62 harraga dont 6 mineurs et trois filles ont été interceptés au large de Mostaganem, dans la nuit du dimanche à lundi, par les gardes-côtes lors de deux opérations distinctes. Les candidats à l'émigration clandestine ont embarqué de la plage de Sidi Medjdoub, à l'est de Mostaganem, à bord de cinq embarcations de pêche à moteur. Les harraga, originaires de la wilaya de Mostaganem, ont profité des conditions climatiques idéales et surtout des fêtes du Mawlid pour tenter leur chance. Un premier groupe composé de 27 personnes a été intercepté à 10 miles de la plage de Sidi Medjoub, à bord de deux embarcations, ainsi qu'un deuxième groupe de 35 répartis sur trois zodiacs. Cette tentative d'émigration massive intervient moins de 24 heures après celle qui a vu l'interception de 20 harraga à Oran et Aïn Témouchent. Ainsi, les gardes-côtes de la façade ouest à Oran et Béni-Saf (Aïn Témouchent) ont intercepté deux embarcations transportant des candidats à l'émigration clandestine au large du littoral oranais. Le premier semi rigide transportant 11 harraga a été arraisonné, dimanche dernier, à 2h45 à 5 km au nord de Cap Falcon alors que le second, à son bord 9 harraga, a été repéré à 6h40 à plus de 40 km au nord de Béni-Saf. Cette recrudescence de l'émigration clandestine en direction de l'Espagne à partir des côtes de l'Ouest et de l'Italie à partir des rivages de l'Est a été signalée en aval par les services de sécurité des deux pays cible. Dernièrement, 158 clandestins algériens ont débarqué sur la côte italienne de Sardaigne. Un débarquement massif qualifié par la police, qui a arrêté les harraga, de bien organisé et révélant une nouvelle route de migration entre l'Algérie et l'Italie. Cet épisode consacrait un peu plus la thèse d'une nouvelle voie maritime tracée par les trafiquants qui se concentrent sur la route entre l'Algérie et la Sardaigne. Le fait même que les harraga aient rejoint la côte à bord de petits bateaux en fibre de verre serait la preuve pour les enquêteurs d'un trafic bien organisé par des réseaux de passeurs et que les migrants sont arrivés près de l'île à bord de plus gros bateaux, comme un bateau de pêche ou même un navire, puis répartis sur de plus petites embarcations pour faire le reste du voyage. Une thèse difficilement envisageable à partir de l'Algérie alors que la piste d'une organisation criminelle activant à partir du pays reste à étudier sérieusement. «Ce qui s'est passé aujourd'hui nous fait comprendre que derrière ce phénomène il y a une organisation énorme, ce qui suggère que ces arrivées de migrants aujourd'hui ne se sont pas produites par hasard», a commenté le secrétaire du syndicat de police de Cagliari Sap, Luca Agati. Les officiels transalpins ont noté que les arrivées sont presque quotidiennes. Le même profil des clandestins : Algérien, jeune et toujours en «bonne condition», parfois avec des téléphones mobiles et souvent avec des sacs à dos et des vêtements de rechange. Luca Agati précisera qu'on est loin du portrait-robot des migrants interceptés quotidiennement dans la manche sicilienne par les navires Frontex. Début septembre, Mauro Pili, député et fondateur d'Unidos, le mouvement de libération du peuple sarde, a évoqué la mise à l'eau de 70 embarcations à partir des côtes de Annaba, transportant quelque 350 à 400 clandestins algériens en route vers Teulade, une commune côtière de la province de Cagliari dans la région de la Sardaigne. Mauro Pili avait parlé d'une véritable invasion de Sulcis. Pour lui, cette invasion a été organisée en détail suivant un calendrier basé sur quelques-uns des moyens les plus sophistiqués pour les prévisions météo. Il affirme que ces vagues d'immigration clandestine sont orchestrées par une organisation criminelle qui gère le passage de ces hommes. Il s'interroge sur le rôle des hommes politiques italiens et balaye d'un revers de la main l'hypothèse qui veut que la route entre l'Algérie et la Sardaigne soit occasionnelle et autogérée et avait appelé le gouvernement à des solutions pour sauver des vies.