Le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) a critiqué la politique de gestion des flux migratoires notamment subsahariens en Algérie. Dans un communiqué rendu public par le parti, il est estimé que la gestion des migrants subsahariens a démontré une fois de plus «les défaillances institutionnelles». Le parti de Mohcine Belabbès, ayant tenu la réunion mensuelle de son secrétariat national ce vendredi, a dressé un tableau noir en ce qui concerne la gestion de ce dossier par les autorités du pays. Pour le RCD, l'ampleur du laisser-aller suggère que des parties au pouvoir ont délibérément poussé ces populations à se disperser dans toutes les villes du nord du pays pour susciter un sentiment de rejet. Une façon de pousser des migrants subsahariens à l'errance au moment où il fallait les regrouper et les prendre en charge dans des lieux décents et les traiter comme des réfugiés. Pour le RCD, «cette stratégie macabre doit être combattue», exigeant l'ouverture d'une enquête « pour situer les responsabilités». Les membres du secrétariat national du parti ont également dénoncé l'exploitation de ce drame humain par de hauts responsables de l'Etat à des fins électoralistes en perspective des échéances à venir. Beaucoup de contradictions et d'amalgames existent dans les déclarations de la classe politique et du pouvoir vis-à-vis de cette question. Le Premier ministre Abdelmadjid Tebboune s'est dit favorable pour l'encadrement et l'accueil des migrants subsahariens. Il a affirmé également que l'Algérie et les autorités algériennes «ne sont pas des racistes». Même son de cloche chez le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, Noureddine Bedoui qui a plaidé à son tour, pour la prise en charge des migrants sur le plan médical, social et psychologique. Même Ahmed Ouyahia, s'est prononcé sur la question, accusant ouvertement ces migrants d'être des criminels et trafiquants de drogue et responsables de plusieurs autres fléaux, en estimant nécessaire « la protection des Algériens de ce genre d'anarchie». Des déclarations qui ont été soutenues par Abdelkader Messahel, le ministre des Affaires étrangères, qui a estimé que les flux de migrants constituent «une menace pour la sécurité nationale», ajoutant qu'il y a bien des réseaux très organisés qui entretiennent et facilitent ce genre de trafic humain. Sur un autre registre, le RCD a mis en garde le pouvoir contre «l'entretien de la provocation à l'égard des organisateurs du Café littéraire d'Aokas». Le parti a chargé la députée Nora Ouali d'adresser une question écrite au ministre de l'Intérieur sur cette question. Pour le RCD «la levée de la répression et des interdictions des manifestations publiques est le seul baromètre d'une volonté d'œuvrer pour l'avènement d'une autre politique». Une politique qui doit être «conforme aux aspirations de l'écrasante majorité de notre peuple à la liberté, la démocratie, la promotion de la solidarité et de la justice», soutient encore le RCD. Au plan social, le RCD a dénoncé également les hausses de prix vertigineuses induites aussi par des interdictions d'importation de produits qui paralysent de nombreuses unités de production et pénalisent en premier lieu les petites bourses. Le RCD avertit sur les conséquences à court et moyen termes d'une politique qui consiste à abandonner toute ambition de développement et mettre en difficulté les PME/PMI dans le seul but de présenter de moins mauvais bilans comptables. Pour le RCD, le système en place a atteint ses limites. Il a de ce fait évoqué les pénuries d'eau potable qui touchent de nombreuses localités et qui révèlent, une fois de plus, les limites de la promotion d'une politique de l'offre dans un pays où le stress hydrique inhérent à sa situation géographique aurait dû dicter une gestion rigoureuse de la demande. Le parti soutient aussi que «la gestion du court terme et le populisme ont pris le pas sur une vision d'une gestion durable d'une ressource vitale et stratégique». Le RCD a évoqué de nombreuses défaillances et faillite des politiques publiques. Il cite entre autres le cas des récents incendies qui ont détruit des milliers d'hectares dans le nord du pays. Le RCD compte suivre de près l'octroi des indemnisations annoncées par les pouvoirs publics pour qu'elles ne soient pas des promesses sans lendemain.