Les solutions manquent cruellement à cette situation d'impasse politique à la veille d'un rendez-vous électoral majeur. L'élection présidentielle ne creuse pas seulement l'écart entre le pouvoir et l'opposition, ce qui est naturel. L'échéance enfonce les divergences à l'intérieur même de l'opposition. L'invitation du mouvement Mouwatana dans les débats confirme de la manière la plus claire que les partenaires d'hier n'ont plus rien à partager à présent, ni même à l'avenir. Il serait difficile d'imaginer les Makri, Djilali Soufiane et Mohcine Belabbas s'asseoir autour d'une table pour discuter d'un projet commun. Le camp est plus que jamais divisé. S'en prenant indirectement à l'initiative du chef du parti islamiste qui réclame le report de la présidentielle «pour une année», le temps de réaliser le consensus, Djilali Soufiane a, dans un communiqué au nom de Mouwatana, estimé que «proposer une prolongation à vie au régime moribond au motif que celui-ci est dans l'embarras est tout simplement trahir l'espoir d'un changement que les Algériens appellent de tous leurs vœux». Et de qualifier Makri de «faux opposant» qui enlève le masque en proposant, toute honte bue, de «faire l'apologie de la transgression de la Constitution». Immédiatement, le président du MSP ne mâchera pas ses mots, relevant une différence entre «ceux qui font de la politique avec leur tête», parlant donc de lui-même et «les autres qui la pratiquent avec leurs caprices et leurs pieds», dans une allusion à Djilali. Makri accuse les partis de ce même camp qui ne comprennent pas que «le pouvoir a besoin de l'opposition durant cette période pour reporter l'élection en échange de réformes politiques et de garanties pour limiter la fraude», d'être «responsables de la destruction du pays». La critique visait aussi le président du RCD, Mohcine Belabbas, qui s'est opposé au report de l'élection présidentielle, soutenant que c'est une démarche qui «va donner la possibilité aux dirigeants actuels de gérer le pays de manière illégale et pour une durée sur laquelle on n'a pas d'emprise». C'est dire que les attaques ont atteint un stade où il n'y a presque plus d'espoir de voir ces leaders de l'opposition partager un quelconque projet. Pourtant, il s'agit des trois chefs de partis qui, il y a quelques années, étaient la locomotive de la Coordination pour les libertés et la transition démocratique (CLTD), puis de l'instance de concertation et de suivi (ICSO). Leur objectif était donc d'imposer le changement de manière pacifique en amenant le pouvoir à négocier une période de transition. Aujourd'hui, chacun tire de son côté, ajoutant plus de flou à la scène politique déjà difficile à décrypter en raison du manque d'horizons. Ni le pouvoir n'a dévoilé son projet bien que ses partis parlent de «continuité», ni l'opposition n'a présenté une alternative sérieuse qui capte l'attention des Algériens. Les solutions manquent cruellement à cette situation d'impasse politique à la veille d'un rendez-vous électoral majeur. Le fossé qui se creuse entre acteurs de l'opposition est d'autant plus aggravé par le silence, pour le moins «complice» de certains partis traditionnels, à l'image du FFS et du PT. Des formations politiques qui répètent que la présidentielle n'est pas encore dans leur agenda. Comme si la vocation d'un parti politique n'était pas de confirmer sa présence aux grandes échéances pour défendre auprès des citoyens ses propositions. Même Ali Benflis, président de Talaie El Hourriyet qui, à moment donné, était plus que ‘'bavard'' – si l'on ose l'expression -, a paradoxalement disparu des radars. A-t-il compris que sa carte était morte ? En tout cas, au sein de l'opposition, l'on n'est toujours pas en mesure de proposer un seul projet porté par une personnalité qui fait le consensus. Et quel que soit le scénario de la prochaine présidentielle, ce sera encore une fois un rendez-vous raté pour l'opposition.