Les déballages auxquels donne lieu la guerre des clans du pouvoir, et dont les citoyens prennent connaissance atterrés et écœurés, confirment même pour ceux d'entre eux qui au nom d'un patriotisme aveuglement positiviste se refusaient à reconnaître que le pays a été transformé en pire qu'une république bananière : un Etat maffieux sur lequel règnent des «rboubas» autrement plus pernicieux et abominables que les parrains de la Cosa Nostra. Ces «rboubas» se sont déclarés la guerre et se la livrent en recourant aux plus abjectes des méthodes. Chacun a ses «tueurs» stipendiés qu'il a lancés contre l'autre clan. Qui sont, pour l'humiliation de la nation, ses hauts cadres politiques ou administratifs qui en l'occurrence démontrent que leur allégeance ne va pas à elle mais aux «rboubas» auxquels ils sont redevables d'avoir accédé à des statuts sociopolitiques dont la plupart sont indignes au regard de leurs seules capacités personnelles. Tant que l'entente a régné entre leurs parrains respectifs, les pistoleros qui dégainent contre le camp adverse ont observé la loi du silence sur les turpitudes claniques et traîné dans la boue et parfois pire les rares et courageuses voix qui alertaient contre elles. S'ils ont transgressé l'omerta à laquelle ils étaient tenus en tant que co-bénéficiaires de l'Etat maffieux, ce n'est pas pour en dénoncer la nature nocive de celui-ci mais pour participer à l'affaiblissement du clan adverse qu'ils chargent de la responsabilité d'avoir dévoyé de cette sorte la République. Les crimes et turpitudes qu'ils imputent au clan adverse, ils n'en ignoraient quand l'entente baignait entre leurs «rboubas» respectifs, et qu'eux-mêmes ont occupé des fonctions et postes d'où ils étaient en situation d'être à même d'en connaître la nature et les commettants. Les scandales et autres saloperies dont le déballage a ahuri l'opinion publique ces dernières années, les «révélations» à charge que les clans distillent présentement l'un contre l'autre seraient restés des «secrets» si les clans avaient trouvé une autre solution que de ce faire la guerre pour le partage du pouvoir et de la rente. Dans ce cas, les mêmes qui aujourd'hui y vont de leurs fracassantes charges contre le clan adverse se seraient distingués en réfutant toute critique contre l'Etat maffieux et en sommant d'un «circulez il n'y a rien à voir» ceux qui l'auraient formulée. La guerre des clans a ceci de positif qu'elle a irrévocablement mis à nu la perversité absolue de la caste dirigeante du pays à quelque clan du pouvoir qu'appartiennent ses membres. Elle a également mis en lumière que cette caste est déterminée à conserver le pouvoir même au prix d'une dévalorisation humiliante de l'Algérie et de son peuple. Qui peut aujourd'hui prétendre qu'il est possible avec cette malfaisante caste de pouvoir amender de l'intérieur le système dont elle est l'émanation ? Celui qui le soutiendra n'aspire en fait qu'à être coopté en son sein ou à être recyclé par elle s'il en fut exclu à un moment ou à un autre.