Hier matin, plusieurs familles avec femmes, enfants et quelques affaires, certainement des objets de valeurs et des habits, mis à la hâte dans des cabas, quittaient l'UV n° 14 à la nouvelle ville Ali-Mendjeli (Constantine) vers d'autres lieux plus cléments. Une solution temporaire pour ces familles qui profitent des vacances scolaires pour se rendre chez des proches afin d'éviter les affrontements violents qui se sont encore répétés durant la nuit du lundi au mardi 25 mars et la situation ne semble pas s'arranger pour les prochains jours. « C'est une nuit d'enfer qu'on a passée hier », nous a confirmés un habitant de l'UV n° 14. De nombreux témoignages nous ont signalés que les feux de la haine ont brûlé le quartier dans la nuit du lundi au mardi. Partout les scènes renvoyaient à une terrible situation d'émeute d'une violence inouïe. La présence policière n'aura pas pu dissuader les belligérants de revenir à de meilleurs sentiments et stopper la spirale infernale de la violence qui marque d'une empreinte indélébile la vie dans ce quartier depuis plus de cinq mois. Des éléments des services de sécurité ont tenté dans la soirée de concilier les parties antagonistes, mais leur action sera vouée à l'échec. La réplique violente, dans la nuit même, est trop vite venue confirmer cet énième échec. La réconciliation se présente comme une tâche ardue, voire impossible. Les actions initiées par imams et les élus locaux ont toutes essuyé un revers qui en dit long sur les inimitiés qui dominent les relation entre les habitants de ce quartier. Dans la nuit même, les policiers seront les premiers à être pris comme cible des cocktails Molotov. Par la suite, c'est le commissariat qu'on tentera d'incendier. Dans une nuit sombre, éclairée par les feux qui ont pris dans plusieurs points du quartier, c'est la guérilla. Les portes en fer des bâtiments sont enfoncées pour permettre aux antagonistes de monter sur les toits et faire les snipers. La rue est livrée aux courses poursuites à l'arme blanche et aux cocktails Molotov. Infernal ! Les services de sécurité antiémeute auront fort à faire pour ramener le calme, sans y parvenir totalement. Ces derniers useront de bombes lacrymogènes pour disperser les assaillants, puis ils encercleront le commissariat pour éloigner les pyromanes qui voulaient l'incendier. Même les lieux de prières (Moussala) n'ont pas été épargnés par la folie furieuse. « Un jeune, armé d'un cocktail Molotov, était sur le point de le lancer contre le Moussala, mais par mégarde l'explosif lui échappa des mains et il faillit être happé par les flammes qui ont jailli à ses pieds », nous dira un témoin oculaire. Ce dernier nous a indiqués que deux appartements abandonnés ont été cambriolés ces trois derniers jours. Quant aux propriétaires de véhicules, ils prennent bien soin de les garer loin, très loin de cet endroit maudit.