Pour le ministre des Ressources en Eau, Hocine Necib, les dernières inondations enregistrées dans plusieurs villes du pays, dont Alger, sont le résultat direct du «dérèglement climatique» et du phénomène entropique, liés à l'homme, dont les constructions sur les lits d'oueds. Il a expliqué hier mercredi, à la radio nationale, que «nous sommes depuis une vingtaine d'années dans un nouveau contexte au plan météorologique avec le réchauffement climatique, et l'effet induit de la récurrence des inondations». «Nous avons enregistré plusieurs phénomènes d'inondations depuis 2001'', a-t-il rappelé, avant de souligner que «les pouvoirs publics ont engagé un programme de réalisation d'infrastructures pour assurer la protection des villes, mais jusqu'à certaines proportions, car il y a d'autres mesures à prendre à d'autres niveaux», a-t-il fait observer. Le ministre a indiqué que 600 projets sont mis en œuvre, avec une enveloppe budgétaire de 200 milliards de dinars pour le programme de lutte contre les inondations. Lors des dernières inondations des mois de septembre et début octobre, il a estimé que les infrastructures de défense et de prévention ont «joué le rôle pour lequel elles ont été réalisées. Mais, à elles seules, face à des pluies violentes, et le nouveau contexte climatique, elles doivent être accompagnées par d'autres mesures relevant d'autres secteurs». En fait, le ministre des Ressources en eau a rappelé que «nous avons mis en place depuis les années 2000 un grand programme de barrages et petits barrages, qui jouent un rôle très important dans la rétention des crues». Il a indiqué que les pouvoirs publics ont mis en place deux niveaux d'actions : «une stratégie nationale de lutte contre les inondations, menée avec la collaboration de l'Union européenne. Elle est là, et parallèlement, il faut dégager, assainir, libérer les cours d'eau.» M. Hocine Necib, qui a indiqué que «les écoulements d'eau dans les oueds sont obstrués par des obstacles, des constructions et toutes sortes d'objets», estime qu»'il faut commencer à libérer les écoulements, démolir les constructions érigées sur le lit des oueds», pour lutter contre les crues d'oueds, en plus des zones d'épandage des crues, qui sont «traversées par des réalisations d'infrastructures». «Ces actions on va les engager rapidement avec les collectivités locales dans le cadre de la stratégie nationale de lutte contre les inondations», annonce M. Necib, qui a dénoncé les «constructions sur les berges des oueds, qui ont été faites en contradiction avec la loi. Il y a aussi des bidonvilles, des décharges publiques, et nous avons décidé au gouvernement, avec le ministre de l'intérieur et les walis, de faire une grande opération de dégagement de ces oueds pour que les écoulements de pluie se déroulent normalement». Car, selon lui, «plus de 50% des inondations des villes sont dues au problème d'écoulement des oueds.» Et, à ce niveau, «la responsabilité est partagée. Il y a une situation qui est là, et il faut absolument la traiter», en plus des «facteurs entropiques, qui aggravent la situation, dont les constructions en zones inondables, et l'insuffisance des infrastructures d'écoulement des eaux». «Il y a ainsi 689 sites identifiés dans le cadre de cette stratégie, et nous allons mettre en place les instruments de prévention qui impliquent toutes les parties, dont le citoyen», a dit le ministre. La stratégie nationale de lutte contre les inondations, a-t-il détaillé, a «recensé les zones potentiellement inondables, des études ont été faites et propres à chaque site, les niveaux de vulnérabilité de chaque site, de risque, et les recommandations posent les enjeux de la protection des vies humaines, la réduction des dégâts et des coûts de remise en état, et le retour le plus rapide à la vie normale».»Il y a ainsi la mise en place de systèmes d'alerte, un réseau national d'alerte et pré-alerte, et réduire la vulnérabilité de chaque site», ajoute le ministre. Cette stratégie nationale de lutte contre les inondations sera déclinée officiellement le 25 octobre prochain devant le conseil de gouvernement, a-t-il annoncé. S'agissant des dernières inondations, qui ont affecté plusieurs villes du pays, il a expliqué qu'à Sidi Bel Abbès, «le système a bien résisté. Le système de protection a très bien fonctionné, et l'oued Mekerra a permis d'absorber une grande quantité d'eau de 400 m3/seconde. Maintenant, dans la ville elle-même, il y a eu quelques dysfonctionnements et une stagnation d'eau», a t-il dit, pointant du doigt «des problèmes liés à la propreté des lieux, et les avaloirs étaient obstrués». Après l'inondation la semaine dernière de certains axes routiers et quartiers de la capitale, le ministre des Ressources en eau a affirmé que «Alger est bien sécurisée par rapport au programme structurant dont oued El Hararch, oued Ouchayeh et oued Mkessel de Bab El Oued». Pour autant, il a fait remarquer que «les deux infrastructures, qui n'ont pas fonctionné à Alger, c'était purement accidentel, et le collecteur des Sablettes était gêné par les travaux sur la baie d'Alger. Maintenant, tous les collecteurs ont été dégagés au niveau des Sablettes, et donc dans le cas de fortes précipitations, cela va fonctionner normalement». «Pour Tébessa, il y a eu une forte pluviométrie, il y a eu le problème des oueds, et donc il faut réhabiliter les zones d'écoulement des oueds», explique le ministre. «Nous avons identifié une centaine de sites pour réduire la vulnérabilité de ces villes par rapport aux inondations», explique encore M. Necib, selon lequel «toute la région de Bab El Oued à Alger est totalement sécurisée avec la réalisation d'un grand tunnel pour évacuer les eaux pluviales de oued Mkessel.» Enfin, il a rappelé qu'il existe une cartographie des zones à risques, «une carte nationale que nous allons affiner par région et par site».