Présentant son pays comme préoccupé par l'inhumaine situation dans laquelle est la population civile des quartiers de la ville d'Alep sous contrôle de la « rébellion » et assiégés et bombardés par les forces du régime syrien, le duo Hollande-Ayrault a pris l'initiative d'un projet de résolution à faire entériner par le Conseil de sécurité. Ayrault s'est rendu à Moscou pour tenter de rallier la Russie à la proposition française. Sa tentative s'est dolée par l'échec, car non seulement il n'y a pas eu entente franco-russe sur le contenu du projet de résolution proposé par Paris, mais Moscou a également décidé de soumettre sur le sujet au Conseil de sécurité un projet de texte alternatif. Hier, par conséquent, le Conseil de sécurité a été saisi de deux projets de résolution sur la Syrie. Celui de la France réclame l'arrêt des bombardements qu'effectuent les forces du régime sur les quartiers assiégés d'Alep et l'autorisation par Damas de l'acheminement de l'aide humanitaire internationale au profit de la population prise au piège. Non sans raison car instruites par le précédent d'une trêve conclue sur ces bases, la Russie et les autorités syriennes se refusent à donner leur accord à la proposition française qui ne fait obligation qu'à leur camp. Moscou a soumis un projet de résolution qui lui constitue un soutien à l'initiative de l'envoyé spécial de l'ONU Staffan de Mistura lequel demande aux terroristes qui s'accrochent encore dans les quartiers assiégés d'Alep de quitter la ville. Il appelle également à l'application des accords russo-américains sur la Syrie intervenus le 9 septembre et n'ayant pas été respectés par la prétendue rébellion « modérée » qui a refusé de se démarquer des groupes terroristes. L'issue de la délibération au Conseil de sécurité de l'ONU sur les deux projets de résolution ne fait aucun doute. Elle se conclura par leur rejet. La Russie usera de son droit de veto si besoin car les dispositions prévues dans le texte français n'ont pour objectif que de ménager un répit aux groupes terroristes encore présents à Alep mais que le rouleau compresseur des forces du régime est en train de réduire implacablement. C'est un secret de Polichinelle en effet que ces groupes n'ont dû poursuivre leur résistance à l'avance des troupes gouvernementales qu'à l'aide militaire que leurs sponsors étrangers sont parvenus à leur acheminer sous couvert de la précédente trêve. Même formulée par l'envoyé spécial de l'ONU et présentant l'avantage de mettre fin à la situation d'otage imposée à la population d'Alep, la proposition du retrait de ces groupes terroristes de la ville sera refusée par les pays occidentaux siégeant au Conseil de sécurité, car elle signifierait confirmation de la défaite militaire de leurs protégés. A défaut de pouvoir obtenir du Conseil de sécurité qu'il avalise la poursuite du statu quo d'une ville partagée en quartiers, les uns sous contrôle du régime et les autres sous celui de leurs stipendiés en armes, les pays occidentaux vont surmultiplier leur rhétorique sur les crimes de guerre et contre l'humanité qui se commettent à Alep et en Syrie en général mais en ne les attribuant qu'au seul régime et ses alliés. D'ici peu le Front El Nosra sera encensé par leurs soins comme étant en butte à la barbarie et donc méritant leur aide ouverte et assumée.