Le malaise est visible et l'impasse politique plus que jamais palpable alors que le pays doit se préparer à une présidentielle qui devient de plus en plus incertaine. Le silence sur une candidature du président et, surtout, les attaques en règle contre le Premier ministre et chef du RND, soupçonné de se positionner dans le cas d'un forfait pour raison de santé du candidat du FLN, ne trompent pas sur la soudaine complication de la situation politique du pays. Le départ soudain et précipité du SG du FLN, qui avait fini par exaspérer tout le monde en pressant le chef de l'Etat de briguer un 5ème mandat alors que sa santé ne lui permettrait pas cette éventualité, expliquerait que la situation est devenue ingérable pour tous ceux qui espéraient aller vers un 5ème mandat, même par délégation. Mais, apparemment, un plan alternatif à un possible forfait du président Bouteflika ne semble pas avoir été prévu. C'est dans ces circonstances délétères que sont intervenus les appels du pied du président du MSP de reporter cette échéance politique, ainsi que la proposition étonnante du président de TAJ, un des partis de l'alliance présidentielle, d'une conférence pour le consensus national avant la présidentielle d'avril prochain, quand il n'exprime pas l'opinion des partis proches du pouvoir de revoir l'agenda politique du pays. L'option d'un report de l'élection présidentielle, un moment qualifiée de farfelue, est devenue une réalité, puisque TAJ, envoyé en éclaireur tâter le terrain de l'opposition qui est restée bien silencieuse, n'a pas dit non à la proposition de son ex-partenaire au sein du MSP. Bien plus, jamais la proposition des islamistes du HMS n'a été écartée ni dénoncée, même par Ould Abbès quand il était au fait des affaires du FLN. C'est une sorte de voie alternative à la tenue de cette élection présidentielle que les partis et les cercles proches du président Bouteflika sont en train de mettre en place le scénario. Sinon comment expliquer un retour sponsorisé d'Abdelaziz Belkhadem au sein du FLN, le départ énigmatique et soudain d'Ould Abbès et, surtout, que la présidentielle ne soit plus devenue pour l'un des quatre partis de l'alliance présidentielle, TAJ, une priorité, mais celle d'une conférence pour le consensus national qui, elle, est «une priorité» ? Un consensus national, pourquoi, autour de quoi, qui ? Aujourd'hui, le silence d'Amara Benyounès, leader du MPA, alors que le FLN, le RND et TAJ avaient appelé M. Bouteflika à briguer un 5ème mandat, prend beaucoup plus de consistance. Le chef du MPA, au vu de l'état de santé du chef de l'Etat, savait qu'il n'y aurait pas une candidature à un 5ème mandat et ne voulait, dès lors, participer à une tricherie politique qui est en train de rattraper ses partisans. Le forcing est donc réorienté vers le report de l'élection présidentielle de 2019, avec l'appui des soutiens à un 5ème mandat. Ce qui serait catastrophique pour le pays et ses institutions, sa stabilité à un moment de grand stress économique avec une profonde crise financière. Autrement, la conférence du consensus national à laquelle a appelé TAJ serait, fatalement, de dégager une personnalité chargée d'assurer une période de transition. Pour autant, le flou bien entretenu autour de cette présidentielle et le candidat des partis de la majorité plonge le pays dans une situation politique inédite où, à trois mois et demi de l'échéance, il n'y a pas de préparatifs, encore moins de candidats officiels.