L'Algérie se positionne par rapport aux relations conflictuelles entre Riyad et Téhéran après la rupture de leurs relations diplomatiques. Ou plutôt ne se positionne pas restant fidèle à ses principes de non-ingérence. Si Alger regrette «profondément» la détérioration des relations bilatérales, elle préfère le discours de la raison à l'escalade, appelant les deux parties à «la retenue», au «dialogue» et à «la négociation». Le communiqué d'hier des Affaires étrangères s'inscrit dans la pure lignée de la diplomatie algérienne non alignée, privilégiant les voies du dialogue pour le règlement des conflits. Même si Alger ouvre une parenthèse sur les principes devant régir les relations entre Etats, «non-ingérence dans les affaires intérieures» et «protection de l'inviolabilité des représentations diplomatiques et consulaires en tous lieux et en toutes circonstances», deux griefs retenus par l'Arabie Saoudite contre l'Iran, son positionnement risque d'être interprété autrement par la monarchie wahhabite. Dire que les relations entre Alger et Riyad ne sont pas au beau fixe est un doux euphémisme et dans la logique des Al Saoud c'est «être avec moi ou contre moi», ce que le Soudan et le Bahreïn ont pris à la lettre, rompant également leurs relations diplomatiques avec la République islamique. Et c'est à partir de ce minimum syndical que l'Algérie va être jugée. En effet, les tensions entre Algériens et Saoudiens se sont accrues cette dernière année avec le refus d'Alger d'intégrer la coalition arabe menée par Riyad pour frapper le Yémen, l'incident de l'A330 d'Air Algérie rapatriant nos expatriés de Sanaa ou encore les accusations saoudiennes contre notre pays de ne pas s'impliquer suffisamment dans la lutte antiterroriste. Les fuites de Wikileaks consacrant définitivement le regard que nous porte Riyad. Pourtant, l'Algérie s'est toujours montrée conciliante avec cette monarchie pesante qui est en train de nous étrangler économiquement à cause de sa guerre du pétrole déclarée contre la Russie et l'Iran. Ne répondant jamais aux provocations des Saoudiens, Alger les a même soutenus lors de la catastrophe de Mina, préférant ne pas prendre position avec les autres pays qui ont demandé une réflexion sur l'organisation du Hadj. Dans sa fuite en avant, le Royaume, premier exportateur de pétrole et de terrorisme, joue au pyromane allant au bout de sa génétique logique guerrière. Acculé sur le dossier de la lutte antiterroriste, il décrète une nouvelle coalition sunnite pour aller combattre Daech et «toutes les formes de terrorisme» sans même en aviser les pays embarqués. En fait, une armée arabe qui sera envoyée sur ordre des Américains pour servir de chair à canon en Irak et en Syrie. Alger se retrouve malgré elle dans une position inconfortable, accusée de faire front avec Téhéran en ne se solidarisant pas avec les Saoudiens.