Produit de large consommation, le café avait bénéficié durant des décennies de larges soutiens financiers de la part des pouvoirs publics. Profitant de cette nouvelle situation, plusieurs opérateurs économiques privés ont investi le secteur pour s'ériger, aujourd'hui, comme de grands importateurs de ce produit. Une panoplie de marques, algériennes et importées, est proposée aux consommateurs algériens. La torréfaction et le conditionnement du café n'ont pas échappé à l'arnaque et la publicité mensongère. Dans ce cadre, une enquête a été lancée par la direction du commerce d'Oran. 5 marques torréfiées et conditionnées localement ont été touchées par cette enquête dont les résultats n'ont pas été encore communiqués. Son objectif est de s'assurer que ce produit ne dégage aucune mauvaise odeur, ne représente aucun mauvais goût, a un taux d'humidité inférieur ou égal à 5%, ne contient pas d'impuretés et que le taux de sucre ajouté répond aux normes. En s'exprimant sur les ondes de la radio locale, le directeur du commerce a indiqué que des mesures et des sanctions seront prises en cas d'infractions. Des poursuites en justice peuvent être enclenchées. En effet, la torréfaction est un processus transformant les grains de café vert, mis à l'intérieur d'un torréfacteur automatique fermé, en grains cassants. Les transformateurs et autres distributeurs ont recours à l'augmentation du taux des additifs pour compenser le poids perdu à la torréfaction. Plusieurs infractions ont été relevées dans la production du café moulu en Algérie. L'infraction la plus importante est l'ajout de sucre dans la composition de ce produit. De son côté, le Dr Boukhari, chef de service de prévention auprès de la direction de la santé, qui a déploré l'absence de conformité concernant le taux de sucre élevé, a tiré la sonnette d'alarme sur les dangers de certains additifs du café. «Brûler le sucre génère de l'arylamine qui est cancérigène lorsqu'elle est consommée à un certain taux», explique le Dr Boukhari. Les différents producteurs ou torréfacteurs incorporent du sucre, du caramel ou de l'amidon dans l'opération de torréfaction sans l'indiquer sur l'emballage. Le décret exécutif de février 2017, fixant les caractéristiques du café ainsi que les conditions et les modalités de sa mise à la consommation, exige de mentionner toutes ces caractéristiques. Dans le même décret, le gouvernement exige aussi le respect du taux d'acrylamide, cette substance chimique toxique et cancérogène. En dépit du risque, les fabricants n'hésitent pas à torréfier le café en même temps que le sucre, une méthode qui produit cette substance dangereuse. L'Association algérienne pour la protection et l'orientation du consommateur et son environnement (APOCE) a indiqué que plus de 84% des marques commercialisées en Algérie ne sont pas conformes à la législation. L'APOCE a fait savoir que ces marques de café ont été soumises par son association à trois laboratoires algériens différents, dont les analyses ont concerné le taux de sucre additionnel dans le café et son étiquetage réglementaire concernant douze marques de café produites localement. Les résultats des analyses ont démontré que sur les 12 marques analysées, cinq contiennent un taux de sucre « satisfaisant » du point de vue sanitaire (-3%), cinq autres ont été décrites comme «acceptables» (autour de 3%) et deux ont été citées comme des «tromperies» (10 et 14%). L'APOCE a appelé les propriétaires des deux marques, parmi les plus commercialisées sur le marché national, à se conformer à la législation sous peine de citer leurs noms lors de prochaines analyses, qui seront effectuées durant les trois (3) prochains mois.