C'est une cacophonie inédite et particulièrement angoissante quant à l'avenir du pays et la prévention de menaces potentielles qui rythme les intentions politiques des uns et des autres quant à la tenue de la prochaine élection présidentielle. Par l'incongruité de certaines positions, de certaines déclarations, c'est même devenu le sujet de préoccupation autant de la classe politique que du corps électoral qui devrait être convoqué au mois prochain. En fait, un épais nuage plane sur cette élection présidentielle, dès lors que l'opposition soupçonne les partis de la majorité de temporiser et de préparer un scénario invraisemblable, celui du report. Après les attaques en règle contre le patron du RND, présenté et pressenti par la classe politique, même au sein de l'opposition, comme l'outsider de M. Bouteflika en cas de retrait de celui-ci, il y a eu ces appels étranges d'un des partis de la majorité à la tenue d'une conférence nationale du consensus pour discuter de la poursuite des réformes engagées par le président Bouteflika. Une proposition accompagnée par une seconde qui voudrait qu'il y ait un report de l'élection présidentielle sous la forme d'une «continuité» du mandat du président. Un scénario qui semble avoir été inspiré par la proposition du MSP qui voudrait, lui, qu'il y ait ce report pour éviter l'émergence d'une crise majeure dans le pays, fragilisé politiquement, économiquement et socialement. Pour le président du MSP, il y a péril en la demeure, et si cette élection se tient, elle reconduira le même personnel politique par la grâce de «la fraude», et prévient contre «la dangerosité des ambitions personnelles au détriment de la stabilité et de l'avenir du pays». Une position violemment attaquée par une partie de l'opposition regroupée au sein du mouvement «Mouwatana» qui évente les intentions du pouvoir de saisir au vol la planche de salut du MSP et estime que «la prolongation du mandat présidentiel est tout simplement un attentat à la morale, à l'Etat de droit, à la démocratie et aux intérêts stratégiques du pays». Au RND, par contre, on reste serein et il n'est pas question de report de cette échéance électorale pour laquelle il y a eu déjà une révision des listes électorales. Le RCD laisse quant à lui la porte entrouverte et ne prend pas franchement position, même s'il insiste sur le respect des échéances. Quant aux déclarations de l'ex-président de l'APN Abdelaziz Ziari, elles auraient encore étouffé de rage quelques alliances au sein des partis de la majorité, celles qui travaillent pour un report de l'élection présidentielle sous l'habile habillage de «la continuité». Pour Ziari, en effet, seul le chef du RND Ahmed Ouyahia est en mesure de briguer la relève du président Bouteflika, du moins au sein du personnel politique de la majorité. Une manière comme une autre d'augmenter la pression sur les tenants du report de la prochaine présidentielle. Dans ce méli-mélo politique, une chose est sûre: le respect des apparences et même de la Constitution semble avoir été déserté. Car l'avenir immédiat du pays dépend justement de la tenue de cette élection.