Les partenaires économiques et sociaux ont pris acte, hier, du nouveau modèle économique de croissance que le gouvernement a élaboré, sous les auspices «de nombreux experts qui ne sont pas dans l'administration.» La précision, c'est le Premier ministre qui l'a faite, hier, à l'ouverture, à la Résidence d'Etat El Mithak', des travaux de la 15ème Tripartite, en présence comme son nom l'indique des membres du gouvernement, de l'UGTA et des organisations patronales publiques et privées. Par «de nombreux experts qui ne sont pas dans l'administration», Sellal veut, certainement, dire qu'ils n'ont rien à voir avec le pouvoir, qu'ils ne peuvent être, par conséquent, ni complaisants ni médiocres. C'est peut-être le seul élément nouveau qui sort du cadre de la «rituelle» tripartite dans lequel «les partenaires» s'essaient, depuis les années 90 ; époque de «la consécration du dialogue social» par les autorités politiques du pays, à l'art du verbiage avec une loquacité lassante. Au regard de l'atmosphère qui y régnait, hier, à El Mithak', il serait hasardeux de croire que ces mêmes responsables politiques, syndicalistes, patrons publics et privés, responsables d'institutions, sauront sortir l'Economie nationale de la rente des hydrocarbures vers la production et la productivité de richesses diverses et d'emplois. Le Premier ministre a expliqué, dans son discours, que «le nouveau modèle de croissance intègre un cadrage budgétaire sur les court et moyen termes, réaménagé en fonction des éléments factuels de conjoncture, tout en maintenant les objectifs de croissance et d'édification d'une économie émergente, fixés par l'Autorité politique.» Habitués qu'ils sont à dépenser, sans compter, l'argent du pétrole, les deux doigts dans le nez et les pieds sur la table, ceux qui ont toujours animé les 18 tripartites précédentes et celle d'hier, n'ont, certainement, pas eu le temps nécessaire d'avoir l'étoffe de véritables gestionnaires, au courage et à la volonté politiques avérés, d'hommes d'affaires «producteurs» de richesses, évoluant librement, sans compter sur l'appui ou le repêchage de l'Etat, et de syndicalistes, à la parole ferme et l'acte libre, loin des compromissions. «On ira vers un endettement qu'on pourra rembourser» Hier, les intervenants s'écoutaient parler avec la même intonation et la même suffisance d'il y a plusieurs années. Il serait curieux de savoir comment des esprits, nés et grandis assistés, pourront-ils apprendre à produire et à construire avec la sueur de leur front et leur propre argent. Il faut admettre que le discours politique a semé et préservé la culture de la prétention jusque dans les esprits les plus téméraires et les moins corrompus. La Tripartite d'hier a consacré toute une matinée, de sa seule journée de travail, à des discours redondants et récurrents sur le comment du pourquoi l'Economie nationale doit changer de cap. Ils dressent, tous, des modèles économiques dignes d'une relance réelle et d'un développement moderne. Mais, en évidence, sans résultats depuis que ces «grands» orateurs se sont habitués à animer une tribune solennelle, sans trop d'efforts. Mais, encore une fois, c'est le discours politique ambiant qui permet ce genre de «villégiature» à de nombreux responsables publics et privés qui raffolent du côtoiement des hautes instances. Le secrétaire général de l'UGTA a su repeindre ce piteux tableau, en suggérant que «nous devons décrocher dans le réel notre automatisme mental de l'action économique basée sur son financement par la rente pétrolière.» «Tous nos automatismes mentaux devront changer,» dira-t-il. Automatismes qui ont été reconduits, hier, dans leur totalité dans la gestion des travaux de la Tripartite. Sellal lui-même a avoué que «le problème est dans les mentalités, chacun a un Etat dans sa tête.» Il reconnaîtra que «le problème des financements des investissements et du foncier sont récurrents.» Sellal recommandera au «responsable de l'environnement, (un exemple qu'il a pris), (qui) vous crée des problèmes, occupes-toi du ciel bleu et reste tranquille !» Il rappelle que «les walis ont toutes les prérogatives pour régler le problème du foncier, celui qui a besoin de dérogation, je suis là.» La 19ème Tripartite a été élargie à de nouvelles organisations de femmes entrepreneuses et à 8 walis sur les 48 en poste. Sellal exclura le recours de l'Etat à l'endettement extérieur mais a-t-il dit «on ira vers un endettement qu'on pourra rembourser et non pas d'autres qu'on ne pourra pas gérer.» Beaucoup salueront la nomination «d'un banquier» à la tête de la Banque d'Algérie. Mais s'inquiètent les spécialistes : «dans une conjoncture financière aussi difficile, il faut nommer un macro-économiste et non pas un banquier.» L'on avance d'emblée que la désignation d'un tel responsable plaide en faveur d'un recours du gouvernement «à la planche à billets.» Une pratique que Laksaci, paraît-il, n'a pas voulu assumer L'on dit dans les alcôves de la Résidence El Mithak' que le remaniement du gouvernement est sous le coude du président de la République, ne sachant plus quoi faire devant les scandales qui se suivent : les Panama Papers, le dossier Chakib Khelil, les ministres embourbés dans l'affaire de l'autoroute