L'autre jour à la télé, j'ai entendu une drôle expression sortir de la bouche d'un comédien au cours d'une engueulade dans le film programmé dans la soirée. «Avoir le seum». Façon de dire, j'ai les boules. Un vocabulaire français qui ne cesse de nous surprendre avec sa variété d'expressions. Une locution étonnante, avec une racine algérienne. Une phraséologie avec un sentiment d'exaspération. L'origine de cette formule provient probablement du milieu de l'émigration. Un parler purement maghrébin. Un style de langage original, appartenant à la communauté des jeunes beurs depuis peu de temps. On dit qu'on a le seum au corps, lorsqu'on est dégoûté, énervé ou en colère. Le mot «seum» en arabe veut dire poison. Et dire que les Français ne se sont pas gênés hier pour venir conquérir le pays et en plus nous emprunter notre riche patrimoine immatériel. Les roumis ont pioché jusqu'à la dernière lettre dans le glossaire algérien pour enrichir le vocabulaire français. Le seum est un mot français d'origine arabe. C'est de l'argot hexagonal. Avoir le seum, est une expression qui a sa définition dans le dictionnaire de la langue française. C'est une expression de la dernière pluie. Les ados ont souvent le juste mot sur le bout de la langue pour signifier leur aversion. Une façon de décrire et d'exprimer leur frustration. Quand le seum habite le corps, il faut le transmettre à quelqu'un, dit la formule. Et pour décolérer, on lâche son poison pour se libérer de l'agacement qui gâche le bonheur. Tout n'est pas rose dans la vie. L'existence est difficile à vivre dans ces moments frémissants, et le temps est empoisonné par la routine tueuse. Le seum a atteint son summum, et les langues de vipères sont sur le qui-vive. L'Algérien est irascible par tradition. On dit souvent, qu'il est réputé avoir du seum dans son franc-parler. Le seum ou sem, comme on l'appelle chez nous, est une substance qui tue sans morsure. L'homme se comporte comme un reptile quand il se sent menacé. Le venin tue l'ennui et l'ennemi. Quand quelqu'un a la langue acerbe, on dit qu'il crache du venin, « l'sene mesmoume ». Avoir le seum ou de la haine c'est du kif-kif, cela agit comme du poison sur l'esprit et le corps. A chacun sa méthode pour envoyer son seum ou le semer. Il y en a qui trempent leur plume dans du poison pour dire. Tandis que d'autres envoient vocalement des flèches empoisonnés à leurs adversaires avec des mots venimeux pour faire mal. Avoir le seum, c'est vivre la souffrance et la mélancolie qui anéantit l'existence. Quand le mal ronge le corps, il faut un antidote contre le désespoir. Dans le présent, l'environnement est malsain, il est contaminé par cette toxine qui agit sur l'esprit. Pour la neutraliser il faut du sérum anti-venin, malheureusement entre les mains des propriétaires du seum. Dans ces moments d'iniquités, je sens que le seum circule dans mes veines endolories, et me tue à petit feu