L'expérience de l'Algérie, qui a vaincu le terrorisme, dans la lutte contre ce phénomène, et la déradicalisation sont devenues un modèle au niveau international et un des grands axes de partenariat de l'Algérie avec plusieurs pays. C'est ce qu'a affirmé hier mercredi à la radio nationale le ministre chargé des Relations maghrébines, de l'Union africaine et de la Ligue arabe, Abdelkader Messahel. «Dans l'agenda international, la lutte contre le terrorisme, la déradicalisation sont devenues des thèmes centraux, sinon prioritaires pour les organisations internationales, en particulier l'ONU ou les organisations régionales», a indiqué le ministre. «Dans notre diplomatie, cette lutte est devenue un thème prioritaire car, avec la décennie noire, l'Algérie s'est inscrite dans une logique de lutte contre ce phénomène». «Aujourd'hui, l'Algérie a acquis une expérience dans la lutte contre le terrorisme, qui intéresse beaucoup de partenaires». M. Messahel souligné encore que «la lutte contre la radicalisation est le thème central aujourd'hui, dont un intérêt pour l'expérience algérienne, et c'est une approche qui avait intéressé pas mal de partenaires, et on a fait une conférence à Alger sur cette expérience». M. Messahel explique que «la déradicalisation, c'est la lutte contre le phénomène de l'exclusion exclusive ; ce sont tous les dispositifs pris par le Président (Bouteflika) à travers la loi et des politiques très concrètes, comme le retour à l'Islam traditionnel chez nous, dépolitiser le rôle de la mosquée, tous ces facteurs ont fait que l'Algérie a réussi cette expérience, et qu'il y a peu d'Algériens dans les rangs de Daech». Selon lui, le nombre d'Algériens au sein de l'Etat Islamique est de quelques «dizaines seulement». Après, «la déradicalisation, c'est l'axe de la démocratie qu'on a mis en place », ajoute M. Messahel. « Ce n'est pas une coquetterie ou un effet de mode ; la démocratie est un choix stratégique et il faut qu'elle prenne sa place et se renforce » en Algérie. Par ailleurs, le ministre affirme que l'Algérie a vaincu le terrorisme. «L'Algérie a retrouvé sa stabilité, ses repères. Le terrorisme a été vaincu. Mais, nous restons vigilants, même s'il y a des aspects résiduels», a-t-il expliqué, relevant qu' «il y a un travail qui est fait et qui fait que l'Algérie a vaincu le terrorisme». Pour autant, les menaces ne se sont pas estompées, selon M. Messahel pour qui il y a des menaces à nos frontières, car lorsqu'on est entouré de zones de turbulences, il y a menace. Les menaces omniprésentes C'est pourquoi l'Algérie a développé de grands moyens, l'ANP est très présente, la menace est très présente, mais tout en renforçant nos capacités nationales, dont l'ANP et les services de sécurité qui veillent, et nous faisons de notre côté que cette menace s'éloigne. Pour le Mali et la Libye, «nous faisons l'effort d'éloigner cette menace en amenant les parties concernées à trouver une solution.», relève le ministre. Dans le cas de la Libye, la dernière réunion de Tunis «n'est qu'une étape dans tous ce que nous faisons. Cela fait des années qu'on travaille sur une solution politique, sur le dialogue inclusif, sur la réconciliation nationale comme solution, nous sommes un pays qui jouit d'une crédibilité pour tous les partenaires, car nous sommes à équidistance des parties concernées et notre principe de non ingérence dans les affaires des autres fait que nous sommes très crédibles auprès des uns et des autres. En outre, nous n'avons pas d'intérêts en Libye, ni de communauté d'Algériens, il n'y a pas de balles qui entrent d'Algérie en Libye, mais une aide humanitaire pour les populations libyennes qui en ont grand besoin», a détaillé le ministre. M. Messahel a en outre annoncé que la prochaine réunion sur la Libye, normalement prévue durant ce mois de mars, se tiendra à Alger. «La prochaine réunion des pays voisins de la Libye va se dérouler à Alger, on attend juste le feu vert de Martin Köbler (représentant de l'ONU)», car «la réunion de Tunis nous a permis de converger nos vues et de se partager la tâche pour ramener les uns et les autres autour de la même table des négociations ». M. Messahel a tenu à préciser qu'il s'agit d'une question « entre Libyens », et « les Libyens ont les moyens, des hommes et des femmes capables de s'en sortir, à condition qu'il n'y ait pas d'interférences». Sur ce chapitre, il a rappelé que l'Algérie est «contre la multiplication des initiatives». «L'idéal, a-t-il souligné, est qu'il y ait une initiative libyenne». Il rappellera l'accord de décembre 2015 à Skhirat (Maroc). Pour le N°2 de la diplomatie algérienne, cet accord politique «est important et est le socle de ce qu'est la Libye aujourd'hui». «Le Conseil présidentiel et le Haut Conseil d'Etat sont une émanation de cet accord politique», a-t-il dit en relevant que lors des discussions inter-libyennes, cet accord «peut faire l'objet de révision. Cela est du ressort exclusif des Libyens. Pas d'ouverture des frontières avec le Maroc Ils peuvent à n'importe quel moment le corriger, l'amender ou revoir sa structure. Mais, l'accord reste le socle. S'il disparaît, il n'y aura plus de légitimité pour les institutions». En outre, il estime qu'il faut qu'il y ait «convergence pour une solution politique et de consensus dans le cadre d'un dialogue inclusif». Dès lors, il rappelle qu' «il faut faire une politique de rassemblement, (et) c'est la politique de l'Algérie». Le ministre rappelle qu'Alger est «pour la non intervention dans les affaires des Etats. Nous sommes pour une solution politique, et c'est une ligne doctrinale» de la diplomatie algérienne. Un accord «ne vaut que par sa mise en œuvre et la volonté des parties prenantes». M. Messahel estime, dans le cas du Mali, qu' «il y a une volonté de dialogue politique, il y a un processus de dialogue interne, et c'est ce qui se passe (au Mali)». «Là aussi, c'est une question de volonté politique et de dialogue entre les parties, qui ont convenu de mettre en place un mécanisme de dialogue permanent». M. Messahel note que les Maliens «se sont rencontrés entre eux et mis en place (hier mardi, Ndlr) les autorités intérimaires de Kidal». Il reste quatre régions dont Tombouctou où doivent être mises en place ces autorités intérimaires. Le ministre algérien a ensuite détaillé que la seconde étape de ce processus de paix au nord-Mali devra être la mise en place de patrouilles mixtes pour «amener la présence de l'Etat dans le nord du Mali». «C'est très important que l'Etat réapparaisse dans certaines zones, et là où il n'y pas d'Etat, le terrorisme et le banditisme peuvent s'installer», a-t-il rappelé. Questionné par ailleurs si les frontières algériennes avec le Maroc seront rouvertes, il a répondu par la négative avant de relever que la stabilité de la région dépend de la mise en place d'infrastructures, dont les routes et les transports, citant l'exemple de la Transaharienne, qui sera bientôt achevée, avec une mission importante pour l'accélération de l'intégration économique sous-régionale. Pour autant, il a affirmé que le Maroc est le principal partenaire économique et commercial de l'Algérie en Afrique. Enfin sur le dossier syrien, M. Messahel a rappelé les vertus du dialogue et de la solution politique, refusant toute négociation avec Daech.