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LA RAISON CONTRE L'IMPASSE
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 04 - 05 - 2014

Avec des variantes et parfois des divergences sur l'approche, les acteurs de l'opposition convergent pour appeler à un changement de régime. Leurs propositions ou suggestions ne peuvent, à priori, susciter un quelconque intérêt chez un pouvoir habitué à n'obéir qu'à son propre agenda. Rien ne semble changer, la formalité électorale expédiée et moyennant des fausses ouvertures, comme l'octroi de postes ministériels, le pouvoir poursuit son chemin… dans l'impasse globale.
La révision «consensuelle» de la Constitution n'a pas vraiment de sens si un nouveau contrat politique n'est pas négocié pour passer à une autre étape, à une autre gouvernance. Mais par quel moyen l'opposition, dans sa diversité, pourrait convaincre les tenants du régime de prendre acte de sa dangereuse obsolescence alors que des intérêts puissants profitent du statuquo ? Pour reprendre la fameuse formule, de combien de divisions cette opposition dispose-t-elle pour convaincre ceux qui détiennent les leviers du pouvoir qu'il est de l'intérêt de tous, y compris du leur, d'aller vers un changement organisé ? Vu sous cet angle, le pouvoir peut passer outre, d'autant que l'absence de structuration politique de la société ne permet pas de créer un rapport de forces en faveur du changement.
L'opposition n'a en réalité qu'un sens des responsabilités qui lui commande de multiplier les appels et les alertes. Jouer la rue n'est pas une option pour elle mais les tenants du régime auraient tort d'y voir un signe de leur propre force. L'absence de structuration politique de la société ne joue pas forcément dans le sens de cette «stabilité» qui est opposée, de manière absurde, à ceux qui appellent au changement. Les exemples ne manquent pas. Le cas libyen, tout proche, rappelle que le néant politique n'existe pas. Et qu'une société non structurée et non organisée constitue aussi un terrain fertile pour les jeux extérieurs. Un régime peut fonctionner un certain temps en usant des instruments de la répression, de la redistribution voire de la corruption, il ne peut le faire indéfiniment. Les Etats les plus forts et les plus résistants aux manœuvres extérieures - pour reprendre le thème phare du discours du statuquo - sont ceux où l'adhésion libre des citoyens est authentique.
Au lieu d'effrayer les Algériens de la menace du printemps, il vaut mieux tirer les leçons de ce qui est arrivé en Libye ou en Syrie. La dictature et l'autoritarisme emportent, dans leur effondrement, ce qui reste d'Etat et de pays. La Libye est désormais une somme de villes-milices avec un risque d'éclatement. La Syrie est exsangue. Ce n'est pas le «printemps» qui a causé ces malheurs, c'est la folie et l'aveuglement de ceux qui dirigent. Les opposants n'ont pas de «divisions armées» pour convaincre le pouvoir mais ils ont l'argument de la raison. De la raison patriotique qui commande de ne pas attendre que les chocs arrivent pour se résoudre à tourner la page d'un régime dont la perpétuation est devenue un vrai danger. Ghardaïa est un signal. En Kabylie, le MAK gagne du terrain malgré l'effort des forces démocratiques attachées de manière viscérale à une vision nationale.
LES REPONSES DESTRUCTRICES A L'IMPASSE SONT DES POSSIBILITES SERIEUSES. C'EST UN AUTRE SIGNE POUR CEUX QUI NE VEULENT PAS SE LEURRER DE LA STABILITE DONT SE GARGARISENT LES TENANTS DU POUVOIR. LES RISQUES DE DESAGREGATION NE SONT PAS DE SIMPLES HYPOTHESES ET CELA SUFFIT COMME ARGUMENT POUR DEMONTRER QUE LE STATUQUO EST UNE GRAVE MENACE.


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