C'est un véritable embargo sur le Qatar qui est en train d'être mis en place par les cinq pays arabes qui ont décidé, lundi, de rompre leurs relations diplomatiques avec Doha. Une véritable mise en quarantaine du petit émirat qui vise à l'étrangler économiquement, le coupant du reste du monde. L'objectif étant de mettre à genoux le Qatar pour lui imposer de payer la dîme demandée par Trump. En effet, certaines voix s'accordent à dire que les raisons de Ryad à donner une leçon à son petit voisin n'ont rien à voir ni avec un rapprochement supposé avec l'Iran, la protection du Hamas ou encore le soutien au terrorisme mais sont à chercher dans la visite du président américain, en Arabie saoudite. On affirme que Trump aurait exigé de Ryad, Doha et Abou Dhabi quelque 1.500 milliards de dollars pour leur sécurité. Les Saoudiens et les Emiratis ont commencé à payer leur quote-part, il n'en est rien pour les Qataris ce qui aurait provoqué la colère des deux autres pays. Le Républicain ne s'était pas trompé lorsqu'il affirmait, bien avant même son investiture, qu'il ferait payer les monarchies du Golfe. Quant au plan mis en place par Ryad pour asphyxier l'économie du Qatar, il a pris effet, hier, avec la suspension des vols aériens vers ou depuis Doha, annoncé par six compagnies aériennes du Golfe et EgyptAir «jusqu'à nouvel ordre», entraînant des perturbations aériennes. L'Aviation civile saoudienne a, par ailleurs, interdit aux compagnies aériennes du Qatar de survoler le royaume, ce qui devrait entraîner des déroutements, des retards et des surcoûts d'exploitation. Elle a, aussi, annulé la licence de Qatar Airways et décidé de fermer les bureaux de la compagnie «d'ici 48 heures». En vertu de cette décision, les employés de la compagnie qatarie, souvent des expatriés, se verront aussi retirer leurs permis de travail et de séjour dans le royaume saoudien. «Qatar Airways» a annoncé, de son côté, avoir suspendu, sine die, tous ses vols vers l'Arabie, les Emirats, Bahreïn et l'Egypte. Du côté de la diplomatie, Doha a appelé à un «dialogue ouvert et honnête» assurant, par la voix de son ministre des Affaires étrangères, Mohamed ben Abderrahmane Al-Thani, qu'il n'y aurait pas «d'escalade» de la part du Qatar. Le chef de la diplomatie des Emirats arabes unis a, pour sa part, réclamé «une feuille de route avec des garanties» pour pouvoir reprendre langue avec Doha, sans toutefois préciser la nature de ces garanties. Pour rétablir la situation, plusieurs pays ont proposé leurs offices de médiateurs à l'image du Koweït qui n'a pas rompu ses relations avec le Qatar. Son émir, Sabah al-Ahmad Al-Sabah, a reçu, lundi, un conseiller du roi saoudien Salmane et a ensuite appelé l'Emir du Qatar, Tamim ben Hamad Al-Thani, pour l'inviter à la «retenue». L'Emir koweitien devait se rendre, en principe, hier, à Ryad à ce propos, ont annoncé des députés koweïtiens. La Turquie, qui entretient des rapports étroits avec les monarchies du Golfe, a également prôné le dialogue. Erdogan a évoqué le sujet avec Salmane, au cours d'un entretien téléphonique alors, qu'hier, le porte-parole du président turc a indiqué que ces efforts diplomatiques «pourraient durer des semaines». Washington, quant à elle, a invité, dès lundi, les pays du Golfe à rester «unis». Rappelons que le Qatar héberge la plus grande base aérienne américaine, dans la région, forte de 10.000 hommes et siège du commandement militaire américain chargé du Moyen-Orient. Le ministre iranien des Affaires étrangères a aussi appelé, de son côté, au dialogue.