C'est le ministre du Commerce qui l'affirme. Après avoir été tant vanté, le système des licences d'importation pour réguler le commerce et limiter la hausse de la facture des importations a été un immense bide. Une erreur de casting dont les conséquences ont fait que les déficits sont plus importants qu'avant l'instauration de ce système. Et, bien plus grave, que l'économie nationale, en particulier le secteur productif, a énormément pâti de ce système des licences d'importation au point que, et c'est visible sur les agendas des exportateurs internationaux de biens alimentaires, ce sont les groupes les moins utiles pour la production nationale qui monopolisent la plus grande partie des importations. Le constat du gouvernement est effarant: après avoir vanté les mérites du système des licences d'importation, ruiné les plans de production de milliers de PME, asséché les sources de financement de milliers de petits projets industriels, l'Etat revient sur ses pas et décrète que les licences d'importation ont disloqué non seulement l'industrie nationale, notamment privée, mais que ce n'est pas forcément un bon système pour réguler le commerce extérieur et lutter contre une facture démesurée des importations, à un moment où les recettes pétrolières ne dépassent pas les 35 milliards de dollars. Le problème dans ce fatras économique est que ceux qui décident ne savent, en réalité, pas ce qu'ils font. L'économie nationale est devenue un grand laboratoire soumis à des expériences inouïes, des volte-face à tout moment, le tout dans une mixture de lois et de décisions revues et revues à chaque année et, ce qui n'arrange pas les choses, ne font pas l'unanimité au sein même du gouvernement. Cela a un nom: une désinvolture impardonnable, pour ne pas utiliser d'autres termes moins enclins à la magnanimité, car il s'agit non seulement de la survie, mais de la sécurité du pays qui est étalée depuis trois ans sur la place publique. A vrai dire, les gouvernements successifs depuis 2014 ne savent pas quoi faire devant les paramètres simples de la crise née de la chute des cours du brut. Pour limiter la facture des importations de voitures, qui avait atteint le seuil des 5-6 milliards de dollars, on a introduit les licences d'importation de véhicules. Une mesure catastrophique qui a conduit à la mise au chômage de milliers de travailleurs, après que les concessionnaires de véhicules aient baissé rideau avec l'instauration des licences. Et, après des milliers d'emplois perdus, des projets d'investissement abandonnés, le ministère du Commerce s'aperçoit que cela n'a pas été la bonne solution et on décrète aussi facilement qu'on détruit des milliers d'emplois que ces licences d'importation n'ont pas atteint leurs objectifs. Par contre, le système des CKD et SKD, dont la facture va dépasser les 2 milliards de dollars, sans valeur ajoutée ni promesse d'une industrie automobile intégrée, encore moins de création de milliers d'emplois rémunérés, est plébiscité par le gouvernement qui va encourager une solution désastreuse sur le peu d'industrie automobile qui reste dans le pays. Bref, le secteur du Commerce donne cette impression générale qu'il est aux abois, perdu, complètement incapable d'accompagner l'économie nationale à mieux gérer cette période de crise financière, que tout le monde souhaiterait passagère, encore moins à proposer des solutions durables aux secteurs productifs. Ses mesures et contre-mesures, ses décisions irréalistes, ses constants égarements ont déjà fait des dégâts irréparables sur les secteurs industriels les plus dynamiques.