La grève des médecins résidents se poursuivra, telle est la première décision après la réunion qui s'est déroulée, mardi dernier, entre le ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière avec les représentants du Collectif autonome des médecins résidents algériens (Camra). «Le premier sentiment qui se dégage de ce rendez-vous, c'est qu'on est pas encore arrivé à des résultats probants pour décider du gel de la grève», dira, au Quotidien d'Oran, Sofiane Bensebaa, le délégué national du Camra pour Tizi-Ouzou. En grève depuis le 14 novembre dernier, les médecins résidents souhaitent que cette situation trouve une issue heureuse, indiquant vouloir des mesures concrètes de la part de la tutelle. «Si on en est là, c'est qu'on a espoir de trouver des solutions», estime notre interlocuteur pour qui «on doit légiférer tout ce qui a été dit» entre les deux parties. Revenant point par point sur les propositions du ministre, il soulignera le geste de Hasbellaoui qui avait exigé, lors de la toute dernière rencontre avec les délégués du Camra, l'arrêt de la grève comme préalable à tous pourparlers. Ainsi, et théoriquement, une commission mixte devait être installée, hier, afin de faire des propositions sur l'amendement du statut du médecin résident «à l'exception des dispositions pouvant avoir une incidence financière», selon le procès-verbal ayant sanctionné la réunion entre le ministre et les représentants des résidents. Un point positif qui n'équilibre pourtant pas le reste des propositions que les médecins estiment en deçà des attentes. A ce propos, le ministre de la Santé a exclu la révision du caractère obligatoire du service civil pour les médecins résidents, expliquant que ce service étant «le seul moyen» garantissant une couverture globale pour l'ensemble des citoyens. Devant l'intransigeance des responsables du secteur, le Camra, lui, envisage de discuter des autres points inhérents à ce dossier à l'image de la durée du service civil et des questions générales de logistique. Selon le PV de la réunion, le ministère s'est dit «favorable à la modulation de la durée du service civil, selon le tableau remis aux représentants des résidents séance tenante». Un point de divergence, là encore, puisque le Camra propose deux ans pour le service alors qu'il est officiellement compris entre un et quatre ans. Sur le point relatif à la prime liée au service civil, la tutelle a décidé l'octroi d'une prime mensuelle qui «variera entre 20.000 DA et 60.000 DA, selon les zones, à la charge des collectivités locales», précise le texte. Un autre point d'achoppement puisque les résidents estiment que les modalités d'octroi de la prime et sa valeur restent floues. «On n'accepte pas ces disparités à travers le territoire nationale», ajoute le Dr Bensebaa. Le ministère de la Santé s'engage, également, à «garantir un logement décent individuel et équipé pour les praticiens assujettis au service civil dans les wilayas du Sud et des Hauts-Plateaux», tandis que «dans les wilayas du Nord, le logement sera garanti lorsque la distance entre le domicile du praticien spécialiste et son lieu d'affectation dépasse 50 km». Si le toit est indisponible au cœur de la structure sanitaire, «le directeur est dans l'obligation de recourir à une location», précise la même source d'information. Notre interlocuteur affirme que c'est un droit élémentaire et constitutionnel et que s'il est garanti en théorie, il n'en est rien sur le terrain, s'appuyant sur les nombreux témoignages de confrères dont certains sont au chômage depuis 2011 à cause justement de l'indisponibilité de ces logements de fonction. «En l'absence de logement, on doit instaurer une prime de location», suggère encore le délégué du Camra. Pratiquement, le même constat est établi pour le regroupement familial. «On veut travailler dans n'importe quelle région du pays mais en contrepartie, on exige certains avantages pour prodiguer des soins de qualité», souligne Sofiane Bensebaa. Sur ce point, et évoquant le plateau technique, le ministère s'est engagé pour que «les affectations des spécialistes se fassent en fonction du plateau technique propre à chaque spécialité», une condition pour l'ouverture des postes. Pour ce qui est du service national, la tutelle «accorde le principe de la déduction de la période accomplie du service national de la durée du service civil», un chapitre qui charrie des «zones d'ombre» puisque des médecins spécialistes, et après avoir passé le service civil, sont appelés sous les drapeaux. «On demande à ce que ces médecins soient rémunérés selon leur compétence», suggère notre interlocuteur qui s'interroge sur le traitement réservé au corps médical qui n'a droit ni au soutien de famille ni à la dispense. «On ne veut que l'équité». Sur la question relative au droit syndical, le ministère a demandé aux résidents de s'organiser «conformément aux dispositions de la loi 90-14, notamment son article 42». Concernant le point relatif à l'ouverture du droit à l'installation d'un laboratoire polyvalent à titre privé, la tutelle «informe que cette revendication sera prise en charge dans le cadre du nouveau projet de loi relative à la santé». Le ministère informe, en outre, que «la période du service civil accomplie est comptabilisée dans le calcul de l'ancienneté pour la promotion dans le grade et les échelons». En attendant la prochaine réunion avec Hasbellaoui qui devra intervenir «lundi ou mardi prochains», les résidents sont toujours en grève reprochant au ministère de l'Enseignement supérieur son silence «inqualifiable» sur le volet de la formation.