Suite à cette affaire du produit suffisamment connu maintenant sous le nom de «Rahmat Rabbi», les herboristes du pays ont connu une situation assez difficile. «Ils étaient montrés du doigt par beaucoup de citoyens et soupçonnés de fabriquer et vendre de la drogue dans l'arrière-magasin de leur commerce», nous a fait savoir hier, d'entrée, l'herboriste constantinois Nadir Guerrache, coordinateur du bureau de wilaya de Constantine de la fédération des herboristes d'Algérie, organe syndical constitué tout récemment pour organiser ce commerce et défendre les intérêts de cette corporation. Notre interlocuteur a ajouté que depuis la fameuse affaire du produit indiqué, les contrôleurs de la direction du commerce étaient devenus très pointilleux, méticuleux à l'égard de leur profession et ont commencé à leur exiger de ne pas vendre tel ou tel produit, etc. «Pourtant, a rétorqué Guerrache, nos produits sont fabriqués à partir d'herbes naturelles et 90 % des herboristes sont honnêtes. Cela ne veut pas dire qu'il n'y a pas des herboristes qui ne respectent pas la loi et la morale. Chaque profession a ses brebis galeuses. Néanmoins, depuis quelque temps, les contrôles et les problèmes qui en découlent se sont multipliés pour les herboristes honnêtes qui ont vécu des situations intenables. Et ce facteur les a poussés à se protéger et à protéger leur commerce et leurs droits. D'où est née l'idée de se constituer en fédération nationale. Maintenant, les herboristes sont totalement rassurés», a affirmé cet herboriste. En réponse à nos questions sur l'état des lieux de la profession, le coordinateur du bureau de wilaya de la fédération des herboristes a indiqué qu'il n'existe pas encore de statistiques fiables au niveau national, mais la wilaya de Constantine compte une trentaine d'herboristes, dont une dizaine au chef-lieu de Wilaya. «Ce n'est pas beaucoup par rapport à d'autres wilayas, tel que celle de Sétif où il a été enregistré près de 250 commerçants de cette catégorie», dira-t-il. «Ce sont les Sétifiens d'Aïn-Oulmane qui tiennent le monopole du commerce des herbes médicinales, a-t-il indiqué. Cette ville est devenue le paradis des herboristes, en ce sens qu'il y a près de 200 magasins de distribution de cette marchandise, tenus par une trentaine de gros importateurs qui ramènent les herbes médicinales de certains pays d'Asie, comme la Chine, l'Inde et la Malaisie». «Ce métier est désigné sous le vocable de «médecine alternative» (Ettib el badil), mais nous nous l'appellerons volontiers «médecine authentique» (Ettib el acil), parce qu'elle nous a été léguée par nos lointains ancêtres qui ne furent pas, loin s'en faut, des charlatans ou des sorciers, mais d'authentiques savants», a fait remarquer Guerrache. Ce dernier nous a informé que «les herboristes de Constantine ont été conviés, lundi dernier, à une réunion à la direction du commerce où ils ont été bien accueillis». «M. Boularak, le directeur du commerce de la wilaya, nous a rassurés et encouragés en nous exhortant à poursuivre l'exercice de notre commerce d'une façon honnête et transparente. Et cela nous a rassurés et encouragés. La médecine par les plantes est en train de se développer à une allure vertigineuse dans notre pays», estime notre vis-à-vis. «Moi personnellement, avoue-t-il ensuite, je suis en train de faire des démarches et de réunir les moyens nécessaires pour le montage d'une entreprise dans ce domaine. Et je souhaite que l'Etat nous crée des centres pour former des gens dans cette spécialité nouvelle, nous organise des sessions de formation afin d'exercer ce métier dans une transparence totale. Ce secteur-là a un intérêt économique indéniable et je suis certain que, de la sorte, nous pourrons fabriquer localement et vendre à des prix modiques les compléments alimentaires et éliminer notre dépendance vis-à-vis de l'éxtérieur.», a expliqué Guerrache.