Pour camoufler aux yeux de l'opinion marocaine l'échec cuisant qu'est pour la diplomatie marocaine la participation actée de la RASD au cinquième sommet Union africaine - Union européenne (UA-UE) dont les travaux s'ouvrent aujourd'hui à Abidjan en Côte d'Ivoire, le roi Mohamed VI a entrepris d'effectuer concomitamment à la tenue de ses assises une visite d'Etat dans ce pays. Aves probablement l'arrière-pensée que le faste de l'accueil que lui réservera son ami et allié le président ivoirien Alassane Ouattara éclipsera dans l'esprit de ses sujets l'inévitable et insoutenable scène de leur monarque siégeant au sommet au côté du président d'une république dont ils ont été persuadés que du fait qu'ils ont déclaré inexistante sa reconnaissance internationale n'a pas lieu d'être. Les médias marocains qui ont outrageusement entretenu leur opinion publique dans le déni de la réalité de la République sahraouie et lui ont fait croire que la diplomatie marocaine forte du soutien des capitales amies éviterait au roi un tel face-à-face, tentent grossièrement d'orienter son intérêt sur la visite royale en la présentant comme l'évènement principal qui se déroule dans la capitale ivoirienne. Il y a par ailleurs que si Mohamed VI a opté pour prendre part personnellement aux travaux du sommet ce n'est pas pour uniquement démontrer à ses pairs africains que malgré la déconvenue qu'est pour lui la participation sahraouie, il a rompu avec la politique de la « chaise vide » qui a été celle de son défunt père Hassan II. Il a probablement en calcul que sa participation et le prestige qu'il croit attaché à sa personne lui permettront d'entreprendre avec les alliés de son royaume une manœuvre de derrière minute qui aurait des chances d'aboutir à l'exclusion des assises du président sahraoui et de sa délégation. Pour cela, la connivence française ne lui fera certainement pas défaut. Tout au long des préparatifs du sommet, la diplomatie française a épaulé celle du Royaume en faisant jouer l'influence de la France en toutes ses facettes auprès des Etats africains et européens pour qu'ils épousent le point de vue marocain. Tout comme Mohamed VI, Emmanuel Macron a certainement mal encaissé l'échec de la diplomatie française et n'est pas venu au sommet pour faire contre mauvaise fortune bon gré. Il épaulera de toute évidence le souverain marocain en ce qu'il s'avisera de lancer comme manœuvre ou opération de chantage pour tenter d'obtenir l'exclusion des Sahraouis. Quitte à saborder le sommet dont le format ne convient pas à l'évidence à son pays au sens où il favorise la rupture avec le néocolonialiste schéma des traditionnelles rencontres France-Afrique qui permettait à la première citée de faire barrage à la volonté continentale de diversification des partenariats avec le reste du monde. Les intérêts des Etats étant prennes et ceux de la France n'y faisant pas exception, il est hasardeux de prêter à son président Macron d'avoir en projet une politique africaine moins néocolonialiste que celle qu'ont suivie ses prédécesseurs et ayant effectivement contribué à retarder sinon à avorter définitivement les initiatives africaines visant à mettre un terme à l'état de dépendance du continent qui est encore la sienne à l'égard de ses ex-colonisateurs.