C'est confirmé, l'examen du baccalauréat de l'année prochaine sera très différent des années précédentes. Des changements radicaux seront introduits en fonction des évolutions pédagogiques et technologiques actuelles. C'est l'annonce faite jeudi par le ministère de l'Education au dernier jour de la session partielle du bac. On parle de refonte totale qui sera soumise prochainement au gouvernement et qui touchera l'ensemble des épreuves, à savoir le nombre d'heures, la durée et le contenu des épreuves, les coefficients des matières, le contrôle continu, la possibilité d'aller vers des épreuves anticipées, les guides d'élaboration des sujets ainsi que la formation des inspecteurs en charge de la préparation des sujets. L'ancien système ayant montré ses limites après le scandale du bac de cette année et la fuite des sujets via facebook, la refonte est devenue, donc, incontournable afin de préserver la crédibilité d'un examen aussi important. L'inspecteur général du ministère de l'Education nationale, Nedjadi Mseguem, cité par l'APS, a expliqué que « la refonte du baccalauréat a démarré longtemps mais elle se précise avec ce qui se passe sur les réseaux sociaux. Le système actuel a montré ses limites, il y a lieu d'aller vers une réforme totale de l'examen ». Le représentant du ministère a souligné « la nécessité de rectifier l'anomalie touchant la pondération des coefficients des matières ». Pour l'inspecteur général du ministère, les concertations autour de ce dossier ont déjà eu lieu affirmant l'existence « d'un consensus concernant la réduction de la durée des épreuves, limitant l'examen à trois jours au lieu de cinq». Pour étudier tous ces points, M. Mseguem indique que la ministre de l'Education a « suggéré des ateliers qui intégreront plusieurs autres départements ministériels pour mieux réfléchir et baliser toutes les idées que pourrait porter le débat ». Le ministère compte à travers ces ateliers et ces concertations élaborer un schéma de réforme qui sera proposé au gouvernement avant la prochaine rentrée scolaire. Les syndicats favorables à deux sessions du bac Si le ministère parle de consensus avec les syndicats et les associations des parents d'élèves concernant ce dossier de refonte, des syndicats de l'éducation affirment ne pas avoir été associés pour faire des propositions sur cet examen. C'est le cas du CNAPESTE et du CLA qui estiment que si refonte il y aura, elle doit être en concertation avec les gens du terrain qui ont une expérience et une vision des failles de l'ancien système. Pour ces deux syndicats, il est important d'associer dans les débats les enseignants et les inspecteurs et syndicats du secondaire, des acteurs directs dans l'examen du baccalauréat. Le représentant du CNAPESTE, M. Boudiba, a affirmé que jusqu'à présent le syndicat n'a pas été associé pour donner son avis sur les changements à introduire dans cet examen. « Des réunions ont, certes, eu lieu avec d'autres syndicats sans le CNAPESTE au cours du déroulement de la 2ème session du bac». Pour le CNAPESTE, les refontes doivent se faire sur la base d'une évaluation de l'ancien système afin de situer la problématique et déterminer les priorités dans le changement à introduire. M.Boudiba a expliqué sur ce point qu'il « ne s'agit pas de faire des réformes dans la précipitation mais de le faire par étape en revenant sur l'historique du bac ». Parmi les propositions du CNAPESTE, la révision du système d'évaluation et notamment le système des coefficients et aussi la révision des questions directes et indirectes posées au bac. Concernant l'introduction de deux sessions du bac, le CNAPESTE se montre favorable à la condition d'étudier tous les points positifs et négatifs de ce processus. Car, nous dira M. Boudiba, « le but n'est pas de prendre l'élève en otage ». Pour sa part, le porte-parole du CLA, M.Hakem, a tenu à souligner que « le syndicat n'a jamais été associé à ces réformes ». Comme il a insisté pour que « tout changement soit fait en concertation avec les enseignants et non pas avec des syndicats qui ne sont pas en relation directe avec l'enseignement ». Sur les changements à introduire, le représentant du CLA a expliqué que le syndicat plaide pour la réduction des matières du bac, l'annulation des sujets au choix, la réduction de la durée de l'examen et l'augmentation des coefficients pour les matières dites essentielles. Par ailleurs, M.Hakem a proposé qu'il y ait une 1ère session du bac en 2ème année secondaire et une 2ème session en terminale afin de maintenir l'élève toujours actif durant son cursus scolaire du secondaire. Quant au SNAPEST, le coordinateur national, M. Meriane affirme que le syndicat a été associé dans la commission de préparation de la refonte du bac. Ses propositions s'articulent autour de la réduction des jours de l'examen à trois jours, la limitation des matières à composer à six et l'introduction d'une 2ème session pour les matières secondaires en plus de l'introduction de la fiche de synthèse pour l'évaluation de l'élève en termes de discipline et d'assiduité. « Un moyen pour venir à bout de la violence et des absences », selon M. Meriane. Pour le porte-parole du SNAPEST, « le bac équivaut actuellement à un certificat de fin d'étude du secondaire étant donné qu'un élève scientifique peut avoir un 9 dans les matières essentielles et réussir son bac grâce à la compensation des autres matières. La spécificité du bac n'existe plus ». Vers une refonte totale de l'ONEC Concernant, d'autre part, la 2ème session partielle du bac, l'inspecteur général du ministère de l'Education a indiqué qu'elle s'est déroulée «dans de très bonnes conditions» et n'a pas été émaillée par « le phénomène des fuites des sujets » comme ce fut le cas pour l'examen initial. A aucun moment, dira-t-il, il nous a été révélé par les services de sécurité qui nous accompagnent dans la surveillance de ces épreuves qu'il y a eu fuite. Le représentant du ministère a qualifié le taux élevé des absences de «normal», 10% d'absentéisme ayant caractérisé le baccalauréat bis, arguant que chaque année le taux dépasse le tiers. Pour cette session nous sommes à 32.35%, ce qui n'est pas un taux exagéré ». Il qualifie, en revanche, de « légèrement supérieur » le taux d'absentéisme observé chez les candidats ordinaires (1.32 %), comparativement à la session précédente (0.92%). Concernant l'Onec, l'inspecteur général souligne: «je ne peux pas affirmer que la faille réside à l'ONEC et l'on ne peut incriminer personne. Mais ce qui est certain, c'est qu'il y a des dysfonctionnements nécessitant d'apporter de grands changements. L'ONEC doit aller vers une refonte totale». Concernant la fraude au bac qui a vu l'implication de plusieurs personnes, l'inspecteur général a précisé que le dossier « n'est pas encore clos » et que « la justice tranchera bientôt ».