L'arrêt des combats en Syrie âprement négocié par Moscou et Washington et au respect duquel ont souscrit les belligérants syriens des deux camps à l'exclusion des groupes armés considérés comme appartenant aux organisations terroristes Daech et le Front El Nosra, devrait être effectif depuis la nuit écoulée. Mais bien peu sont les observateurs à miser que l'accord russo-américain met fin à la confrontation armée entre le régime de Damas et la rébellion armée. Ce qui pousse au pessimisme est la complexité sur le terrain ainsi que les calculs inavoués auxquels s'accroche un camp comme l'autre et entendent les réaliser quitte à violer l'accord de cessez-le-feu. Les Etats-Unis eux-mêmes pourtant parrains de l'accord ne s'illusionnent guère sur la durabilité de l'arrêt des combats, ce qu'a laissé transparaître leur secrétaire d'Etat John Kerry en révélant qu'il existerait un plan «B» qui sera mis en exécution en cas d'impossibilité d'application de l'accord convenu avec la Russie. Le risque de l'échec de celui-ci vient de l'ambiguïté dont pourraient faire montre les groupes de la rébellion armée concernés par la trêve dans leur attitude à l'égard des combattants des organisations terroristes qui y sont exclus qui participent à leur côté au siège de localités sous contrôle des forces du régime ou à la défense contre celles-ci de celles qu'elles contrôlent elles-mêmes. Le régime a clairement fait s'avoir qu'il poursuivra la lutte contre ces organisations terroristes et l'accord russo-américain lui en a expressément reconnu le droit. La question est donc de savoir si la rébellion «modérée» a la capacité là où s'impose le cessez-le-feu entre elle et les forces du régime d'empêcher, en les neutralisant, les groupes armés terroristes qui y sont présents et nullement disposés à respecter l'arrêt des combats. Les Américains sont en fait piégés pour avoir surévalué le poids de la rébellion «modérée» dans le confit syrien et prétendu que celle-ci est en situation de contribuer à la mise en application de l'arrêt des combats. Il y a aussi qu'ils sont en permanence dans le double jeu sur la solution du conflit en Syrie. En effet, dans le même temps qu'ils ont fait semblant de soutenir l'option d'une solution politique négociée entre les parties syriennes préservant le caractère unitaire de leur pays, ils ont réuni tous les ingrédients qui la rendent impossible ce dont ils se prévaudront pour recourir au plan «B» dont a fait état John Kerry. Et ce plan «B» dont des sources informées ont révélé la teneur n'est rien d'autre que la séquence du plan du Grand Moyen-Orient réservée à la Syrie. A sa voir sa dislocation en entités indépendantes ayant un socle identitaire basé sur le communautarisme ethnique ou confessionnel. En faisant l'annonce de l'existence d'un plan «B», John Kerry a en fait clairement fait comprendre que son pays ne tient pas tant que ça à un cessez-le-feu dont l'observation préserverait les chances d'existence d'une Syrie unie où ses composantes ethniques ou religieuses vivraient en harmonie et que son viol sera prétexte pour eux à leur intervention pour faire aboutir leur dessein pour ce pays. Et ce viol, ils l'imputeront bien entendu systématiquement au régime qu'ils n'ont pas renoncé à abattre.