du PIB (annoncée à 4,5% mais les prévisions dans ce domaine ne sont jamais réalisées depuis 2006) va en premier lieu renforcer le poids de la dépense publique dans l'économie nationale. Il y a deux mois à peine, la Banque d'Algérie avait, au titre de l'année 2012, attiré l'attention sur la tendance haussière que suivent actuellement les dépenses publiques. Elle relevait que «le poids de la dépense publique a pris des proportions importantes, passant de près de 45% en 2011 à 50% du PIB en 2012. Alors que ces ratios sont de l'ordre de 27% au Maroc et 26% en Tunisie en 2011» Le chiffre le plus significatif cité par M. Mohamed Laksaci portait sur la forte croissance des dépenses budgétaires totales en 2012, évaluée au niveau vertigineux de 22,5%. Un rythme qui «n'est pas soutenable» concluait le Gouverneur de la Banque d'Algérie. Il est clair que la nouvelle croissance des dépenses de l'Etat prévue en 2014 ne va pas arranger les choses et que le cap des 50% du PIB risque fort d'être franchi allégrement l'année prochaine.
NOUVEL AVERTISSEMENT DU FMI
Le déficit budgétaire prévu pour 2014 estimé au niveau faramineux de 45 milliards de dollars devrait relancer le débat sur le niveau de plus en plus élevé du«prix d'équilibre budgétaire». Le Fonds monétaire international a averti sur l'impact d'une baisse continue des prix du brut sur les économies des pays exportateurs de pétrole de la région Mena en raison d'une hausse de leurs dépenses. “Une baisse prolongée des prix du pétrole provoquerait l'apparition de déficits budgétaires dans de nombreux pays exportateurs de pétrole de la région”, a-t-il indiqué. Il relève également que «depuis quelques années, l'augmentation des dépenses se traduit par une évolution à la hausse du prix d'équilibre du pétrole». Le FMI note que dans certains pays, dont l'Algérie, le prix d'équilibre budgétaire du baril de pétrole est actuellement supérieur au prix du marché indiqué par les projections pour 2014.
PREPARER LES PROCHAINES ECHEANCES POLITIQUES
Le budget 2013 avait tenté, de ramener, la formule est de Karim Djoudi, les dépenses courantes à un "niveau plus acceptable" notamment grâce à la fin des opérations du versement des rappels sur les salaires de la Fonction publique. Le maintien de la paix sociale n'a cependant pas de prix, particulièrement dans cette période où le gouvernement est invité explicitement à «préparer les prochaines échéances politiques». Les dépenses de fonctionnement projetées pour 2014 s'affichent en hausse de 8,7 % par rapport à 2013 soit une croissance encore 2 à 3 fois supérieure à celle du PIB. Un budget de des dépenses de fonctionnement de plus de 62 milliards de dollars (environ 4700 milliards de dinars) pour prendre en charge notamment la création de plusieurs dizaines de milliers de nouveaux postes dans la Fonction publique. On parle de 10 000 policiers à recruter pour les régions du sud du pays. Des transferts sociaux en hausse constante et qui représentent désormais près de 25% du PIB en raison notamment du blocage des prix de nombreux produits et services soutenus par l'Etat.
«COUPER LE CORDON DE LA RENTE ?»
La (seule) bonne nouvelle annoncée par le projet de loi de finance pour 2014 porte sur la hausse importante des dépenses d'équipement (+15,6%). Elles bénéficieront en priorité aux infrastructures économiques et administratives, à l'éducation et la formation, aux infrastructures socioculturelles et à l'agriculture et l'hydraulique. Avec un budget de près de 130 milliards de dinars, le soutien à l'accès à l'habitat occupe également une place croissante. Ces dépenses, réputées favorables au développement économique, bénéficient d'une dotation de 2.940 mds de DA, soit à peine un gros tiers des dépenses totales de l'Etat en 2014. Leur sensible augmentation ne leur permettra pas d'échapper à des arbitrages sévères, la LF 2014 annonçant une «restructuration du financement des projets en fonction de leur maturation et des capacités financières disponibles». En clair, le stock important des projets en cours continuera d'être financé mais les nouveaux seront étudiés au «cas par cas». Mais, il est clair que l'appel lancé par Nabni, lors de sa première participation à la tripartite en octobre, à une stratégie de rupture avec le «cordon de la rente» étalée sur 20 ans, ne se traduit pas dans les politiques publiques.
Pourtant, l'avertissement de Nabni est des plus inquiétant : d'ici 2020, «sur la base d'hypothèses optimistes, les finances publiques pourraient ne plus soutenir le rythme des investissements publics et celui des transferts sociaux, face à une demande de plus en plus pressante de la société». On en parlera, peut-être, après les élections présidentielles.


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