A Munich, les principaux acteurs internationaux du dossier syrien sont tombés d'accord, à l'issue d'intenses négociations dans la nuit du jeudi 11 au vendredi 12 février, sur un arrêt temporaire des combats dans un délai de sept jours. Le secrétaire d'Etat américain John Kerry qui en a fait l'annonce à la presse a également fait savoir qu'un groupe de travail piloté par l'ONU va se réunir dès ce vendredi à Genève pour mettre en œuvre le volet humanitaire consistant en l'accès de l'aide de cette nature aux populations des villes et localités assiégées. Les conditions exactes de l'arrêt temporaire des combats annoncé à Munich sont encore floues. Ce qui semble être la preuve que les parties qui ont souscrit à son principe ne se sont pas encore entendues sur elles. Il est par exemple évident qu'elles divergent sur qui est concerné par l'interruption des combats. Si pour les Américains ne sont pas concernés uniquement Daech et le Front El Nosra, considérés comme organisations terroristes par le Conseil de sécurité des Nations unies, pour les Russes le listing des groupes armés qui doivent en être exclus englobe d'autres organisations telle celle des « Ahrar Echam » dont la matrice idéologique est identique à celle de Daech et El Nosra, mais sont présentés par leurs sponsors occidentaux et régionaux comme composantes de la rébellion « modérée » syrienne. Il n'est par conséquent pas acquis qu'il y aura un arrêt des combats en l'absence d'une clarification sur ce point entre les camps des pro-régime et pro-rébellion armée. Il est par exemple avéré qu'à Alep dont le siège par les forces loyalistes au régime a fait que les acteurs internationaux du conflit conviennent du principe d'une trêve des combats pour raison «humanitaire», ce sont les combattants d'El Nosra appuyés par ceux des groupes armés islamo-salafistes considérés comme terroristes par Damas et Moscou qui résistent encore dans les quartiers de la ville non encore repris par l'armée syrienne. Les quelques éléments armés se revendiquant de l'Armée syrienne libre qui restent dans la ville parviendront-ils à imposer aux premiers l'exécution des clauses de l'arrêt des combats convenu à Munich ? Les parties ayant souscrit à ce dernier n'y croient apparemment aucunement d'où le délai d'une semaine qu'elles ont mis à son entrée en vigueur à l'évidence pour permettre à l'armée syrienne appuyée par l'aviation russe de briser la résistance des combattants d'El Nosra et des groupes islamo-salafistes qui les épaulent. Qu'il soit clair que l'arrêt des combats qui a été parrainé à Munich n'est pas un cessez-le-feu qui va geler les positions que les belligérants occupent, mais qu'il vise uniquement à permettre de soulager quelque peu les populations qui en subissent les dramatiques conséquences. Le règlement du conflit syrien ne deviendra envisageable que lorsque les acteurs internationaux qui y sont mêlés, Américains et Russes en particulier, parviendront à s'entendre sur une solution politique. L'échec des réunions de Genève et l'accord on ne peut plus flou de Munich sont la preuve que l'entente entre ces parties est loin de s'être dessinée. Pour aussi flagrante que soit la raison humanitaire à mettre fin à ce conflit odieux, celle de l'intérêt national respectif pour chacune d'elles prime dans leurs négociations.