400 Algériens ont déjà été expulsés d'Allemagne jusqu'à fin août dernier, alors qu'ils étaient 504 en 2017 et 57, deux ans plus tôt. C'est ce que rapporte un rapport publié hier par le quotidien populaire Bild qui confirme que les expulsions d'Allemagne vers les pays du Maghreb sont en constante augmentation depuis 2015. Outre l'Algérie, sur les huit premiers mois de 2018, 476 Marocains ont déjà été expulsés contre 634 en 2017 et 61 en 2015. La même tendance est observée pour les Tunisiens avec 17 expulsions en 2015, 251 l'an dernier et 231 cette année. Le ministère allemand de l'Intérieur a expliqué cette courbe exponentielle par l'«amélioration de la coopération avec ces pays». De son côté, l'étude met l'accent en particulier sur «des progrès significatifs dans l'identification des personnes potentiellement obligées de quitter le pays». Ainsi, selon la même source, les trois pays d'Afrique du Nord ont désormais la possibilité d'identifier leurs ressortissants «sur la base d'un échange de données biométriques sous forme électronique» entraînant «une forte augmentation du nombre d'identifications». Rappelons que Sellal, alors Premier ministre, avait indiqué, lors de sa visite à Berlin en 2013, qu'avant tout renvoi en Algérie, «il faut naturellement s'assurer qu'il s'agit bien d'Algériens». L'ancien DGSN, lui, avait confirmé la coopération de son institution avec son homologue allemande. «La police algérienne est disposée à coopérer avec la police allemande afin de trouver une solution au problème des Algériens installés clandestinement en Allemagne», avait déclaré Hamel à l'issue de l'audience accordée au directeur général de la police fédérale allemande, Dieter Romann, précisant la nature «technique» de cette solution. La question migratoire est l'un des dossiers les plus sensibles traités par la chancelière allemande qui a été fragilisée à ce propos. Mise en difficulté dans son propre gouvernement, Merkel cherche à passer à la vitesse supérieure concernant les renvois de demandeurs d'asile originaires d'Algérie, du Maroc et de Tunisie en les inscrivant, avec la Géorgie, dans la liste des «pays sûrs». La démarche n'étant pas nouvelle, puisqu'elle a déjà été proposée et rejetée l'an dernier. Elle revient à la faveur d'une loi adoptée en Conseil des ministres du gouvernement allemand. En inscrivant les trois capitales maghrébines sur cette liste, Merkel voulait une caution politique et surtout humanitaire pour renvoyer ces contingents de harraga chez eux sans même avoir à motiver le refus d'accorder l'asile. Berlin justifie cette décision par le fait que les demandes d'asile en provenance de ces pays sont déjà quasiment toutes rejetées à plus de 99% pour la Géorgie et l'Algérie. Seuls 2,7% des demandes d'asile de Tunisiens et 4,1% des requêtes de Marocains ont reçu une réponse positive des autorités allemandes en 2017. Concernant l'Algérie, le sujet des sans-papiers algériens présents en Allemagne a été l'un des dossiers brûlants entre les deux pays, discuté au plus haut niveau de responsabilité. Lors de sa dernière visite à Alger en septembre dernier, Merkel a annoncé qu'un accord pour l'expulsion de migrants algériens illégaux établis en Allemagne (40.000 selon le Premier ministre algérien) a été trouvé entre les deux pays. La chancelière allemande avait, auparavant, plaidé l'accélération du renvoi vers leur pays des ressortissants algériens déboutés du droit d'asile en Allemagne, mais le problème qui se pose est de les détecter. Une fois arrivés en Allemagne par les filières turques et grecques, les Algériens se débarrassent de leurs papiers et essaient de se faire passer pour des Syriens ou des Irakiens pour bénéficier du droit d'asile.