Le président du conseil national de l'ordre des pharmaciens, Lotfi Benbahmed, estime qu'il est aujourd'hui important de mettre à niveau le système de santé «dans notre pays». Il a expliqué hier dimanche dans une intervention à la radio nationale qu'il «est fondamental de mettre à niveau notre système de santé», «notamment pour les médicaments et les prestations médicales». Le projet de loi sur la santé, qui devait remplacer celui en pratique depuis les années 1980, a été gelé au niveau du Parlement, et «renvoyé» au gouvernement lors de la dernière session parlementaire. Ce projet de loi avait été notamment critiqué par les professionnels, les médecins comme les pharmaciens, qui avaient souligné qu'ils n'avaient pas été consultés lors de sa confection. Dans le nouveau projet de loi, les biotechnologies et les nouveaux procédés de fabrication des médicaments sont pris en charge, selon M. Lotfi Benbahmed, qui a précisé qu'une «bonne partie des thérapies sont issues des biotechnologies». Sur la disponibilité des médicaments et les anciens textes régissant la présence des grands laboratoires pharmaceutiques, il a souligné que le nouveau projet de loi oblige les laboratoires pharmaceutiques à ne plus avoir seulement des représentations commerciales, ou des bureaux de liaison, mais doivent également être «producteurs» de médicaments en Algérie. «Aujourd'hui, on parle d'établissements pharmaceutiques, et cela veut dire que les multinationales ne vont plus travailler en Algérie avec des bureaux de liaison. Quand il y a pénurie, qui est responsable ? Là, les laboratoires seront engagés de fournir le médicament et il faut qu'ils soit produit en Algérie». M. Benbahmed rappelera que «la loi sanitaire consacre la production nationale de médicaments». Il indiquera que «l'Algérie a fait des pas de géant dans la production du médicament: on est passé de 5% à 50% de production», et «cette croissance, il fallait la consolider par une réglementation et une législation d'ordre international». En fait, explique le président de l'ordre des pharmaciens, «le médicament est réglementé par les bonnes pratiques, comme assurer sa traçabilité et la responsabilité pharmaceutique». Selon le PDG de Saidal, la production nationale de médicaments couvre 60% de la demande nationale. Actuellement, il y a 80 producteurs de médicaments et 40 importateurs. Sur les médicaments 'cabas'', ceux importés en dehors de la réglementation, le président du conseil national de l'ordre des pharmaciens a indiqué que «nous sommes associés à la lutte contre l'importation de médicaments frauduleux». «On ne connaît pas l'origine de ces médicaments. Il est fondamental d'assurer la traçabilité des médicaments, car il y a la contrefaçon». Selon lui, «l'informel a également touché notre secteur après avoir gangrené des pans entiers de l'économie nationale. Le ministère doit constater ces infractions et les sanctionner». Par ailleurs, Lotfi Benbahmed a souligné que «ce qui nous intéresse (dans la nouvelle loi, Ndlr) c'est que le pharmacien s'intègre dans le thérapeutique et la prise en charge des malades chroniques». Car «dans la nouvelle loi sur la santé, le pharmacien doit accompagner le malade chronique et le suivre. Le malade diabétique a besoin de conseil, de suivi thérapeutique, et le pharmacien, à travers une formation, est rémunéré pour ce type d'actes et cela permet de prendre en charge les populations de malades et de permettre à la Cnas de faire des économies d'échelle», explique-t-il encore. Il a également rappelé que la gratuité des soins ne sera pas touchée, car «le droit à la santé est assuré. Mais, ce n'est qu'un moyen, car on paie à travers nos cotisations». Pour «la nouvelle loi sanitaire, tout le monde a été consulté et nous avons proposé des amendements sur la pharmacie. Et, si la gratuité des soins est de mise dans la nouvelle loi, il faut une traçabilité», a-t-il relevé. Sur le tiers payant, Lotfi Benbahmed indique qu'il «faut revoir ses modalités. Il y a beaucoup de choses à revoir et à compléter au niveau réglementaire de ce système». Le tiers payant «est un système qui a eu un succès, car les pharmaciens ont été associés dans sa mise en place. Et là, on va proposer des amendements à travers la rémunération du suivi thérapeutique à travers le tiers payant». Sur le système de la pharmacie hospitalière, il a expliqué que «la biologie médicale était complètement absente dans la loi 85-05, alors que la pharmacie hospitalière doit être un service à part entière dans les hôpitaux». Il est important, estime-t-il, de mettre en place la pharmacie hospitalière comme «un plateau technique de l'hôpital», au même titre que les autres services. Le président du conseil national de l'ordre des pharmaciens, qui a rappelé la nécessité de mettre en place l'agence nationale du médicament, et surtout «un dispositif global sur le médicament», a évité de parler de «pénurie» de médicaments, mais de «rupture d'approvisionnements de certains produits». Il a cependant affirmé que le programme des importations de médicaments a été «ouvert très tôt cette année» par le ministère de la Santé.