Presque une semaine après la prise de la ville de Ménaka, par des milices pro-gouvernementales, la Coordination des mouvements de l'Azawad (CMA) a exigé leur retrait, immédiat et sans conditions. Le communiqué de presse de la CMA, daté du 1er mai et signé par Mossa Ag Attaher, le porte-parole du Mouvement national de Libération de l'Azawad (MNLA), accuse Bamako d'«agression» et de violer le cessez-le-feu, conclu le 23 mai 2014 à Kidal, sous les auspices de l'Union africaine (UA). La Coordination affirme souscrire «totalement» aux appels des partenaires de la déclaration d'Alger «demandant l'arrêt des hostilités» en exhortant ces derniers «à user de toute leur influence pour ramener le gouvernement du Mali à la raison». La CMA se positionne dans cette guerre des mots, en rappelant «son droit légitime de défense» alors que la presse gouvernementale rapportait que dans le cadre de la signature de l'Accord de paix, prévue le 15 mai à Bamako, certaines composantes de la plate-forme ont entrepris une campagne de sensibilisation dans la localité d'Azolt, à une quarantaine de kilomètres de Ménaka, lorsqu'elles ont été attaquées par les hommes de la CMA, leur attribuant la paternité des troubles. Cette montée de la violence, du reste condamnée par la Communauté internationale, risque de porter un sérieux coup à l'Accord de paix qui devait être paraphé, le 15 mai prochain, dans la capitale malienne entre les mouvements touareg et le gouvernement. La prise de Ménaka, au nord-est, le 27 avril dernier, par les milices d'autodéfense du Gatia, connues pour être proches de Bamako, a ouvert la porte à une logique de riposte armée puisque la rébellion a attaqué, deux jours plus tard Léré, près de la frontière mauritanienne. Des combats qui ont fait près de 20 morts et une vingtaine de blessés, selon le ministère malien de la Défense, dont 9 soldats et 10 rebelles. Pour sa part, la CMA a revendiqué une douzaine de prisonniers et plusieurs morts dans les rangs de l'armée régulière. L'enjeu premier de cette nouvelle flambée de violence est, évidemment le paraphe de l'Accord qui serait, selon certaines sources, remis en question par la CMA. Le Conseil de sécurité de l'ONU, lui, a réitéré, ce vendredi, son appel aux deux camps à signer comme prévu cet accord. Certaines lectures voient dans la chute de Ménaka, la première ville occupée par la rébellion, en janvier 2012, une vulnérabilité militaire de la Coordination devant Bamako et l'opinion internationale et un début de scission à l'intérieur même de sa composante qui reproche au MNLA son intransigeance, à propos des pourparlers inter-maliens. Pourtant le communiqué de ce 1er mai, signé, précisément par le porte-parole du MNLA, suggère que le divorce n'est pas encore consumé et les prochaines heures devront être déterminantes pour l'avenir de ce fameux accord de paix. Rappelons qu'à propos de ce dernier, le chef de la diplomatie algérienne avait annoncé que l'accord, paraphé à Alger, le 1er mars dernier, sera signé le 15 mai prochain à Bamako alors qu'une première date avait déjà été annoncée pour le 15 avril, à Alger. Il avait précisé que «cette signature se fera avec le soutien de la Communauté internationale et la participation de tous les acteurs maliens». La médiation internationale au dialogue malien, conduite par l'Algérie, avait avancé des garanties sur «la mise en œuvre de l'accord, effective et complète, selon des modalités et un calendrier d'application». Pour rappel, l'accord a été paraphé, à Alger, par Bamako et certains mouvements politico-militaires du Nord engagés dans la plate-forme d'Alger, sous la supervision d'une médiation internationale. Pourtant, et dès le départ, la CMA a refusé de le cautionner, en demandant du temps pour l'expliquer à ses militants réfractaires. Sur le terrain, à Kidal, à Ber ou à Ménéka, les pro-Azawad avaient souligné les limites du texte qui n'intègre ni l'autonomie ni le fédéralisme dans le projet d'accord de paix.