Pour l'ancien chef de gouvernement et candidat à l'élection présidentielle d'avril 2014, Ali Benflis, le pays doit passer par une phase de transition démocratique qui aura pour finalité le changement de la nature du régime qui est en crise autant au plan institutionnel que constitutionnel que du point de vue de la légitimité. Il est en accord sur cela avec les partis et personnalités politiques dont l'action tend à rassembler autour de ce concept de transition démocratique et par sa participation à la conférence nationale qu'ils ont réunie pour théoriser ce projet et s'entendre sur une démarche collective pour le faire aboutir. Il s'est montré favorable à la dynamique unitaire qu'il a suscitée dans les rangs de l'opposition. Pour autant Benflis se distingue du segment de l'opposition constitutif de la Coordination pour les libertés et la transition démocratique (CNLTD) et d'autres personnalités nationales, Mouloud Hamrouche notamment, par les préconisations qu'il prône pour aller à la transition démocratique. Si pour ces acteurs politiques cette transition doit être préalablement mise en place, pour Ali Benflis elle ne peut s'envisager qu'après que des élections libres et démocratiques auront permis d'identifier les dirigeants et acteurs politiques de la base au sommet qu'elles légitimeront en les dotant d'une représentativité leur permettant de prétendre être mandatés par le peuple souverain. Contrairement donc à ses autres partenaires de l'opposition, l'ancien chef du gouvernement préconise donc de passer par la case élections avant d'aller à la transition démocratique. Des élections dont il dit que l'organisation et le contrôle doivent être confiés à une instance indépendante qui serait souveraine dans l'exercice de sa mission et jouissant de compétences exclusives pour tout ce qui concerne les processus électoraux directement ou indirectement. Sauf que, comme la CNLTD qui n'a pas expliciter comment elle entend contraindre le pouvoir à admettre que la transition démocratique est un passage obligé et le forcer a en négocier avec l'opposition le processus et les étapes, Benflis ne nous éclaire pas, lui aussi, comment emmener ce même pouvoir à accepter la constitution d'une instance électorale nationale et véritablement indépendante de lui et de ses clans. La CNLTD avait exprimé cette revendication pour l'élection présidentielle d'avril 2014. Le pouvoir lui avait opposé une fin de non recevoir catégorique. Ce que Benflis candidat avait dénoncé en accusant non sans fondement que le refus du pouvoir n'augurait pas d'une élection présidentielle transparente et régulière. La démarche préconisée par l'ex-chef du gouvernement ne peut se matérialiser que si le pouvoir fait sien le diagnostic de la crise nationale que développe l'opposition et en tire la conclusion que, l'élection présidentielle de 2014 ne l'ayant pas doté de légitimité, le retour au suffrage universel avant terme du mandat de Bouteflika est l'unique façon d'entamer un processus de résolution de cette crise pacifiquement et démocratiquement. Depuis avril 2014 l'on assiste au contraire dans le pays à un verrouillage politique que le pouvoir justifie justement par la légitimité électorale que lui aurait procuré ce scrutin. Benflis comme la CNLTD, après avoir dessiné les contours de leurs projets politiques, sont dans l'obligation de convaincre les citoyens et la société civile qu'il est possible d'atteindre l'objectif commun aux deux.