L'expérience a montré que la gestion urbaine reste intimement liée à la notion d'équilibre «ville-campagne», ce qui pose avec pertinence, la question de la revitalisation des espaces ruraux de l'arrière pays des ensembles urbains. Cela veut dire, qu'il faut agir concomitamment sur le tissu urbain et l'espace rural, pour «casser la polarité» de l'un et assurer le développement de l'autre, afin de juguler les flux migratoires. C'est à cela que se mesurera l'enjeu territorial. Il faut aussi savoir, qu'au delà de cette recomposition spatiale qui reste à entreprendre, la requalification urbaine fait appel à de grands projets structurants, dont certains ont été réalisé ou en voie de l'être. Dans la continuité de cet élan, d'autres opérations d'envergure sont à envisager à une plus grande échelle de temps et de moyens qui s'avèrent indispensables, pour modifier l'attractivité de cette métropole de l'Ouest et pour assurer le marketing de la ville et sa banlieue, en donnant une valeur foncière et immobilière aux sites à promouvoir. Ceci parce que déjà, le défi d'aujourd'hui est fait de concurrence entre villes et régions des espaces Maghrébin et Méditerranéen. Cette concurrence qui n'exclut pas les relations partenariales dans le cadre d'une coopération bilatérale, donnera d'abord toutes leurs chances aux villes qui sauront être les plus attractives. Ce défi de l'heure a pour corollaire, le dynamisme de la ville, sa qualité urbaine et ses repères d'excellence dans les secteurs du tertiaire, des technologies de l'information et de la communication, du management, de la culture, des loisirs et du développement durable. C'est dans ce contexte, que la stratégie de «qualité urbaine» devient primordiale. Il faudrait que nous sachions, que le dynamisme de chacune des métropoles se mesurera à la qualification des managers, au renouvellement de cette qualification, à la qualité du milieu de la recherche, et plus généralement du milieu intellectuel. De même, la qualité et les conditions de vie (habitat, services, équipements, présence de la nature) offertes par les villes, deviennent des atouts importants d'attractivité des cadres, «ressource stratégique» de nos entreprises de demain. Les inégalités entre territoires et les déséquilibres entre groupes sociaux, sont aussi des difficultés à surmonter pour les grandes agglomérations, afin d'éviter que des pans entiers de notre société ne soient exclus. Il faut savoir, que la clef d'un développement réussi, réside dans notre capacité à résoudre les problèmes ainsi posés. Seule la conjugaison du développement social, avec le développement économique, peut permettre à l'ensemble de la ville et de ses habitants, d'aborder l'avenir autrement, qu'avec l'angoisse du chômage, de la marginalisation et de l'exclusion. Il s'agit en quelque sorte, de réduire les effets négatifs qui risquent de contrarier l'évolution normale du projet envisagé pour Oran et sa banlieue. Songer à une dynamique d'émergence à l'échelle de l'aire métropolitaine oranaise pour en faire un espace compétitif aux échelons Maghrébin et surtout Méditerranéen, équivaut tout d'abord, à s'inscrire en rupture avec la logique de l'urbanisation spontanée, dans la mesure où cette démarche abandonne les villes aux pressions de la demande sociale et hypothèque ainsi, leurs chances de devenir à terme, des pôles organisateurs d'espaces régionaux compétitifs. Ceci est valable pour toutes nos métropoles, avec cependant cette nuance, qu'Oran au contraire d'Alger, d'Annaba et surtout de Constantine, n'a pas encore atteint sa limite de croissance et le stade de site bloqué, voire de conurbation avec d'autres villes. A travers les actifs dormants de ses friches industrielles déclassées, l'étendue de son arrière pays et les possibilités offertes par sa partie Est, elle préserve toutes ses chances pour une mise en mouvement raisonnable et raisonnée, et c'est bien heureux que cela soit ainsi, si toutefois, l'urbanisation spontanée sans âme ni référents architecturaux est contrôlée. L'objectif autour duquel, non seulement les collectivités locales mais aussi l'ensemble de leurs partenaires et la société civile doivent se mobiliser, disqualifie de fait l'utilisation inappropriée du foncier intra-muros et suggère sa réservation aux équipements structurants de haut niveau, qui le valoriseront au mieux. Ceci pour dire, que dans les sociétés dites évoluées, la ville est perçue comme un espace de vie fortement marqué par le souci porté par les pouvoirs publics et les citoyens, quant à la recherche permanente de l'excellence, le bien-être social et la valeur ajoutée économique et culturelle. Elle est donc le lieu privilégié de l'expression de la citoyenneté et de la démocratie de proximité, dans la conformité des principes de l'Etat de droit. Cela veut dire, que le projet de «métropole méditerranéenne» sur lequel se projette la ville d'Oran, n'a de chance d'aboutir, que s'il s'inscrit dans une compétence partagée entre les différents partenaires et que s'il requiert l'assentiment de la société civile et de l'élite locale. C'est là un principe fondamental qui se rattache à tout grand projet d'aménagement du territoire, fondé sur la synergie et la convergence autour d'un dessein et d'un destin commun. En effet, l'expérience a montré, que la ville algérienne telle que conçue par à-coups, au gré des circonstances d'arrivée et de départ des responsables des collectivités locales, ne pouvait être dans sa discontinuité d'actions, que cette ensemble de cités dortoirs faite de morosité, de négligence et de violence dans bien des cas. C'est à ce titre, que la rencontre du 17 Juillet 2014 organisée conjointement par l'A.P.W. et le quotidien d'Oran, sous le patronage de Mr le Wali, prend la signification d'un acte majeur, dés lors qu'il s'agit d'amorcer un débat autour de la fédération des volontés et des initiatives dans la perspective de la concrétisation d'un projet métropolitain pour Oran et sa banlieue, dont les effets positifs pourraient s'étendre à toute son aire régionale d'influence, y compris la Saoura et le Touat-Gourara. Ce projet de modernisation de la ville d'Oran en vue de sa mise à niveau à hauteur des autres villes importantes au Maghreb et dans le circum méditerranéen, devrait se construire patiemment, dans la sérénité, la confiance accordée aux commis de l'Etat et dans la continuité des efforts, selon une démarche acceptée, plébiscitée et connue de tous, afin d'éviter la mise à zéro du «compteur», à chaque arrivée d'un nouveau responsable. C'est dire, que tel qu'inscrit dans son contexte régional, ce projet majeur devrait avoir un minimum de traçabilité. Il doit être aussi, celui de tout un Gouvernement qui doit marquer sa solidarité autour de sa réalisation, et non un projet à responsabilité limitée aux collectivités locales, qui de toute évidence ne s'exprimeront qu'en fonction de leurs sensibilités propres et de leurs choix. Cela veut dire qu'il faille se surpasser pour jouer la «symphonie territoriale» qui lui sied le mieux en termes de conception et d'ingénierie, car nous sommes malheureusement habitués à voire, qu'en l'absence d'un véritable projet consensuel, établit dans les règles de la compétence partagée, le pilotage à vue à fait que chaque responsable se devant d'apporter sa pierre à l'édifice, supprime bien souvent celle de son prédécesseur. C'est là une règle et une pratique vérifiable dans tous les secteurs, qui trouvent leur explication dans le fait que les projets ne sont pas mis sous le regard vigilent d'une authentique société civile qui peine à se configurer et sans l'implication de l'élite locale pourtant largement disponible, qui doit veiller par délégation des collectivités locales, au respect des règles établies pour sa bonne exécution. Ceci étant dit, et en supposant que les précautions d'usage telles que développées et argumentées soient prises, nous devons mesurer nos chances de pouvoir faire accéder Oran au rang de «métropole méditerranéenne» en essayant de souligner ses handicaps par rapport aux autres villes. La première observation est que pour prétendre au statut tout au moins de ville méditerranéenne, Oran au même titre d'ailleurs que les autres villes du littoral, ne doit de revisiter son rapport à la mer. La question qui nous vient tout de suite à l'esprit, est de se demander, s'il existe un schéma directeur pour décloisonner la ville d'Oran de son port comme cela a été fait pour Marseille, pour Barcelone, pour Istanbul ou pour Tanger par exemple ? C'est la une première caractéristique d'une dimension incontournable à promouvoir pour élargir le rayonnement du territoire, sous toute réserve, que cela n'a pas été déjà pris en charge par les collectivités locales. La seconde observation est celle qui a trait aux capacités d'accueil d'un festival du théâtre ou du cinéma, de compétitions sportives, de foires internationales et bien d'autres manifestations de haut niveau. La troisième observation est celle qui se rattache aux pôles d'excellence (santé, recherche, enseignement supérieur, technopoles...). Tout cela pour situer l'ampleur du retard pris sur les autres et la complexité de la tâche. Il s'agit en fait de cibler tous les éléments manquants à la mise à niveau d'Oran à hauteur des villes de sa catégorie, ou elle aura à défendre sa position en mettant en valeur ses atouts, dans la conformité de sa propre identité. Par contre, ce qui la distingue des autres villes, c'est qu'elle a été déjà choisie comme capitale africaine par l'ONG R20 «Regions of Climate Action» fondé par l'acteur et ancien gouverneur de Californie, Arnold Schwarzenegger pour lancer le grand projet de l'économie verte en Afrique «pour zéro déchet» en présence du Premier Ministre, des Ministres africains de l'environnement, des représentants d'institutions nationales et internationales. Le but de cette ONG faut-il le rappeler, est «d'instaurer un nouveau système de gouvernance» en matière de consommation d'énergie et d'émissions de gaz à effet de serre. Cette rencontre s'est inscrite dans le cadre de la lutte contre la pauvreté et la promotion du développement durable. C'est donc une option déjà prise qui doit apparaître par conséquent, comme un des axes fondamentaux dans la configuration du projet de «métropole méditerranéenne» ambitionné pour Oran et son arrière pays. Cela suppose bien évidemment une déclinaison en projets de collecte des déchets solides, en unités de récupération et de transformation et en essais de fertilisation pour l'utilisation du compost dans la perspective d'un développement d'une agriculture périurbaine. Cet engagement officiel doit trouver également son prolongement dans la constitution d'une composante paysagère à hauteur des espoirs motivés à travers le projet d'économie verte, et dans le développement d'un tourisme d'affaires, ce qui pose bien évidemment, la question des services de haut niveau et la formation des personnels qui en assureront la gestion. Cet article rédigé à la veille d'une rencontre autour d'un projet majeur ouvert sur un débat élargi à des membres du Gouvernement, à d'anciens Ministres, à des élus de la nation, aux membres de l'APW, à l'exécutif de la Wilaya d'Oran, à des universitaires, aux représentants de la société civile et à la presse, n'a pas la prétention d'en délimiter les contours qui relève d'une action collective et d'une approche pluridisciplinaire, mais plutôt d'attirer l'attention sur certaines pratiques inappropriées qu'il convient de proscrire, et sur l'ampleur du défi, qui suppose bien évidemment une mobilisation de la ressource humaine d'ici et d'ailleurs et certainement, la mise en place de panels d'experts ou d'un observatoire pour le suivi de son exécution, dans la conformité du schéma directeur préétabli. * Professeur