Le Conseil des ministres de jeudi dernier a abordé la question de la corruption en adoptant un projet de loi complétant la loi de 2006 relative à la prévention et à la lutte contre la corruption afin de mettre la législation en concordance avec la Constitution révisée en 2016 qui a codifié et enrichi les missions de l'Organe national de prévention et de lutte contre la corruption. Si en théorie les textes existent en Algérie, le problème de la lutte contre la corruption reste exclusivement celui de l'absence d'une volonté réelle des pouvoirs publics de passer à l'action et de sévir contre des responsables impliqués, hauts placés dans la hiérarchie. Le fait de ne pas célébrer officiellement la Journée internationale de la lutte contre la corruption, coïncidant avec le 9 décembre de chaque année, accentue un peu plus le clivage existant entre discours d'intention servis à la louche et une réelle politique préventive contre ce fléau. Le nouveau texte de loi énonce notamment, pour se conformer avec les recommandations onusiennes «la protection légale des dénonciateurs de faits de corruption, y compris au niveau de leur environnement professionnel». Une donnée qui pourrait encourager les lanceurs d'alerte et surtout les protéger, connaissant le sort de certains d'entre eux qui ont été simplement broyés par l'Administration quand ils ne sont pas traînés devant les tribunaux. La lutte contre la corruption, action citoyenne à la base, reste pourtant à risque en Algérie «tant que l'on continuera à réprimer les dénonciateurs de la corruption», analyse l'Association algérienne de lutte contre la corruption (AACC). L'exemple le plus édifiant est celui de Mellouk Benyoucef devenu un véritable cas d'école d'une Algérie qui envoie ses lanceurs d'alerte au bûcher. Dénonçant les faux combattants, sa vie a pris la couleur de l'enfer. Son combat qui restera épique a fait des émules mais tous ont été poursuivis, licenciés de leurs postes et poursuivis pour diffamation. Pourtant, en face, l'Etat n'oublie pas ses cadres gestionnaires qui demeurent protégés par les dispositions du code de procédure pénale qui subordonne l'ouverture de toute information judiciaire au dépôt d'une plainte par les organes sociaux de l'entreprise ou de l'administration ayant subi le dommage. Le pays continue toujours de truster les mauvaises places et le classement annuel de Transparency International (TI) sur la corruption dans le monde, épingle l'Algérie à la 88e place sur 168 pays. Une étude de l'ONG anti-corruption, basée à Berlin, montre que 26% des sondés algériens estiment que la corruption a augmenté en 2015.