« La lettre impliquant l'Armée Nationale Populaire dans le soutien à un responsable politique» est qualifiée de «gravissime» par Ali Benflis pour qui il s'agit d'une initiative totalement «inédite». L'ancien chef de gouvernement fait part d'un «sentiment de consternation quant au caractère hasardeux et inconsidéré de l'implication d'une institution constitutionnelle dans un domaine purement partisan». «A travers cette initiative, ce sont trois fautes majeures qui ont été commises simultanément : une faute morale, une faute politique et une faute constitutionnelle. Une faute morale dans la mesure où la lettre en question octroie le monopole du patriotisme à un parti et l'érige en dépositaire unique et exclusif de l'Histoire et de la Mémoire nationales», affirme Benflis dans un communiqué. Il estime qu'il y a une «faute politique» dans la mesure où cette lettre «implique nos forces armées dans le domaine de la compétition politique qui n'est pas le leur», et une «faute constitutionnelle» étant donné que «ladite lettre ignore le statut d'institution républicaine de l'ANP et porte directement atteinte à l'esprit et à la lettre de la Constitution dont les dispositions pertinentes déterminent rigoureusement les tâches nationales qui lui sont assignées». Le président de Talaie El Houriat, dont le congrès constitutif est prévu samedi prochain, considère aussi que la missive de Gaïd Salah «traite avec beaucoup de légèreté le fait que l'ANP est le bras armé du peuple et qu'en tant que telle, elle ne peut être solidaire d'une partie contre les autres». Pour lui, l'armée doit être «le rempart de la République et non d'un parti ; et qu'elle est une armée populaire et que, de ce fait, elle doit s'interdire de se comporter d'une manière qui introduit les germes de la division au sein de la composante unie de ce même peuple». «Nous voyons tous que cette lettre s'insère dans le contexte général de la vacance du pouvoir et de la déshérence des institutions et qu'elle s'inscrit clairement dans une stratégie qui se met en place et par laquelle le régime politique tente d'en sortir en se reproduisant ou en se clonant», ajoute-t-il, considérant que «cette stratégie du désespoir est lourde de périls pour l'Etat national».