Alger a promptement réagi aux déclarations «anonymes» de l'UE qui a appelé au changement du régime pour intensifier sa coopération économique. Et c'est le ministre des AE, Ramtane Lamamra, qui a dégainé cette fois pour mettre les choses au clair. En guise de réponse, le chef de la diplomatie algérienne a dénoncé un certain nombre d'inexactitudes et rappelé que l'Algérie est souveraine dans ses décisions. Il a estimé qu'il s'agit d'une attaque injustifiée. Que s'est-il passé pour que la diplomatie algérienne se mette en mode défensif après la publication, vendredi dernier, d'un article fouillé de Politico sur une Algérie critiquée pour sa politique par l'Europe ? Avant Lamamra, c'était l'ambassadeur d'Algérie à Bruxelles, Amar Belani, qui est monté au front qualifiant l'analyse du média d'«incongruités spécieuses» et de «supputations subjectives et incongrues». Dans une mise au point adressée à Politico, une démarche exceptionnelle de la part d'Alger, le diplomate remet en cause toutes les informations véhiculées, se moquant des assertions d'une Algérie qui pourrait se retrouver sous la coupe de Daech ou d'Al Qaeda. Ce n'est pas la première fois dans son histoire qu'Alger est ciblée par Bruxelles mais cette fois-ci le choix même de l'organe de presse, Politico, un média politique basé à Washington dont la version européenne est dans la capitale belge, et une attaque, à peine voilée, contre le régime actuel, même sous le sceau d'une source européenne anonyme proche du dossier des relations entre l'Algérie et l'UE, ont contribué à ce tir de barrage. En effet, c'est la première fois que la présidence de Bouteflika est critiquée, la source souhaitant presque la fin de Bouteflika. Politico rapporte que l'élément du blocage n'est autre que le chef de l'Etat. Une attaque frontale contre le symbole même du pouvoir algérien et qui sous-entend encore qu'une opposition interne est prête à passer à l'action. «Ils savent qu'ils doivent changer», indique la même source au sujet des autorités algériennes. Des assertions graves qui pourtant n'ont pas été démontées par la riposte algérienne qui s'est strictement cantonnée à des paramètres de souveraineté économique. Belani assurant que le gouvernement algérien négocie «au mieux des intérêts bien compris» du peuple algérien dans le cadre d'une relation forte avec l'UE. L'Europe a vitalement besoin du gaz algérien, plus proche, mais surtout pour s'assurer sa sécurité énergétique en s'émancipant du gaz russe. La probabilité d'une reprise de la guerre froide entre l'Otan et Moscou ne laisse pas aux Européens beaucoup de latitude et de temps et c'est pour cette raison évidente de l'urgence qu'ils font davantage pression sur l'Algérie.