Après la fin de la grève chez les résidents en Pharmacie, qui quittent le mouvement de protestation, entamé en novembre dernier, les médecins et dentistes résidents maintiennent toujours leurs revendications, et ne comptent pas baisser les bras. C'est en gros ce que nous a confirmé un médecin résident de Blida, alors que le statut quo demeure dans le bras de fer entre le ministère de la Santé et le Collectif autonome des médecins résidents algériens (Camra). Aucune proposition n'est venue d'un côté comme de l'autre pour dénouer une situation qui dure, alors qu'une source proche du Camra nous a indiqué que le Collectif «maintient ses revendications», dont le réaménagement du service civil, le service national ou le logement dans les zones d'affectation, dans le sud du pays dans le cadre du service civil. Le dialogue a été rompu «sine die» il y a un peu plus de deux semaines entre les deux parties, alors que le Camra a envoyé une longue lettre au Président Bouteflika, lui demandant d'intervenir pour «redonner leurs droits» aux résidents. «Nous attendons toujours des réponses claires» de la part du ministère, nous a précisé la même source, avant de rappeler la dernière lettre du Snechu (Syndicat national des enseignants chercheurs hospitalo-universitaires), en grève depuis le 27 avril, réclamant la limitation de l'activité de soins dans les CHU au service minimum et aux urgences. Là aussi, il semblerait, selon le même membre du Camra de Blida, qu'il y a une sorte de pourrissement de la situation dans le cas des Hospitalo-universitaires, qui ont appelé, dans un communiqué publié jeudi «les conseils scientifiques et les chefs de services des différents établissements hospitalo-universitaires, à réduire l'activité de soins, au service minimum et aux urgences, afin d'éviter le syndrome d'épuisement professionnel de nos collègues.» En outre, les enseignants chercheurs hospitalo-universitaires, dont le syndicat a appelé à maintenir l'arrêt de l'activité pédagogique qui dure, maintenant, depuis quatre mois, n'assurent plus de cours, ni de travaux pratiques, travaux dirigés ou examens et n'encadrent plus de soutenance de mémoire d'internat. En fait, il y a comme une sorte, actuellement, d'accalmie sur le front des discussions entre les deux parties, même si le Camra a, dans un communiqué de sa section d'Oran, fait état d'une plainte à son encontre par le directeur du CHU d'Oran. Vendredi dernier, la direction du CHU d'Oran avait annoncé avoir déposé une plainte collective, mercredi dernier, contre des médecins résidents qui avaient «empêché leurs collègues de suivre des cours dans les services de la maternité, de gynécologie et de la médecine interne». «La plainte a été déposée pour atteinte à la liberté d'autrui et violation d'un service public», souligne la cellule de communication du CHU d'Oran, dans un communiqué. Dans une réponse publiée, sur son site officiel, le Camra d'Oran s'est dit «ahuri» de ce dépôt de plainte qu'il qualifie d' «affabulation montée de toutes pièces». Dans ce bras de fer qui dure, seuls les résidents en Sciences pharmaceutiques et fondamentales ont cessé leur grève et repris leurs activités hospitalières et pédagogiques, la semaine dernière, après l'annonce de la satisfaction de leurs revendications. Dans un communiqué, diffusé lundi dernier, les représentants des résidents d'une dizaine de spécialités en Sciences pharmaceutiques et fondamentales avaient indiqué que leurs revendications, notamment l'assurance d'un emploi après les études universitaires, ont été toutes satisfaites par le ministère. «L'ensemble des représentants et après consultations des résidents en Sciences pharmaceutiques et fondamentales ont décidé de reprendre les activités hospitalières et pédagogiques, suite à la réponse du ministère de la Santé à nos principales revendications», indique le même communiqué. Le procès-verbal sanctionnant cette réunion, qui a regroupé d'une part les représentants des étudiants en Pharmacie et ceux du ministère de la Santé, indique que l'inspecteur général Omar Beredjouane et le doyen de la faculté de médecine, le Pr Bendib, «ont pris l'engagement à l'effet de garantir des postes budgétaires pour les candidats, au DEMS 2018, l'attribution se faisant par ordre de mérite, ainsi que le maximum de postes budgétaires dans les structures hospitalières d'appui du ministère de la Santé». Le même document souligne que «la possibilité d'accorder des postes budgétaires par avis favorable est maintenue». Le retrait des résidents en Pharmacie n'a pas, cependant, affecté le mouvement des médecins résidents, qui restent attachés à leurs revendications, et maintiennent la pression sur le ministère avec le gel de toutes activités hospitalières, aussi bien les gardes que le service minimum, ainsi que le boycott des examens du DEMS. Dès lors, le blocage des activités hospitalières et pédagogiques avait incité, mais sans résultats, le ministère à des mesures draconiennes pour obliger les résidents en médecine à assurer les gardes dans les CHU. D'autre part, le mouvement de grève des hospitalo-universitaires a incité certains doyens de facultés de médecine à faire appel «aux médecins de santé publique spécialistes, généralistes et à des agents d'administration pour assurer l'enseignement ou la surveillance des examens», selon le Snechu, qui estime que ces «pratiques n'honorent pas» leurs collègues doyens dont certains ont pris des «mesures d'intimidation pour briser leur mouvement légitime». Commentant ces mesures, le même membre du Camra de Blida a estimé qu' «aujourd'hui, les doyens de faculté de médecine ont été réduits à s'occuper de tâches administratives, au lieu de s'occuper de l'enseignement et la formation des médecins».