La secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT) affirme détenir des «éléments» impliquant l'ancien ministre de l'Energie, Chakib Khelil, dans une entreprise de «haute trahison» contre l'Algérie. « J'ai en ma possession des éléments impliquant Chakib Khelil dans une entreprise de haute trahison» en association «avec des parties liées à des services étrangers», a déclaré hier Mme Louisa Hanoune, lors d'une conférence de presse organisée au siège du parti pour faire part des résultats des travaux du Comité central (CC) du PT notamment sur la question de la révision constitutionnelle. Invitée à en dire plus, Mme Hanoune s'est abstenue expliquant que c'est «trop sensible» et qu'elle n'a «pas le droit d'influer sur le procès (Sonatrach 1, ndlr) en cours». Mais, dit-elle, sans donner de détails, «Chakib Khelil s'est comporté comme un ennemi du pays» évoquant aussi une «mafieutisation' des transactions internationales». C'est aussi de «lutte contre la mafieutisation' de l'économie» qu'il a été question dans la déclaration de la SG du PT qui estime que la loi de finances 2016 (LF 2016), dont certaines dispositions sont considérées comme une «menace», pousse à «l'effondrement du pouvoir d'achat» et à «l'extrême pauvreté des couches vulnérables» de la société. Selon elle, le CC du PT a donné des instructions pour «chercher les voies de l'unité d'action avec les forces politiques et les syndicats» pour lutter contre ces «dangers», et a appelé à «la vigilance extrême» contre «les menaces qu'encourent les entreprises publiques économiques et le domaine privé de l'Etat» avec les dispositions de la LF 2016. REVISION CONSTITUTIONNELLE LOIN DES PROMESSES A propos du renouvellement de la composition du Conseil de nation, Louisa Hanoune, dont le parti «n'est pas directement concerné», affirme qu'au PT «on avait peur qu'un mafieux soit désigné à la tête de cette institution», et dit exprimer son «soulagement» car «le président du Sénat est un homme d'Etat». Mais, ajoute-t-elle, «parmi les nouveaux élus (au Conseil de la nation, ndlr), il y a des mafieux qui ont acheté leurs postes». A ce sujet, elle estime que la révision constitutionnelle «n'aura pas de sens si elle n'intègre pas le combat contre la «mafieutisation» de la politique». A propos de la révision constitutionnelle, Louisa Hanoune estime que le projet rendu public est «loin des promesses faites par le président de la République en 2011» dont la principale était de «rendre la parole au peuple». Elle signale «quelques avancées» et des «contradictions». C'est le cas, dit-elle, de tamazight dont elle s'étonne qu'il ne soit pas officialisé au même titre que la langue arabe qui bénéficie d'un statut de «langue officielle de l'Etat». Elle regrette aussi que le projet de la révision de la Constitution n'interdise pas la «transhumance politique», notamment dans l'article 100 ter où «un alinéa a été ajouté qui donne à un député qui a démissionné ou exclu de son parti de garder son mandat en qualité de député non affilié». Louisa Hanoune regrette aussi que la «dépénalisation de l'acte de gestion n'ait pas été incluse» dans le projet de révision de la loi fondamentale. Elle affirme sa satisfaction de la «limitation» du «recours aux ordonnances» et d'accorder à l'APN un droit de regard sur les accords internationaux. Le PT estime aussi nécessaire d'inclure le recours au référendum. A propos de la «confiscation des fortunes mal acquises», le PT s'interroge sur les mécanismes à mettre en œuvre pour appliquer cette disposition. Le parti regrette aussi que le projet de révision constitutionnelle ne «clarifie pas la nature du régime». «Ce n'est pas un système présidentiel» et il «n'y pas de séparation des pouvoirs», affirme Louisa Hanoune qui trouve que l'amendement de l'article 74, relatif au nombre de mandats, «est une honte». Elle affirme que son parti «n'est pas favorable à la limitation des mandats», mais que le «peuple doit pouvoir révoquer ses élus même à mi-mandat». «Nous ne sommes pas mieux que la Grande-Bretagne ou l'Allemagne qui permet un nombre illimité de mandats», dit-elle. NEZZAR PAS DE COMMENTAIRES Invitée à commenter les récentes déclarations de Khaled Nezzar, la SG du PT s'est abstenue, affirmant que le parti a «d'autres priorités ( ) même s'il s'agit de rétablir un fait historique». A propos de l'interdiction faite aux binationaux pour l'accès aux hautes responsabilités de l'Etat, Louisa Hanoune estime que la «question est assez complexe». Sans apporter des réponses franches, pour ou contre cette disposition prévue dans le projet de révision constitutionnelle, elle appelle à «mettre des garde-fous». «Je n'ai pas la formule idéale, je n'ai pas envie d'être catégorique, mais on peut envisager de demander l'abandon de la deuxième nationalité quand une personne est appelée à occuper un poste de haute responsabilité au sein de l'Etat», dit-elle. Et d'ajouter : «On a des responsables qui n'ont pas la double nationalité mais qui sont acquis à l'étranger». Quant à la question de la «résidence», la SG du PT estime que «c'est illogique».