Pour Djamel Ould Abbès, la politique relève désormais du passé. Militant farouche d'un 5ème mandat du président Bouteflika, pourfendeur de tous les opposants à cette éventualité qui fait frémir l'opposition, celui qui a violé le règlement de l'Assemblée nationale en faisant «dégager» illégalement du perchoir Saïd Bouhadja a annoncé jeudi dernier sa démission. Plongeant son parti dans une autre crise interne et, surtout, donné une autre configuration à la prochaine échéance électorale. Ould Abbès, qui a multiplié ces derniers jours les interventions en faveur d'un 5ème mandat du président Bouteflika, a arbitré en même temps le «clash» entre Tayeb Louh, un des cadres du FLN, et le chef du RND et Premier ministre Ahmed Ouyahia. Avant d'annoncer pour raisons de santé sa démission surprise de la direction du FLN, Ould Abbès paraissait en pleine forme, en intervenant en faveur d'Ouyahia et en se désolidarisant de Tayeb Louh, puisque mardi dernier il avait attaqué publiquement le ministre de la Justice et militant du FLN en affirmant que «les propos du ministre de la Justice n'engagent en rien le FLN», avant de relever qu'il a agi en tant que «ministre et non comme militant du FLN». Est-ce la phrase de trop de Djamel Ould Abbès ? Quarante huit heures après ces déclarations, le fantasque SG du FLN, 84 ans, désigné après la démission d'Amar Saadani parce qu'il était le plus âgé du parti, annonce lui aussi sa démission. Laissant le FLN non pas aux mains du plus vieux militant du parti, mais au plus jeune. Mais, est-ce la raison officielle invoquée qui serait derrière son départ précipité, alors que le parti prépare les prochaines sénatoriales ? Ce n'est ni de ses habitudes, encore moins ses convictions, d'autant qu'il s'est personnellement investi pour un 5ème mandat du président Bouteflika, prenant la tête d'un mouvement de soutien des partis de la majorité présidentielle. Alors ? Démission ou mise à l'écart ? La seconde hypothèse a son «pesant d'or» et le désormais ex-SG du FLN aurait vraisemblablement trop forcé sur la dose de son soutien à un autre mandat du président Bouteflika, alors que visiblement les cercles proches du chef de l'Etat sont en train de faire freiner des quatre fers cette formidable machine politique qu'est le FLN et ses relais. La dernière apparition publique du chef de l'Etat a marqué les esprits et tous ceux qui l'ont toujours soutenu contre vents et marées. D'autant que le président lui-même reste jusqu'à présent bien discret sur ses intentions politiques par rapport à cette échéance électorale. Les hésitations du président du MPA à soutenir publiquement une 5ème mandature et les annonces fracassantes de Louisa Hanoune contre cette échéance, tout autant que les partis de l'opposition, n'étaient cependant guère audibles pour Ould Abbès qui aurait payé sa désinvolture et son manque de maturité politique par un excès de zèle outrecuidant. Et cela a fini par exaspérer tout le monde. Partisans et adversaires d'un 5ème mandat. Le départ d'Ould Abbès ouvre la voie au vrai scénario et surtout sur la feuille de route tracée pour la prochaine élection présidentielle, en particulier le très probable plan »B» dans le cas où le président Bouteflika se désisterait, pour raisons de santé, au profit d'un autre candidat qu'il cautionnera et soutiendra. Ce que visiblement l'ex-SG par intérim du FLN, devenu encombrant, n'a pas réussi à décoder et vraisemblablement le fond de la polémique entre Tayeb Louh et son Premier ministre. Ould Abbès écarté, Ouyahia désavoué, la nouvelle feuille de route pour la présidentielle de 2019 se décline progressivement.