Rien ne semble empêcher cette frénésie des prix et de la spéculation. C'est devenu une coutume à l'approche de chaque fête religieuse. Certains commerçants y trouvent l'opportunité pour renflouer leurs caisses. Le consommateur, ils n'en ont cure. Les maquignons ont décidé de « faire la peau » aux acheteurs. Les marchands de fruits et légumes achèveront le « travail ». Les chefs de familles ne savent plus où donner de la tête, après les dépenses de Ramadhan, de l'Aïd el Fitr et, il ya quelques jours, de la rentrée scolaire. Et voilà que dans moins d'une semaine l'Aïd El-Adha arrive. « Oui, c'est l'Aïd de tous les sacrifices, il vient couronner toutes les dépenses précédentes », soupire un père de famille rencontré chez un épicier. Venu faire quelques emplettes pour l'Aïd, ce fonctionnaire père de quatre enfants a abordé le sujet de la hausse des prix avec un voisin. « Avec un salaire de 25.000 dinars, je ne peux pas me permettre un mouton, ni un petit agneau. A défaut, je vais acheter deux kilos de viande fraiche, quelques fruits et un peu de limonade pour faire plaisir à mes enfants le jour de l'Aïd. On organisera un petit barbecue. Un peu de fumée et quelques odeurs de viande grillée pour le décor ». Comme lui, nombreuses sont les familles à petites et moyennes bourses qui ne pourront s'offrir, cette année, ce fameux mouton. En effet, comme chaque année à l'approche de l'Aïd El-Adha, la disponibilité du mouton sur le marché, ainsi que le prix auquel il sera cédé, dominent l'actualité du citoyen. Les pères de famille, qui ne prêtent aucune attention à cette question durant le reste de l'année, commercent à s'y intéresser de plus près, à mesure que l'échéance de l'achat approche. Le prix du mouton est, cette année, hors de portée des bourses considérées pourtant parmi les plus «confortables». Au nom de la liberté des prix inhérente à une économie de marché, le prix d'une bête a pris plusieurs milliers de dinars supplémentaires en l'espace de quelques mois. Situation qui n'arrange guère la plupart des familles, notamment celles qui sont nombreuses et de classes démunies, voire même moyennes. Un agneau plus ou moins engraissé est entre 40.000 et 45.000 DA. L'an dernier, on pouvait l'avoir à 30.000 ou 35.000 dinars. C'est dire la flambée. Un authentique bélier est cédé, pour sa part, à partir de 50.000 DA et plus. Son prix a même atteint les 70.000 dinars. La barre a été franchie. De leur côté, les fruits et légumes n'échappent pas, eux aussi, à la folie des prix. On n'est plus dans la loi de l'offre et de la demande. Les marchands en profitent allègrement, voracement ! La tomate et la courgette affichent les 100 DA, les haricots verts s'apprêtent à franchir la barre des 150 DA, le kilogramme de pomme de terre se situe dans l'étroite fourchette comprise entre 70 et 80 DA. L'oignon a gagné 20 DA pour atteindre 60 DA. Les fruits sont également touchés par cette hausse. La pomme locale vaut entre 100 et 150 dinars le kilo, les poires locales entre 80 et 180 dinars, alors que son prix était de 140 DA il y a à peine une semaine. Les bananes sont à 180 DA alors qu'elles étaient cédées entre 150 et 160 DA la semaine dernière. Quant au poulet, il est affiché à plus de 300 DA le kg. Les petites bourses notamment souffrent le martyre quotidiennement pour espérer faire quelques emplettes, mais finissent tout de même par acheter mais en petites quantités. Il est pratiquement dit ou acquis que tous les foyers algériens n'accompliront pas le rituel du sacrifice du mouton, à moins que pour ne pas déroger à la règle pour certains de faire contre mauvaise fortune bon cœur, tandis que pour d'autres de s'endetter un peu plus. Certains déposent leurs bijoux à la BDL et contractent des prêts sur gages. D'autre part, en prévision de la fête de l'Aïd, 46 points de vente ont été désignés par les services agricoles et l'inspection vétérinaire pour abriter la vente du cheptel ovin à travers la wilaya d'Oran. Toutefois, suite à l'apparition de la fièvre aphteuse à Misserghine et Mers El Kébir, aucun point de vente n'a été autorisé sur une distance de13 km. Ainsi, à Misserghine, Boutlélis, Mers El Kébir, Aïn El-Turck, El Ançor, Bousfer et Aïn El-Beida, aucun point de vente de proximité n'a été ouvert. Dans un contexte d'épizootie de la fièvre aphteuse, les autorités ont interdit la vente dans des locaux inadaptés afin de limiter la propagation de la maladie. Pour qu'un site soit autorisé, il faut qu'il réponde à un certain nombre de critères d'ordre hygiénique et sécuritaire. Ainsi, toute vente de cheptel en dehors des périmètres autorisés est strictement interdite. Toutefois, des points de vente illicites continuent d'apparaître dans la wilaya, même aux endroits interdits comme Aïn El-Beida et autres. Des sanctions théoriquement sévères n'arrivent pourtant pas à dissuader les vendeurs clandestins. La menace de saisir les troupeaux proposés à la vente en dehors des espaces réservés ne semble ni efficace ni respectée. Lors d'une tournée dans la ville et ses environs, nous avons pu, sans difficulté, compter au moins six (06) points de vente clandestins à Sidi El Houari, Boulanger, Medioni, El-Hamri, Aïn El-Beida, entre autres. Fait curieux, les vendeurs ne semblent pas faire d'efforts pour se cacher. Il y a même des endroits qui affichent leur activité ouvertement Ainsi, au sein des quartiers, des locaux ont été transformés en étables pour la circonstance. D'autre part, les commerçants saisonniers investissent déjà les artères de la ville d'Oran. Ils proposent, depuis quelques jours déjà, toutes sortes de produits en rapport avec le rituel du sacrifice de l'Aïd-El-Adha. Mais leur nombre a sensiblement baissé par rapport aux années précédentes. Mais, cette année, tout le monde s'accorde à dire qu'aucune ambiance de fête de l'Aïd El-Adha n'est perceptible.