Les Américains iront voter ce mardi 8 novembre 2016, pour élire le 45e président des Etats-Unis. Pratiquement au coude à coude, ni la démocrate Hillary Clinton ni le républicain et milliardaire Donald Trump n'ont pu vraiment avoir une grosse avance pour se départager sur les intentions de vote, même si la cote est pour Clinton. Insipide selon les spécialistes, la campagne électorale n'a pas vraiment emballé les Américains, si ce n'est les déclarations fracassantes de Trump sur l'immigration, les musulmans, les «latinos'' ou le terrorisme. Mais, d'une manière plus générale, le candidat à la présidentielle, et qui pourrait fort tordre le cou aux sondages en remportant cette élection avec son discours isolationniste fort apprécié dans certains Etats en proie au chômage et à l'immigration clandestine, prône un discours violent et raciste envers les minorités raciales qui forment l'ossature humaine et sociale des Etats-Unis. En bref, Donald Trump, natif de New York et richissime homme d'affaires, dans le volet politique extérieur, voudrait que les alliés des Etats-Unis au sein de l'Alliance atlantique (OTAN) payent plus pour assurer leur propre sécurité. Sinon, il menace de sortir de l'Organisation qui, pour lui, doit se focaliser un peu plus sur la lutte contre le terrorisme et les flots migratoires et moins sur la force de dissuasion envers la Russie. Sur l'organisation Etat islamique (EI), Trump a appelé à sa destruction sans donner plus de détails. Mais plus globalement, son discours contre les minorités religieuses, notamment contre les musulmans qu'il veut chasser des Etats-Unis ou pour renforcer les contrôles aux frontières pour les musulmans, ainsi que ses attaques contre les minorités raciales en particulier les «latinos'', ont donné des points inespérés à sa rivale démocrate. Misogyne, sexiste, xénophobe, violent sont les qualificatifs qu'il a récoltés au sein de l'opinion publique américaine. Trump est, en outre, pour «l'isolationnisme'' et contre les échanges extérieurs. En matière de lutte contre le terrorisme, Trump propose d'autoriser la torture, et a appelé à tuer les familles des terroristes pour dissuader les candidats au djihad. En décembre 2015, après l'attaque terroriste de San Bernardino (Californie), M. Trump envisageait une interdiction totale de l'entrée aux Etats-Unis pour les musulmans, mais s'est rétracté et veut seulement limiter l'interdiction du territoire américain aux ressortissants des «Etats et nations terroristes'', tout en réclamant une extrême vigilance pour les musulmans désirant se rendre aux Etats-Unis. Et pour lutter contre l'immigration clandestine, il veut édifier un mur de 1.600 kilomètres le long de la frontière mexicaine, en promettant que Mexico financerait le projet. En voulant tripler le nombre d'agents de l'immigration, il a annoncé l'expulsion des onze millions d'immigrants sans-papiers qui vivent actuellement aux Etats-Unis, et a promis de revenir sur le droit du sol, qui permet à quelqu'un né aux Etats-Unis d'obtenir la nationalité américaine. Par contre, la candidate démocrate, qui a eu les faveurs du soutien du président sortant Obama, a été quelque peu sonnée par une enquête vite refermée par le FBI sur ses emails lorsqu'elle avait en charge la diplomatie américaine. Mais avec son expérience, Hillary Clinton pense que, sur les relations avec l'OTAN, l'Organisation est un bouclier essentiel qu'il convient de renforcer pour faire face aux velléités d'expansion de la Russie. Dans la lutte contre Daech, elle appelle à un renforcement des raids aériens américains en Irak et en Syrie et souhaite instaurer une zone d'exclusion aérienne en Syrie. Sur la politique intérieure, elle défend autant les musulmans, les «latinos'' que les autres minorités religieuses ou raciales, et son programme est la parfaite réplique de son prédécesseur. Clinton est, contrairement à Trump, favorable aux échanges extérieurs et les grands accords commerciaux. En outre, Hillary Clinton veut lancer une vaste réforme de l'immigration, avec notamment la régularisation des immigrants sans-papiers à condition qu'ils n'aient pas commis de crimes violents. Système électoral complexe Mais quel que soit le vainqueur de ces élections, la politique extérieure des Etats-Unis, en particulier dans certaines régions du monde, au Proche et Moyen-Orient, comme ses relations avec Israël, avec la Russie, ne vont guère changer. Ce qui va changer, c'est juste une personne et un parti, républicain ou démocrate, estiment les observateurs. Pour accéder à la Maison-Blanche, il faut obtenir au moins 270 grands électeurs. Le système électoral américain est complexe et très singulier, car il se peut qu'un président soit élu avec moins de voix de citoyens que son adversaire. En fait, le président des Etats-Unis n'est pas élu au suffrage universel direct, mais par un collège électoral constitué de 538 «grands électeurs» qui, eux, sont élus au suffrage universel dans chacun des Etats du pays. Chaque Etat dispose d'un nombre fixé à l'avance de grands électeurs, en fonction de la population qui y réside, mais les plus petits Etats disposent d'un minimum de 3 grands électeurs. L'Etat le plus peuplé du pays, la Californie, désigne lors de ces élections 55 grands électeurs. Et puis, il y a cette singularité qui fait que dans chaque Etat, toutes les voix sont données au candidat arrivé en tête, quel que soit le résultat, car il suffit, par exemple, d'avoir une seule voix de plus que son adversaire dans l'Etat de Californie pour s'assurer le soutien intégral de ses 55 grands électeurs. C'est ce qu'on appelle le système du «winner-takes-all». Et il y a ce qu'on appelle les «swing states'', là où vraiment l'élection présidentielle aux Etats-Unis se décide, car les scores des deux candidats sont parfois identiques. Les «swing states'' sont une douzaine d'Etats dont la Floride (29 grands électeurs), l'Ohio (18 grands électeurs) ou la Pennsylvanie (20 grands électeurs). Enfin, outre l'élection du président des Etats-Unis, les Américains vont également voter pour désigner les nouveaux membres du Congrès, composé de deux chambres: la Chambre des représentants (435 sièges) et le Sénat (34 sièges à renouveler sur 100).