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Le ver dans la terre : signe de son bon humus
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 16 - 03 - 2017

« Tout calligraphe, même médiocre, peut apprendre à écrire d'une manière correcte s'il suit scrupuleusement les lignes d'un cahier ». Ittei Ishida, savant confucéen.
Si le lombric, le ver de terre, n'est pas dans la terre, elle est forcément aride, elle est même stérile. Sa présence dans la terre est le signe de son bon humus. Beaucoup d'intervenants sur l'Ecole et la pédagogie se font éminemment politiques. Coluche, le comédien français, a donné une bonne définition du philosophe comme étant « celui qui passe sa vie à étudier ce que les autres ont pensé ». Depuis un quart de siècle, chaque échec pédagogique n'est expliqué ou interprété que par des faces hideuses de l'islamo-conservatisme ou de l'arabo baathisme. Jamais l'incapacité des meneurs de réformes n'est évoquée. Là où on attend des réponses pédagogiques, on est surpris par des tournures où il faut accuser son chien de la rage, pour pouvoir l'abattre comme le formule si bien l'adage. Certains événements ne se produisent que parce qu'ils sont observés. Sans personne pour les voir ils n'existeraient pas.
De quel genre est notre communauté algérienne ?
Notre société possède une religion importante, l'Islam, des mœurs, des us et coutumes, des traditions, des vertus, etc. En tant que parent d'un enfant scolarisé en Algérie, on a suivi les programmes de ses études. On n'a pas trouvé un signe négatif de ce qu'acclament certains soit disant civilisés, démocrates, laïques, progressistes, qualificatifs qu'ils se sont donnés et qui ne peuvent pas les assumer.
Sur cette terre d'Algérie et quel que soit le degré de leur émancipation à la vie moderne, la majorité de ses habitants osent-ils parler couramment des sujets de « pudeur » qualifiés par certains de « sujets tabous » ? Il ne faut pas se la jouer moderne et émancipé alors qu'on est arriéré scientifiquement et pédagogiquement. On citera quelques exemples à la volée. a. La mixité à l'Education nationale, école, collège et lycée n'est pas une idée des islamo-conservateurs. Les élèves à l'âge de la puberté, découvrant leur libido, se retrouvent garçons et filles sur les mêmes bancs. Des études sérieuses menées en Algérie et à l'Etranger ont montré les dégâts causés et les séquelles occasionnées sur les esprits frustrés. Dr. Smaïl Boulbina [1], médecin spécialiste en sexologie, affirme que la mixité est la première raison de la violence dans le milieu scolaire en Algérie.
La mixité serait également la cause du décrochage scolaire et du manque de l'assimilation chez les garçons.
b. On a été choqué par l'intervention de mon garçon âgé à peine de 11 ans, en classe de 6ième ou de la première année moyenne, suite à un cours de sciences naturelles, qui essayait de m'expliquer quand l'homme copule la femme, le spermatozoïde fécondait l'ovule qui élira domicile au niveau des trompes de la femme et dans neuf mois un joli poupon naîtra. C'est une émancipation trop rapide et une ouverture d'esprit trop large pour l'Algérien que je suis.
c. Dans une société à majorité musulmane qui a des moeurs arabo-berbères, parler du sida en général transmissible par l'homosexualité des couples ou de l'homosexualité tout-court est-il de l'islamo-conservatisme ?
Chez les monothéistes, l'homosexualité de Sodome et Gomor était suivie d'un grand cataclysme.
d. Il est vrai que les arabo-baathistes ont atteint le comble quand ils ont éliminé les caractères scientifiques universels tels que x, y et z et ils les ont remplacé par des « sin », « djim » et « yaa » et où il fallait tout lire de droite à gauche. Les caractères universels des mathématiques, de physique et chimie, les symboles et les équations sont alors écrites en caractères arabes. Les sciences sont devenues illisibles en Algérie. Nos élèves ne reconnaissaient plus un paramètre, une variable, un poids, une force, une vitesse, une accélération, une énergie, un moment, etc.
e. Faire apprendre à un lycéen de 18 ans en classe de terminale, l'ablution des morts ou la prière du mort est indispensable et vital. En qualité de musulmans, nos morts sont ablués (lavés spirituellement) et une prière doit être récitée sur eux avant d'être mis en bière. Ils ne sont pas « douchés » au Karcher. Une fois, nous n'avons pas trouvé un « prieur » qui a appris la « prière du mort », pour la mener sur le défunt.
f. La majorité des responsables de l'Education nationale qui sont succédés et leurs conseillers n'étaient pas et ne sont pas des islamo-conservateurs.
Répondre aux questions et questionnements De quel Ministère s'agit-il ? Du Ministère de l'Education Nationale. Il est important par le nombre de ses locataires, les élèves, enseignants, travailleurs et responsables. Leur nombre
avoisine les onze millions d'individus. C'est une masse qui vit, elle n'est pas inerte. Il semblerait que, quelle que soit la difficulté du problème, tout le monde puisse y apporter une solution grâce à une réflexion suffisamment longue et sérieuse. Sans importation de nouvelle pédagogie qui coute beaucoup de devises rares, faut-il faire confiance aux cadres des départements de l'Education pour élaborer un «programme pédagogique» où à la fin d'un cursus, tout élève saura lire, écrire, parler, compter et élaborer un petit programme informatique en utilisant les nouvelles techniques d'information tels que l'Internet, les langages de programmation évolués etc. ? Comment imposer aux élèves et étudiants une formation équilibrée dans au moins la langue nationale et deux langues étrangères ? Doit-on empêcher les élèves et étudiants de développer leurs connaissances pédagogique et scientifique ? Comment introduire davantage et efficacement les nouvelles technologies qui marginalisent notre pays, victime de ce qui est appelée la «fracture numérique» ? Augmenter la taille des classes, accroître la charge de travail des enseignants, recruter des personnes non ou peu formées ou sur la base de contrats qui ne leur offrent pas la sécurité de l'emploi tels les contractuels, ne risquent-elles pas de dévaloriser encore davantage la profession d'éducateur ? Comment l'éducation moderne produit-elle de grands efforts pour encourager l'esprit inventif ?
Comment se débarrasse-elle de son instinct à réprimer la créativité ? Pourquoi le baccalauréat est devenu un effet pervers ? Il est devenu un ticket parfois non payé ou non payant pour la vie universitaire. Il est donné presque gratuitement. Pourquoi n'attire-on pas les meilleurs enseignants aux lycées et aux collèges en les payant correctement et pour leurs titres, licence, master, magister et même doctorat ?
A la fin de chaque année scolaire, les taux de réussites aux examens des classes de 6ième, du Brevet de l'enseignement moyen et du Baccalauréat sont déclarés et affichés à la hausse.
Ces taux reflètent-ils réellement le niveau des études ? Pourquoi il ne peut y avoir une suite positive aux doléances de ces personnels pédagogique et administratif ? L'Ecole doit être un lieu du bien vivre. Un débat sérieux s'impose à l'Education Nationale. A l'école et en dehors d'un cours de dessin, parler des couleurs rouge(communistes léninistes staliniens ou trosquistes), vert (islamistes), noir (fascistes), bleu (droitiers et nationalistes) , blanc (pacifistes), orange (communisme U krainiens,), jaune (maoïstes ou bouddhistes) relève du politiq ued. e Kroutchev et des Moralité. Débat de la poule et de l'oeuf.
Durant la colonisation un vieux débat s'est établi dans l'école coloniale.
Les indigénophiles ont obtenu, contre l'avis de leurs adversaires, qu'on enseigne le français aux colonisés. Il s'agit néanmoins d'un français purement fonctionnel : « Nous ne voulons faire des indigènes ni des fonctionnaires, ni des ouvriers d'art, mais nous croyons que l'indigène sans instruction est un instrument déplorable de production. ». Les indigénophiles, qui se recrutent alors parmi les partis de gauche, sont d'accord avec la droite indigénophobe sur un point essentiel : « La colonisation a tout intérêt à voir le fellah devenir meilleur cultivateur.
N'est-ce pas l'indigène qui fournit abondamment au colon une main-d'oeuvre à bon marché et indispensable? » Le désaccord ne porte pas sur la fin, mais sur les moyens.
Le fellah alphabétisé est-il ou non plus rentable que le fellah analphabète ? [2]. A bon entendeur.
Conclusion
Il y a du laxisme et du manque de professionnalisme dans l'Enseignement supérieur et l'Education nationale. Quitte à le répéter, les réformes LMD et la pédagogique algérienne sont des œuvres aléatoires ou empiriques qui se sont construites au fur et à mesure, par voie
d'improvisation et de retouches successives. La faculté intellectuelle et éducative avérée des Universités et des écoles n'a jamais été plus faible qu'en ce moment. L'éducation y est donc en quelque façon médiocre. Cette situation ne doit en aucun cas être vue comme démotivante mais plutôt stimulante pour faire des efforts. Quand les flots montent, le bateau s'élève…
Références
1. La Rédaction. Le «Dr» Smaïl Boulbina met en cause à la B.N. la mixité dans la violence à l'école (vidéo). Le Matin d'Algérie, Débats, 10 mars 2017.
2. Jean-Paul Brighelli. La Fabrique du Crétin. La mort programmée de l'école. Préface de Bernard Lecherbonnier, Gallimard.
*Universitaire


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